C’est une question qui revient chaque été de la part d’un certain nombre d’entre vous : comment je me prépare pour ma toute première rentrée en tant que professeur ? C’est une question que se posent les professeurs stagiaires (PES ou EFS) mais aussi ceux qui n’ont jamais eu de classe à eux parce qu’ils étaient remplaçant jusque-là, par exemple.

J’avais déjà rédigé un article exposant ma façon de faire pour préparer une année scolaire mais celui-ci était plutôt général. Je me retrouve donc à réécrire plusieurs fois les mêmes conseils à de nombreux stagiaires (en étoffant pas toujours assez d’ailleurs) sur les réseaux sociaux. Il était temps que je rédige un article un minimum structuré pour essayer de vous aider.

Vous ne trouverez pas, ici, d’information sur le CRPE ou sur l’année de master 2 en elle-même, car je n’ai pas passé le même concours, ni suivi la même formation. Pour le CRPE lui-même, je vous conseille le site « objectif prof » des éditions La Classe.

Je ne suis pas maitre formateur à l’heure actuelle et ne suis pas experte en formation de professeurs donc ce que je dis là est à prendre avec le recul qui s’impose et peut-être parfois mal formulé (comme pour le reste du blog, d’ailleurs). Si vous êtes formateur, je serais ravie de profiter de votre expérience au moyen de commentaires (en bas de l’article). Votre intervention aidera les jeunes enseignants qui passeront par là. C’est aussi valable si vous n’êtes pas formateur mais avez envie de réagir ou de poser des questions !

Une année de stage bien singulière

Un grand besoin d’énergie

Il faut le dire : vous n’allez pas être épargné côté travail. Vous avez deux missions à mener de front : faire classe en vous construisant votre identité de professionnel et vos outils tout en réussissant à valider un master. Rien que ça ! Parfois, vous aurez l’impression que vos collègues pensent que vous avez du temps libre à revendre quand vous n’êtes pas à l’école (ils sont heureusement peu nombreux à le penser véritablement) et que vos professeurs d’ESPE pensent que vous n’avez que leurs cours à travailler.

Ce qui est sûr, c’est que vous allez avoir besoin d’énormément d’énergie ! Donc, la première chose à ne pas perdre de vue pendant votre préparation, c’est que vous devez absolument penser à vous. Inutile de passer toutes vos journées et soirées à rédiger mille et un documents si vous arrivez épuisé le jour de la rentrée. Vos élèves ont besoin de vous disponible, en pleine possession de vos moyens cognitifs et émotionnels. Vous ne pourrez pas stocker d’énergie mais vous pouvez au moins ne pas arriver épuisé. Ce n’est pas secondaire : c’est essentiel. Tous vos efforts, toutes vos préparations, toutes vos représentations et résolutions s’effondreront bien vite et s’avéreront inutiles si vous n’êtes pas au meilleur de votre forme.

Vous allez aussi avoir besoin de prendre soin de vous durant toute l’année et ce ne sera pas évident : préparez-vous à vous ménager des temps pour vous-même. Quand vous serez un peu plus avancé dans l’année, la lecture de l’article « Conseils aux professeurs des écoles qui débutent » pourrait vous intéresser.

Votre identité professionnelle

Autre particularité de votre première année : vous devez être un professeur dès que vous mettez un pied dans votre école alors que vous allez vous construire cette identité et la faire évoluer en enseignant. Vous devez être ce que vous n’êtes pas encore tout à fait. Quel paradoxe ! Vous allez donc devoir réfléchir en profondeur à ce que vous pensez devoir être, faire et dire en tant que professeur tout en acceptant l’idée que cette image évoluera et que la réalité n’y collera pas forcément.

Préparez-vous à faire preuve d’indulgence et de bienveillance à votre égard : cette même bienveillance que vous adresserez à vos élèves, il faudra apprendre à vous l’appliquez (et ça, c’est souvent beaucoup plus dur !). Vous avez le droit de vous tromper autant que vos élèves, vous avez le droit d’apprendre, de cheminer. Nous le faisons tous (et nos élèves n’en sortent pas traumatisés : ouf !).

Etre en accord avec soi-même

On vous aura surement dit que le professeur « doit faire ceci », « ne doit pas être comme cela », « doit parler de telle façon », « doit se tenir ainsi ». Et si vous avez sans doute rejeté certaines de ces injonctions (parfois contradictoires), d’autres sont venues imprégner la représentation que vous vous êtes construit de vous-même en tant que futur professeur. J’ai entendu dire des collègues dire « Je ne dois surtout pas sourire la première semaine » ou encore « Il faut que je serre la vis très fort, quitte à relâcher un peu du mou ensuite » ou plus simplement « Un professeur des écoles n’utilise jamais de langage familier ».

Commencez par rayer toutes les expressions du type « je dois », « il faut », « toujours », « jamais ». Vous pouvez plutôt dire « je peux », « j’aimerais », « il est possible de », « parfois », « dans certains cas », « le plus souvent » et vous vous approcherez déjà un peu plus de la réalité.

Il faudra cependant aller plus loin ! Quel est le propre des élèves en difficulté (notamment de comportement) ? C’est qu’ils pourront vous mettre en difficulté, vous, par exemple en faisant tomber le masque que vous vous étiez constitué. Alors le plus efficace, c’est peut-être de ne pas porter de masque (ou le moins souvent possible). Il ne s’agit pas non-plus de dire que vous devez être aussi spontané et familier qu’avec votre meilleur ami d’enfance. Toutefois, vouloir aller contre votre nature ne vous aidera pas et vous mettra probablement en difficulté tôt ou tard, élèves difficiles ou pas. Cela ne servira en rien ni votre bien être, ni votre épanouissement professionnel (et personnel).

Un petit exercice pour faire le point

Pensez au professeur idéal, celui que vous pensez devoir ou vouloir être. Je ne vous dirai pas, moi, ce que doit être un professeur. Chacun se construit son identité avec ce qu’il pense être le plus pertinent, efficace et juste. C’est le but de cet exercice.

01

Listez les caractéristiques du professeur

Listez toutes les caractéristiques de ce professeur.

02

Surlignez en vert ce qui vous correspond

On parle ici de ce qui vous correspond totalement, de votre personnalité « au naturel » (pas en tant que professeur mais en tant que personne).

Par exemple, si vous avez écrit « être organisé » et que tout est soigneusement rangé et étiqueté chez vous, que vous pratiquez le bullet journal depuis des années et que vous pensez toujours à faire votre déclaration d’impôt dès la première semaine de l’ouverture des serveurs, vous pouvez surligner en vert.

03

Surlignez en jaune ce qui n’est pas trop éloigné de vous

Si vous avez écrit « se tenir droit » et que vous savez que vous avez un peu tendance à vous avachir quand on ne vous regarde pas mais que vous n’êtes pas non plus du genre à trainer des pieds et à vous promener les mains dans les poches, le jaune peut être la couleur à choisir.

04

Reformulez les proposition restantes (ou éliminez)

Enfin, ne vous embêtez pas à surligner les propositions qui restent, barrez-les (proprement, qu’on puisse relire !). Essayez, en-dessous ou à côté, de modifier ou reformuler ces propositions pour qu’elles semblent plus réalistes et plus en accord avec vous-même.

Par exemple, si vous notez « Ne pas faire de trait d’humour. », remplacer par « Ne pas faire de trait d’humour sans s’assurer qu’il a été correctement compris. » semble plus réaliste.

05

Surlignez à nouveau

La dernière étape consistera à reprendre avec votre surligneur jaune et vert ces nouvelles propositions. L’idée, c’est de ne garder que ce qui est possible et de ne rien s’imposer qui soit trop contraire à votre être profond.

Petit bonus : vous allez pouvoir reprendre ce document durant l’année ou en fin d’année pour constater tout le chemin parcouru !

Dans le livre « Bien dans sa classe, bien dans sa tête » de D.Adad et P.Bihannic aux éditions Retz, vous trouverez l’exercice « Tout commence par la fin » (p.68) qui peut compléter celui-ci et vous aider grandement !

Vos qualités

Vous allez arriver dans une école qui, la plupart du temps, n’a pas demandé à avoir un collègue débutant. Certains y verront une source d’enrichissement car les jeunes enseignants sortent tout juste de formation, sont théoriquement à la pointe de ce qui se fait en matière de pédagogie et ne manquent ni d’énergie, ni de motivation. D’autres seront peut-être plus méfiants, parfois à cause d’une expérience malheureuse. A l’extrême inverse, il existe parfois (mais peu souvent) une défiance de ces petits jeunes « surdiplomés » mais apparemment sans expérience qui débarquent chaque année en pensant peut-être tout savoir. Les parents eux-mêmes, parfois, ne souhaitent pas voir leur enfant dans la classe d’un professeur débutant (ce qui ne les empêchera pas de vous remercier en fin d’année quand ils auront découvert quel professeur vous êtes !).

A l’heure actuelle, vous n’avez probablement qu’un vague aperçu de ce qui vous attend et vous ne savez pas quel sera le climat qui baignera votre première année. Connaitre ses qualités, ses points d’appui, est alors essentiel. Cela vous aidera à être plus sûr de vous, à savoir reconnaitre ce dont vous êtes capables et à vous attribuer le mérite qui est le vôtre. Or, il est beaucoup plus simple de faire la liste de ses défauts que de ses qualités.

Vous appuyer sur vos qualités et vos valeurs

Vous pouvez vous pencher sur les exercices du livre « Bien dans sa classe, bien dans sa tête » de D.Adad et P.Bihannic (aux éditions Retz) page 35 et 36 concernant vos qualités et vos valeurs.

L’écoute pour s’améliorer

Par contre, je crois aussi qu’il est important de reconnaitre que vous n’êtes qu’au tout début de votre carrière. Il arrive que les compétences acquises par l’expérience soient tout aussi valables et efficaces que celles que vous avez acquises durant votre formation. Il n’est pas rare non plus qu’on soit surpris, interloqué voire choqué par une façon de faire ou par des propos. N’oubliez pas que vos collègues sont professeurs depuis des années et si cela ne leur donne pas raison pour autant, il se peut qu’il y ait de très bonnes explications à ce qu’ils font.

Il vaut mieux ne pas se fermer et il me semble essentiel de ne pas juger (en espérant qu’on vous rende la pareil mais sur ce point, vous n’avez pas le plein contrôle). Évident quand on le dit, quand on le lit, mais pas toujours dans la pratique.

Ne perdez pas non plus de vue que vous allez vous améliorer ! Cela signifie que tout ne sera pas parfait, ni cette année, ni la suivante, ni toutes celles qui suivront à vrai dire. Parfois, on se sent presque agressé dans son identité professionnelle et on peut être tenté de se défendre avec virulence (ou pleurer). On peut vouloir se mettre en avant, se protéger à coup de « je sais » ou ne plus rien dire et faire le dos rond. En tout cas, on n’est plus dans une posture d’écoute.

Peu importe les intentions de ceux qui vous feront des remarques et suggestions, vous pouvez décider de ce que vous en ferez. Ecouter, réfléchir, rejeter ou adapter (voire adopter) puis éventuellement répondre ou agir. Notez que ce n’est pas forcément facile, j’ai moi-même parfois un peu de mal sur ce point.

Oubliez un peu ce que vous voyez et entendez ailleurs

Vous pouvez vous inspirer mais une bonne fois pour toute :

  • Non, votre classe n’a pas à ressembler à une jolie classe Instagram aménagée par une décoratrice d’intérieur en herbe. La plupart des classes n’y ressemblent pas et parfois, la pédagogie se perd en route.
  • Non, tout n’est pas parfait dans la classe du collègue même s’il dit ne jamais avoir ni de problèmes, ni de difficultés.
  • Non, vous n’avez pas l’interdiction de hausser le ton, de vous fâcher ou d’être moins en forme à certains moments (même si on vous dit que « crier » signifie « reconnaitre qu’on a échoué »). Vous n’avez pas non plus l’obligation de punir à tour de bras ou de crier pour vous faire respecter.
  • Non, tous vos élèves ne réussiront pas forcément à obtenir le niveau attendu en fin de niveau selon les programmes ou le comportement attendu à l’école malgré tous vos efforts (ce qui n’empêche pas de donner ce qu’on peut, évidemment).
  • Non, vous ne serez peut-être pas parfaitement juste et équitable en toute occasion : parfois vous regretterez une décision ou une autre, mais vous saurez sans doute l’admettre avec humilité, apprendre de cette expérience et réparer votre erreur.
  • Non, vous n’avez pas l’obligation de monter un projet pharaonesque qui englobe la totalité des apprentissages en combinant le meilleur de la pédagogie Montessori, de la pédagogie Freinet, de la classe inversée et des ouvrages anglo-saxons et québécois si inspirants (cela dit, vous pouvez essayer, évidemment !).
  • Non, vous n’avez pas l’obligation d’être à la pointe de la mode avec une classe flexible, des ateliers et centres d’autonomie, si vous n’êtes pas à l’aise avec cette façon de faire. Vous aurez le temps d’expérimenter, plus tard, ce qui vous tentera.
  • Non, vous n’avez pas l’obligation de dilapider votre premier salaire dans des ballons de gym, des galettes, des lecteurs MP3, des casques, une tablette, des jeux en bois, une plastifieuse, un sac en cuir de maitresse, des plantes vertes ou des stickers et tampons pour vos élèves (par contre… si ça vous fait plaisir… aucun jugement !).
  • Non, vous n’avez pas l’obligation de créer tous vos supports vous-mêmes et d’inventer de A à Z toutes vos séquences. Si vous piochez dans un ouvrage ou un blog, vous ne serez pas en tord et vos élèves n’apprendront pas moins bien !
  • Non, vous n’avez pas l’interdiction de faire des séquences « traditionnelles » ou de faire un peu de frontal de temps en temps (même si vous préféreriez éviter, on le sait bien !).

Et la liste pourrait être longue. Mais en bref, l’idée est de se défaire des injonctions qui pèsent sur vos épaules et constituent souvent une pression bien plus importante que celle du master et de vos formateurs et que vous vous imposez bien souvent à vous même. La plupart des enseignants cherchent toute leur vie à s’améliorer sans jamais avoir le sentiment d’être arrivé au mieux de ce qu’il est possible de faire.

La préparation concrète

Bien, et maintenant, que faites-vous ? Surtout, surtout, ne commencez pas par préparer pas toutes vos séquences jusqu’à octobre ! La plupart du temps, c’est du temps perdu. Voici ce que je vous conseille à la place, parce que je sais très bien que vous ne voudrez pas passer l’été à vous reposer, n’est-ce pas ? Vous le mériteriez sans doute, mais je le comprends.

Approfondir les programmes pour les rendre plus opérationnels

C’est la première étape. Certes, vous avez vu et revu les programmes. Certains les connaissent même par cœur. Mais cette fois-ci, vous allez les relire autrement. Cette fois-ci, vous connaissez votre classe et votre niveau. Vous allez donc faire du tri, transformer, rendre concret. C’est aussi ce qui vous fera gagner un temps fou lorsque vous préparerez votre classe et vous permettra de discuter de vos choix pédagogiques lors des échanges avec vos formateurs.

Pensez à demander s’il y a des programmations de cycle dans votre école si vous le pouvez. Sinon, il va falloir soit trouver des modèles (qu’on trouve dans des ouvrages comme « une année en grande section » des éditions Nathan ou sur de très nombreux blogs), soit sélectionner ce que vous pensez devoir faire à votre niveau (c’est plus facile en début ou fin de cycle).

Une fois ce tri effectué, listez les compétences en les reformulant et en les décomposant.

« Résoudre des problèmes orthographiques » va devenir une liste explicite de « problèmes orthographiques » très précis : « Réaliser l’accord sujet/verbe au présent, à l’imparfait et au futur simple dans des phrases simples où l’ordre sujet/verbe est respecté (non-interrogative) ». Comme ce sont des notes, n’hésitez pas à abréger la formulation (« accord S/V au présent, imparfait et futur avec ordre S/V respecté » par exemple).

Dans un second temps, face à chacun de ces éléments : vous pouvez lister les types d’exercices ou tâches que vous pourriez utiliser. Vous pouvez aussi écrire le nom du manuel ou de la méthode que vous choisissez de suivre. Vous pouvez même écrire le nom d’un jeu, d’un atelier ou d’une séquence présente sur un blog !

Toujours dans notre exemple, vous pouvez écrire : « exercices du manuel, transposition, dictées, productions d’écrits autonomes avec consigne, textes libres », rituel. Certains exercices pourront correspondre à plusieurs items.

Choisir des méthodes et ses supports

En général, la classe est déjà équipée en manuels, en fichiers, en cahiers. Demandez au titulaire du poste ce qui est à disposition. La plupart des manuels et fichiers peuvent être consultés gratuitement en ligne.

Si vous ne pouvez pas savoir, si ces supports ne vous correspondent pas et si vous souhaitez investir, préférez peut-être des méthodes qui ne nécessitent pas de nombreux achats. On retrouve notamment chez Retz de très nombreuses méthodes clés en mains ou les fiches peuvent être imprimées à partir d’un CD-Rom, ce qui vous permettra de réaliser des fichiers grâce au budget photocopie qui vous est attribué (vérifiez que vous en avez un). Je pense par exemple à la série « Réussir en grammaire« , « Réussir en orthographe« , « Réussir en vocabulaire« , « Réussir en production d’écrits » ou encore « La grammaire au jour le jour » (éditions Nathan) ou « Structurer le vocabulaire« .

Surtout, n’investissez pas trop avant d’avoir pris votre classe en main (ces livres sont souvent revendus d’occasion, d’ailleurs). Vous pouvez aller voir dans certaines librairies pour feuilleter ces ouvrages ou demander à votre circonscription s’ils prêtent des livres.

Construire son emploi du temps

Petite parenthèse programmes avant de passer aux programmations : l’emploi du temps. L’avantage de le faire à ce moment :

  • Vous connaissez le volume horaire dédié aux disciplines.
  • Vous avez une vue d’ensemble sur les programmes et savez donc à peu près quelle proportion accorder à tel ou tel champ.
  • Vous saurez mieux de combien de temps hebdomadaire (et donc par période) vous disposez pour un apprentissage.
  • Vous saurez mieux si vous décidez d’adopter tel ou tel rituel pour renforcer tel ou tel apprentissage.

Pour construire cet emploi du temps, je vous conseille vraiment de lire mon article « exemples d’emplois du temps sur quatre jours » (même si vous êtes à quatre jours et demi). J’y parle des différents temps d’attention des élèves, du rythme de la journée mais aussi de ritualisation et de régularité. Car oui, plus votre emploi du temps est simple et régulier, mieux vous vous y repérerez, plus vous serez à l’aise avec la gestion du temps. Et pour les élèves, c’est aussi beaucoup plus structurant et rassurant !

Là encore, privilégiez un support qui se modifie très facilement car, dès la prérentrée, vous devrez sans doute réaliser des ajustements : partage des locaux pour l’EPS, la musique, les arts, intervenants éventuels à anticiper, sorties ou projets d’école ayant lieu tôt dans l’année, etc. Je vous conseille un fichier Excel (ou n’importe quel tableur). Vous pouvez voir mon emploi du temps modifiable ici ou utiliser Teetsh : une plateforme en ligne.

Hors-série élémentaire
Hors-série élémentaire

Chaque été, les éditions La Classe sortent un hors série avec des dizaines d’exemples d’emplois du temps, de programmations et de projets. Existe aussi au format numérique.

 Hors-série  maternelle
Hors-série maternelle

Pour l’école maternelle : emplois du temps, programmations et projets. S’agissant d’un cycle très particulier, c’est un numéro bienvenu ! Au format numérique également.

Créer des progressions et des programmations

Pour cette première année, les progressions vous seront vraiment très utiles. Il s’agit non pas de planifier mais de mettre en ordre. Certaines compétences sont des prérequis à d’autres. Il vaut donc mieux les travailler en amont. Par contre, certaines compétences sont plutôt indépendantes que d’autres. Il s’agit d’inventer un parcours qui semble cohérent. Si vous le prenez tout fait, vous risquez de ne pas réussir à en faire un outil opérant et de ne pas toujours comprendre ce que vous faites.

Cela dit, gardez en tête que votre cheminement ne sera pas linéaire et que les élèves ne suivront assurément pas tous le parcours que vous aurez tracé. Il s’agit juste de se construire une vision d’ensemble cohérente et structurée pour mieux vous adapter ensuite.

Grâce à cet ordre, vous allez pouvoir vous constituer un premier jet de programmation. Il est rare qu’un enseignant ne modifie pas sa programmation en cours d’année, c’est encore plus rare quand on débute et il me semble peu pertinent de s’acharner à suivre sa programmation quand elle ne correspond pas aux élèves. Il vous faudra donc un document avec lequel vous êtes à l’aise et que vous pourrez modifier aisément et rapidement.

Je vous propose un document modifiable dans l’article présentant les programmations de CE2 que j’avais faites il y a quelques années. Il est très pratique car aisément modifiable et ajustable. Il suffit de fusionner des cellules et d’écrire dedans : c’est très rapide, synthétique et lisible. Ce document vous donne une très bonne vue d’ensemble.

Chaque fin de période, vous pourrez faire le point sur ce qui a été fait ou non et ajusterez votre programmation en fonction. Une collègue imprimait les programmes et rayait au fur et à mesure ce qui était fait. Cela dit, je crois que les nouveaux programmes (2015 et 2018) sont peut-être un peu moins pratique pour ce faire.

J’essayerai de vous donner un autre exemple avec mes programmations de maternelle qui sont sous un autre format mais qui permettent de faire le point proprement et facilement. Je ne promets pas de date de publication par contre.

Planifier ses deux premières semaines

Ça y est, vous allez pouvoir enfin entrer dans le vif du sujet. Ne perdez pas de vue que c’est le travail en amont qui est essentiel ! A partir de maintenant, c’est presque du bonus. Si vous devez au moins préparer vos deux premiers jours, vous pouvez aller plus loin mais ne dépassez pas les deux semaines : vous aurez beaucoup trop d’ajustements à réaliser sinon, donc ce sera du temps perdu.

Par contre, je me souviens que lorsque j’étais PES, il n’y avait pas deux formateurs qui demandaient le même cahier journal. J’aurais tendance à vous déconseiller d’imprimer une trame en trente-six exemplaires pour l’année : vous risquez fortement de devoir en changer. Deux possibilités s’offrent à vous :

  • Vous écrivez simplement le déroulé de votre journée sur une feuille simple ou dans un carnet sans trop vous tracasser pour la mise en page. Vous verrez cela plus tard.
  • Vous explorez internet en cherchant de multiples exemples et en croisant les sources pour vous constituer un premier outil que vous maitrisez et que vous n’aurez aucun mal à modifier plus tard.

Car oui, attendez-vous à changer beaucoup de choses : certains formateurs vous demanderont de signaler les éléments du programme, d’autres ceux du socle commun, d’autres les objectifs et d’y ajouter le but de l’élève. Certains exigeront de séparer activité de l’élève et du professeur, d’autres voudront à tout prix voir apparaitre les pistes de différenciation et remédiation. Certains voudront que tout cela apparaisse dans un cahier journal très détaillé, d’autres se contenteront d’une référence vers la fiche de prep’ ou le guide du maitre concerné.

En bref, vous ne pourrez probablement pas avoir le cahier journal et la fiche de prep’ « idéale » aux yeux de ceux qui vous évaluent avant de connaitre ces derniers et de connaitre leurs exigences. Pour le moment, n’écrivez que ce qui vous est utile, ce sera déjà bien !

Vous trouverez un exemple de journée de rentrée dans mon article de 2017 mais aussi un jeu de cohésion sur le thème des pirates (type escape game).

Des supports pour s’organiser

Le carnet de bord (ou cahier de la maitresse)

Devenu un incontournable sur la toile, vous trouverez des dizaines de « carnet de bords » (dont mon carnet de bord 2019/2020). Pour autant, il vaut mieux éviter d’en imprimer intégralement un sans compléter ni rien retirer. Certaines pages vous seront utiles, d’autres non. Vous aurez du mal à trouver un outil sur mesure, parfaitement idéal pour votre situation, d’autant qu’elle est assez spécifique.

La plupart des carnets de bords intègrent un cahier journal. C’est aussi le cas du mien. Le problème, c’est que le format que je vous propose ne correspondra probablement pas à ce qui vous sera demandé. Cette partie ne sera donc pas à imprimer tout de suite. Attendez d’avoir rencontré vos formateurs et de leur avoir demandé leur avis sur la question.

Le bullet journal

Je ne le dirai jamais assez : le bullet journal a changé ma vie. Alors oui, je n’ai absolument pas le temps de le faire à la main, pas même de faire des petits coloriages et tout juste d’y coller quelques stickers. Mais ce n’est pas ce qui fait du bujo un incontournable : ce qui est important, c’est d’y noter et d’y programmer tout ce qu’on doit faire ! C’est un peu le cahier journal de ce que doit faire l’enseignant : les preps, les lectures, les rendez-vous, les deadlines, les étapes d’un projet mais aussi, pour ma part, tout ce qui relève du privé, afin de ne rien oublier.

Moins vous avez de choses à mémoriser, plus vous serez efficace. Parfois, j’ai des petits moments de flottement où je ne sais plus trop ce que je dois faire (corriger les cahiers du jour ? les fichiers ? imprimer les fiches de géographie ?). Grâce à mon bullet journal, j’évite d’oublier mais je gagne aussi en performance tout en diminuant ma charge mentale.

Cette année, je compte même pousser le vice jusqu’à établir des routines dans le domaine privé : ménage, cuisine, courses, lectures, sport, etc. Ne sous-estimez pas l’importance de vous organiser (même hors travail) et de vous décharger l’esprit pour tenir sur le long terme. Je pense que ça a grandement participé à m’épuiser durant mon année de PES (à l’époque, nous avions notre classe à 75% et 25% de formation mais le master était déjà en poche).

Mon bullet journal à imprimer

Il s’agit uniquement d’un bullet journal. Il est assez basique mais a l’avantage d’être relativement modulable puisque vous pouvez choisir les pages à imprimer. Vous trouverez, en complément, des intercalaires à imprimer et des autocollants.

 Le bullet agenda de Marina
Le bullet agenda de Marina

Marina, du blog « Mais que fait la maitresse », a créé un bullet agenda entièrement pensé pour nous, les professeurs. On y trouve aussi de nombreux conseils qui vous aideront durant l’année scolaire. Un outil qui peut remplacer carnet de bord et bullet journal.

 L'agenda de ParentsProfs
L’agenda de ParentsProfs

Autre alternative, il s’agit cette fois-ci d’un agenda mais lui aussi pensé pour les professeurs. Vous y trouverez donc aussi des pages spécifiques au métier. Comme le bullet agenda de Marina, il peut s’agir d’une alternative au carnet de bord et au bullet journal.

Le carnet de notes ou carnet d’inspiration

Je pense vraiment que c’est un outil incontournable mais je dois aussi avouer que je ne l’utilise pas toujours avec régularité. Mon précédent carnet d’inspiration est devenu un carnet d’autoformation.

Le carnet d’inspiration est un carnet dans lequel vous allez noter toutes les idées qui vous viennent. Cela vous permet de stocker toutes ces idées ou sources d’inspiration, de ne pas en perdre la trace, mais de ne pas devoir les garder en mémoire (toujours cette fameuse charge mentale qu’on cherche à réduire). Chaque fin de période, vous pouvez vous fixer un nouvel objectif en cherchant à approfondir un point, monter un projet ou tester une nouvelle pratique.

Peut-être est-ce cet outil que vous allez le plus remplir durant cet été. Vous pouvez lister les blogs qui vous semblent intéressants, les livres à lire, lister vos questions (et chercher leurs réponses si c’est possible ou les réserver pour votre formateur), réfléchir à un ou deux projets. Votre travail préparatoire sur les programmes et progressions peut très bien s’y trouver.

Quand vous passerez à la préparation d’une séquence, vous pourrez jeter un œil dans ce carnet, relire vos notes sur le sujet et vous lancer en fourmillant d’idées et en ne manquant pas de supports potentiels.

Pour résumer

Prenez soin de vous, pensez à vous et reposez-vous. Restez en accord avec vous-même et constituez-vous votre propre identité professionnelle. Défaites-vous des injonctions trop pesante et apprenez à faire preuve de bienveillance à votre égard. Cherchez à vous améliorer sans pour autant perdre de vue toutes ces qualités que vous possédez et qui sont autant de points d’appuis.

Faites un travail de fond, sur les programmes, sur la pédagogie, lisez, soyez curieux, fouillez, explorez, recherchez mais n’allez pas préparer vos séquences jusqu’aux vacances de la Toussaint. Préparez vos propres documents de travail, que vous maitrisez et que vous saurez modifier avec aisance car vous allez aussi devoir faire preuve d’une extrême souplesse durant cette première année.

Et surtout, n’oubliez pas pourquoi vous vous êtes lancés dans cette aventure, dans cette carrière, dans cette mission. Vous connaitrez des moments de doute, des moments difficiles, mais ce sont des choses qui passent. Les bons moments, eux, resteront gravés à jamais dans vos mémoires. Je vous souhaite de vivre plein de belles choses !

J’ai réussi le CRPE… et maintenant ?

C’est le titre du livre de Danièle Adad, qui est formatrice mais qui est aussi une personne particulièrement bienveillante avec une merveilleuse énergie. Pour être tout à fait honnête, je ne l’ai pas lu, mais je n’ai aucun mal à vous le conseiller, tout simplement parce qu’il est écrit par quelqu’un de compétent et édité par Retz, un éditeur que j’apprécie pour la qualité de ses publications.

24 réflexions sur “Préparer sa première rentrée : PES, EFS, stagiaires, néotitulaires”

  1. Un article clair, complet ! Je n’ai pas grand chose d’autre à rajouter pour être honnête.
    BIENVEILLANCE, RESPECT ET CONFIANCE ENVERS SOI-MÊME surtout … Et beaucoup de cafés !

    1. Merci pour ton retour. N’oublions tout de même pas qu’un café (ni même un thermos de café) ne remplace pas une bonne nuit de sommeil (dit-elle un café à la main) !

  2. Merci pour cet article qui me rassure pour ma première rentrée en tant que PES! Pour le cahier journal, est-ce que vous avez déjà testé edumoov? Bonne fin de vacances

    1. Je n’ai testé qu’edulivret et ça ne me correspondait pas, même si je comprends que d’autres y trouvent leur compte. Pour le cahier journal edumoov, je n’y connais pas grand chose car je n’ai jamais testé. Cela dit, je n’investirais pas tout de suite. C’est toujours la même histoire : il faut d’abord savoir si cette plateforme peut correspondre aux exigences de tes formateurs. Car oui, c’est un support pour soi avant tout, normalement, mais c’est aussi un support qu’inspectent tout particulièrement les formateurs.

  3. Alary-Sarrasin

    Chère Ayleen,
    Merci pour les conseils, la clarté des propos, la qualité de ton site et ta bienveillance.
    Reconvertie à 44 ans mais avec une expérience de professeur d’histoire-géo de 4 ans (CAPES) il y a 20 ans, stoppée pour raisons familiales, je suis pourtant perdue dans ma programmation d’une classe double niveau. Le fait de devoir partager mon temps avec un binôme me paralyse. Je n’arrive pas à rendre concrets les éléments du programme. Alors j’avoue, j’ai consulté les « méthodes » dont certaines me parlent, me correspondent et me permettent de m’épargner. Je me dis que je pourrai construire mes propres séances plus tard, ou réajuster les fiches des méthodes choisies en fonction de la classe au fur et à mesure. Pour l’heure, je ne visualise pas les activités à mettre en place pour chacun des items… mais je vais être bienveillante moi-même.
    Ton site est une réelle source d’inspiration ! Merci mille fois.

    1. Tu as parfaitement raison ! Je ne me suis pas étalée sur la question mais il n’y a vraiment aucune honte à ne pas faire soi-même ! Pour ma part, à l’IUFM, on m’avait appris que les blogs, c’était mal, mais aussi à décortiquer les méthodes pour y voir toutes les mauvaises choses qu’on y trouve. Du coup, je faisais tout moi-même. Double effet négatif : je m’épuisais et ce que je faisais n’était pas, avec le recul que j’ai aujourd’hui, vraiment très intéressant. Il y avait de bonnes choses mais il manquait une connaissance précise et profonde en didactique la plupart du temps, ce qui rendait les choses moins efficaces qu’elles auraient pu l’être si j’avais suivi une bonne méthode. Les deux années suivantes, je m’y suis contrainte alternativement en maths et en français. Que de découvertes ! Que de choses apprises ! Bonne première année de PE à toi donc ! Ne t’inquiète pas, tu prendras vite tes marques, même si ton expérience précédente est très différente, théoriquement, de ce que tu vas vivre dans quelques jours.

  4. Merci beaucoup pour cet article ! Je n’ai pas l’habitude de commenter les articles de blogs (c’est la première fois que je le fais en fait ^^) mais le tien est tellement différent de tout ce que j’ai pu voir sur le sujet que je me suis sentie obligée de te le faire savoir !
    En tant que PES c’est vraiment réconfortant de lire ce genre de chose… Depuis que j’ai commencé à préparer mon année je traîne beaucoup sur les blogs et les groupes facebook mais ça m’amène systématiquement à remettre en question tout ce que j’ai préparé! Car je ne peux pas m’empêcher de me comparer et me dire que ce que font les autres est « plus original » ou « laisse plus de liberté aux élèves » ou « prends mieux en compte les intérêts des élèves » etc etc… Internet est une merveilleuse ressource mais ça peut aussi être déroutant pour un débutant de voir autant d’idées géniales, on se dit qu’on arrivera jamais à faire aussi bien!
    Donc merci de nous rappeler qu’on ne peut pas êtres parfaits et qu’il faut faire de son mieux 🙂

    1. Tu feras aussi bien, ne t’inquiète pas ! Pas tout le temps… mais les blogueurs non plus… Seulement on ne va pas perdre de temps à partager notre séance toute classique et vue mille fois sur le pronom personnel sujet qui, en plus, n’a pas super bien fonctionné, n’est-ce pas ? L’image est faussée, nous ne sommes pas aussi fantastiques qu’il y parait. Tu m’aurais pour collègue, dans la classe d’à côté, tu dirais peut-être que je suis sympa, ou alors que je suis bizarre, dans la lune ou que sais-je, mais tu ne te dirais probablement pas que je fais partie des blogueurs que tu trouves pourtant si fantastiques sur internet parce que la vérité est que nous sommes des profs ordinaires, motivés certes, mais pas plus que la plupart au fond !

  5. Merci pour cet article (même si je ne suis plus débutante depuis un bon moment !!).
    Quand je vois sur les réseaux sociaux, des stagiaires ou T1 qui investissent des fortunes dans des ballons de gym et autres accessoires estampillés classe flexible ou Montessori sans être vraiment au clair sur leur pratique de classe, je me dis que ton article est salutaire 😉

    1. Merci ! Je crois en effet qu’il y a un discours limite « dangereux » qui circule, où certains vont même jusqu’à se vanter de dépenser plusieurs centaines d’euros de mobilier pour leur classe ou en déco, etc. Les PES s’engouffrent là-dedans alors que leur salaire n’est peut-être pas le plus haut, au détriment de leurs besoins, de leurs plaisirs (même si une belle classe c’est un plaisir) et parfois même au détriment de leur pratique de classe. Introduire ballons et autres « gadgets », ce n’est de loin pas se faciliter la tâche en matière de gestion de classe !

  6. Merci beaucoup pour cet article ! Ça décomplexe, ça prépare, ça rassure… bref un bon outil avant de préparer moi-même mes outils ! 😉 En tant que future PES, je vais tâcher de me fixer un cap avant la rentrée prochaine ; celle-ci sera assurément chargée et certainement pas comme les autres…

    1. Surtout, vise réaliste, faisable, simple. Tu complexifieras (ou pas) plus tard. Bon courage pour cette première année qui sera assurément riche en émotions.

  7. ORDRONNEAU CECILE

    Un immense merci pour tous ces conseils. J’ai découvert votre blog en préparant le CRPE , maintenant qu’il est en poche je compte bien m’en inspirer pour mon année de stage … et les suivantes.
    Bravo pour votre générosité !!

  8. J’ai réussi le CRPE 2020 et je vais avoir des CE2 à la rentrée. Ton blog est une vraie mine d’or !! Merci pour le travail et les conseils que tu partages, c’est précieux !

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