Ca m’est arrivé, une fois : n’avoir aucune idée d’où je serai à la rentrée. D’ailleurs, mon affectation avait même changé à 17h, jour de la prérentrée ! Tout est possible… Les postes les plus probables : poste fractionné pour compléter des temps partiels, poste à l’année sur une classe ouverte récemment, suite à un mouvement de dernière minute ou une direction restée vacante (ce sera théoriquement peu probable qu’on vous propose la direction à moins que vous ne soyez formé), remplaçant (encore que, vu le peu de postes de remplaçants, ils sont souvent déjà tous pris). Comment se préparer alors et mettre à profit ces vacances pour ne pas être débordé ensuite ?

Je ne vais évidemment pas vous proposer une recette miracle mais je peux vous donner quelques conseils qui m’ont bien aidée.

Pas de pression et du repos

Vous n’êtes pas responsable de la situation et vous ne serez pas responsable des conséquences (qui se limitent à de la fatigue, de l’inconfort, un sentiment de courir après le temps, etc.). Vos élèves n’en seront pas affectés sur le long terme : on peut tout à fait prendre sa classe au pied levé, c’est juste très épuisant et, au début, moins riche d’un point de vue de l’épanouissement professionnel je trouve. Les élèves, quant à eux, ne remarqueront probablement pas la différence. Vous pouvez donc mettre de côté la culpabilité et l’éventuelle pression que vous vous imposez peut-être.

Là, ce dont vous allez avoir besoin, c’est d’arriver reposé (sans « dette de fatigue »), motivé, prêt à relever les défis qui vous attendent. Donc profitez de vos vacances, profitez de ne pas savoir et donc de pouvoir plus librement mettre de côté l’école. Vous aviserez (et vous y arriverez) le moment venu.

Quelques lectures

Les programmes

Vous ne pourrez pas lire tous les programmes, encore moins les maitriser. Toutefois, si vous n’êtes pas tout à fait au point sur les attendus de fin de cycle, cette lecture peut s’avérer utile. Comme il ne sera pas possible de tout lire, il faut choisir (d’autant qu’une lecture sans se projeter dans une classe ou un projet est rarement efficace). Je dirais donc que bien lire les programmes de français et mathématiques des cycles 2 et 3 sera suffisant.

A la rentrée, vous aurez le temps de voir avec les collègues les éventuelles programmations de cycle dans les autres disciplines et vous pourrez mettre à profit les deux premiers weekends pour préparer la suite, avec des programmations plus précises dans la plupart des matières. Et, honnêtement, si pour une année débutée au pied levé vous faites votre programmation à l’année d’arts, d’anglais et d’EPS pendant les vacances d’octobre, ce n’est pas très grave : visez déjà la première période.

Je ne dis évidemment pas que ces matières sont moins importantes mais que les programmations sont moins centrales que dans des disciplines où la quantité à aborder est plus importante. En arts, en anglais et en EPS, je trouve que la qualité des séquences jouera d’avantage et dans ce domaine, je vous conseille de trouver des outils clés en mains.

Pourquoi ne pas inclure le cycle 1 ? Il est très particulier, les « disciplines » n’existent pas vraiment et les domaines sont peu cloisonnés. Je ne saurais pas dire quelle partie lire plus qu’une autre mais je sais assurément (car je m’étais retrouvée parachutée en maternelle cette année d’affectation problématique) qu’on peut tout à fait faire une voire deux semaines sans être parfaitement au point sur les programmes : (re)devenir élève, respecter les règles de prises de parole, développer le langage oral, l’écoute, la compréhension, se repérer dans l’espace, réaliser quelques activités simples en motricité, etc. occuperont bien les premières semaines.

Repérer des méthodes

Vous ne pourrez pas créer des outils sur-mesure dès les premiers jours. Heureusement, il y a plein de professeurs qui ont écrit des méthodes testées en classe. Vous pouvez donc essayer de repérer quelques méthodes qui pourraient vous être utiles.

Comme vous ne savez pas ce que vous aurez à disposition en classe, certains critères me semblent intéressants à garder à l’esprit :

  • les méthodes par cycle permettent d’être plus flexibles et réutilisables les années suivantes ;
  • les méthodes sans manuels (avec photocopies ou vidéoprojection) sont plus économiques ;
  • les méthodes qui n’exigent pas une collection de cahiers différents pour une même discipline (cahier du verbe, cahier de collecte, cahier d’entrainement, cahier d’évaluation, etc.) ;
  • les méthodes à petit prix sont à considérer (que ce soit votre argent ou celui de la mairie, vous achetez pour une seule année probablement) ;

Très honnêtement, j’aime beaucoup les méthodes de Retz à cet égard. Pour une vingtaine d’euros, on a des outils clés en mains, réutilisables à l’infini et de qualité ! Il y a bien sûr les célèbres « Réussir en grammaire », les best sellers « Dictées et histoire des arts », la méthode « Enseigner l’Anglais à partir d’albums » (cycle 2 ou 3), mais aussi des livres moins connus comme « Enseigner autrement les grandeurs et mesures (cycle 3) » qui pourrait être utile à bien des collègues en postes fractionnés, la collection « Montessori pas à pas », ou encore la collection « Histoires à écrire » qui est merveilleuse en production d’écrits, etc.

En Anglais, en littérature et en musique, je vous conseille aussi le travail (en autoédition) de Sylvie Hannot (auteure de « Enseigner l’Anglais à partir d’albums ») : « The Méthode », « The littérature », et « Ecoute the cinéma ».

Enfin, en maternelle, j’ai pioché dans la collection « Une année en… » (petite section, moyenne section, grande section, etc.) des éditions Nathan. Plus couteux, mais complet (toutes les matières y sont), c’est un bon point de départ pour commencer sur un niveau qu’on ne maitrise pas du tout. Petit à petit, on s’en détache ensuite et on arrive à faire les choses à sa façon.

Inutile d’acheter immédiatement, ayez simplement en tête les références : vous pourrez essayer d’emprunter ces livres ou les commander le jour où vous saurez où vous êtes et pour combien de temps.

Quelques préparatifs

Constituer des bases d’emploi du temps

Ne sachant pas où vous serez, vous ne savez donc pas les horaires, les jours, les matières éventuellement. Vous ne pouvez donc pas créer d’emploi du temps. Pourtant, en partant du plus fréquent, vous pouvez vous créer des bases par niveau que vous adapterez rapidement le jour où tombera votre affectation. J’avais proposé des exemples d’emploi du temps pour tous les niveaux du CP au CM2 dans un article dédié. En partant de cette base, il ne me faut pas plus d’une heure ou deux pour adapter mon emploi du temps et avoir une base pour les premières semaines.

Vous ajusterez ensuite dans l’année, comme le font la plupart des professeurs, même nommés bien en avance !

Les deux premiers jours

Cette année, nous commençons un jeudi et c’est une chance pour vous (parce que vous enchainez avec le weekend pour retomber sur vos pieds). Mais même en commençant un lundi, ce conseil est valable. Préparez-vous une journée de rentrée type et le lendemain pour tous les niveaux. Vous trouverez plein de journées type sur les blogs avec des activités qui fonctionnent pour plusieurs niveaux. Par exemple, l’activité de la phrase collective de ma journée de rentrée de 2016 peut se faire du CE2 au CM2 sans problèmes. Le jeu de cohésion sur le thème des pirates a été pensé pour des CE1/CM1 et pourra être utilisé dans tous les niveaux du CE1 au CM2 (un peu facile, peut-être, pour des CM2).

De cette façon, que vous soyez sur une classe à l’année, un poste fractionné ou même en remplacement d’urgence sur ces premiers jours de rentrée, vous aurez quelques activités de prêtes et deux jours déjà organisés et clairs. Cela vous permettra de ne pas avoir à gérer trop de choses à la fois. Certains collègues sont parfois nommés la veille de la rentrée au soir alors cette petite préparation n’est pas du luxe.

Et si vous voulez aller plus loin ?

Si vraiment vous voulez en préparer un peu plus – mais ce n’est vraiment pas obligatoire – pourquoi ne pas préparer un « mini-projet » ? Il s’agirait d’un projet sur une semaine ou deux, qui pourrait autant être utilisé en poste fractionné qu’en remplacement ou sur un poste à l’année. Vous pouvez partir d’un album ou d’une thématique et vous constituer une « mallette » avec des activités en lien, dans plusieurs domaines disciplinaires, avec des variations pour plusieurs niveaux. Cela dit, attendez-vous à ce que ce travail puisse ne pas être utilisé cette année : on ne sait pas de quoi sera fait votre année ! Au pire, ce travail sera utile une autre année.

S’aider d’un livre

Je ne saurais que vous conseiller, ensuite, de vous appuyer sur des auteurs pour préparer votre année scolaire. Si l’article du blog « préparer son année » peut vous aider, les livres « Une rentrée sereine en élémentaire, ça se prépare » et son pendant « Un rentrée sereine en maternelle, ça se prépare » pourront vous être très utiles pour gagner en efficacité !

5 réflexions sur “Que préparer quand je n’ai pas d’affectation ?”

  1. Merci infiniment pour cet article qui m’a aidé en cet été sans affectation ! Le stress est retombé et je me sens mieux 🙂

  2. Stéphanie BRIOLANT

    Magnifique blog que je découvre ! Merci pour tous les conseils, les tutos et cet article 🙂
    Je suis engagée en temps que contractuelle, avec quelques « formations » cet été, pour une école inconnue et un niveau inconnu… alors oui je commence à préparer dans un flou total ! Cependant, j’avais misé en priorité sur math et français pour tous les cycles et Nathan pour la maternelle 😉
    A suivre…

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