Dans le cadre d’un projet de prévention contre les pratiques à risques des adolescents, quelques classes (de cycle 3) de ma circonscription ont bénéficié d’un projet visant à développer les compétences psychosociales. Si prendre confiance en soi, apprendre à débattre, à résister, à résoudre des problèmes, à faire preuve d’esprit critique (etc.) sont des compétences qui peuvent aider les élèves à éviter de tomber sans certaines addictions, ces compétences sont aussi essentielles pour leur bien-être, leur développement et leur apprentissage.

Aussi, déjà convaincue par le livre « Développer les compétences psychosociales » de Laure Reynaud aux éditions Retz, j’avais décidé de renforcer ces compétences psychosociales, d’encourager leur développement. Aussi, quand on m’a proposé de tester quelques jeux (de mon choix) sur les émotions grâce à Didacto, je ne vais pas vous cacher que j’ai foncé sur l’occasion.

Les compétences psychosociales, qu’est-ce que c’est ?

Ce sont des compétences transversales, liées au bien-être psychologique et social. Elles sont au nombre de dix, parfois réunies par paires ou rassemblées en trois grands domaines :

Compétences sociales
  • Communication verbale et non-verbale
  • Empathie
  • Capacités de résistance et de négociation
  • Coopération
  • Plaidoyer
Compétences cognitives
  • Prise de décision
  • Pensée critique et auto-évaluation
Compétences émotionnelles
  • Régulation émotionnelle
  • Gestion du stress
  • Auto-évaluation et auto-régulation

Jeux, émotions et estime de soi

J’ai déjà pu tester des séances ou des séquences visant à expliciter ou développer les compétences psychosociales. Elles présentent souvent un intérêt mais les élèves les plus méfiants observent leur aspect parfois « trop scolaire » avec suspicion. Ils ne rentrent pas forcément dedans. Ils se contentent parfois de donner ce qu’ils pensent être « la bonne réponse », « la réponse attendue ». Ils n’osent pas lâcher prise, être « eux-mêmes » sereinement. Ils conservent une certaine réserve qui les freine dans le développement des compétences psychosociales et l’expression de leurs émotions.

Les jeux sont alors un atout précieux. Les élèves y voient avant tout l’amusement, même quand on leur explique la raison de cette activité. Ils sont souvent entre pairs, donc plus détendus. L’adulte peut quant à lui aisément se placer en retrait, observer ses élèves et leurs interactions.

Jeux testés

J’ai pu tester trois jeux, mais deux me semblent vraiment se démarquer en cycle 3 (ou fin de cycle 2, quand les élèves sont suffisamment lecteurs).

Didacto, partenaire des écoles

Didacto, c’est une entreprise et un site internet propose des dizaines (centaines ? je pense) de jeux et de supports de manipulation pour des enfants et élèves allant à la crèche jusqu’en CM2. J’aime beaucoup les sélections faites par thématiques, la variété et la richesse du catalogue. Parce que je connaissais déjà Didacto avant ce partenariat, je peux affirmer que c’est un partenaire fiable.

Bonne nouvelle : vous pouvez payer par mandat administratif, donc vos achats pourront aussi passer sur votre commande de classe !

« Totem » pour découvrir ses qualités

Elève lisant ses cartes du jeu Totem.

Pour faire une belle première page de notre portfolio, je voulais que mes élèves fassent une production artistique unique, qui leur ressemble. Mais les laisser libre ne suffit pas toujours et je l’avais déjà fait pour leur cahier de travail personnel. Aussi, j’ai pensé à une séquence assez simple : les élèves jouent à Totem en groupe, se voient attribuer un animal totem et une qualité, et partent de là pour réaliser leur production artistique.

Les élèves ont donc pu jouer à Totem en classe et, malgré (ou grâce à) une mécanique de jeu très simple à comprendre, ils ont adoré ! Ils m’ont demandé pourquoi on ne faisait pas plus souvent des jeux comme ça. Pour comprendre le jeu, c’est assez simple : un élève est choisi dans le groupe et les autres reçoivent sept cartes avec un animal (et la description d’une qualité associée). Ils doivent choisir la carte qui, selon eux, représente le mieux l’élève « cible » puis un débat est lancé pour choisir l’animal totem de ce dernier parmi la sélection faite. On reproduit ce fonctionnement pour choisir une carte parmi les cartes qualités.

Je crois que ce qu’ils ont adoré, c’est d’avoir droit à ce moment où toute l’attention est portée sur leur personne, de façon globale et pas uniquement scolaire. Ils ont apprécié qu’on décrive leurs qualités et ont parfois découvert, avec surprise, qu’on leur prêtait des qualités qu’ils ne se connaissaient pas.

Je vous montrerai les productions des élèves quand ils les auront complètement finies. Pour le moment, c’est encore en chantier.

« Affinity » pour parler des émotions

C’est un jeu assez amusant qui, cette fois, est en lien avec la production d’écrit et la lecture littéraire (et même l’étude de la langue !). Il s’agit d’un jeu coopératif où tout le monde gagne ou tout le monde perd. C’est déjà un bon point selon moi.

Les élèves doivent construire une phrase à partir des cartes piochées appelées « début », « milieu » et « fin » (et qui correspondent en fait à « groupe sujet », « groupe verbal » et « complément de la phrase », d’où le lien possible à faire avec l’étude de la langue). Cette phrase doit retranscrire une émotion indiquée par une autre carte (« carte émotion » cette fois) et les autres membres du groupe devront deviner de quelle émotion il s’agit pour gagner.

Ce qui est intéressant, d’abord, c’est qu’il ne s’agit pas de dire « telle phrase exprime nécessairement telle émotion » mais plutôt de s’interroger sur l’intentionnalité de l’auteur. Ce jeu permet de mettre en avant que tout le monde ne ressent pas les mêmes émotions face à une même phrase. Les élèves doivent d’ailleurs en débattre et leurs échanges sont intéressants une fois qu’ils se prêtent au jeu.

J’apprécie justement le lien que l’on peut faire avec la lecture et la compréhension. Je fais donc transférer ces constats lors de nos lectures, par exemple celle du « Feuilleton d’Ulysse » tous les matins.

Les élèves vont aussi débattre, parler de leur ressenti, de leurs émotions, oser en parler librement là où, parfois, cette thématique est presque tabou, relevant de l’intime à ne jamais dévoiler. C’est encore un point fort du jeu.

Ajoutons que les phrases produites peuvent être très drôles, le vocabulaire est parfois un petit peu familier mais pas vulgaire. D’ailleurs, les émotions sont « beau », « fun », « glauque » et « triste ». Il a donc d’abord fallu « traduire » ces « émotions » qui n’en sont pas vraiment pour expliquer ce qui se trouve derrière.

Pssst… il y a aussi le jeu « Feelings » qui me fait de l’œil mais il est en rupture pour le moment (et ce, un peu partout). J’espère pouvoir le tester l’année prochaine !

6 réflexions sur “Des jeux pour parler des émotions et développer l’estime de soi”

  1. Marie-Laure

    super !! merci pour ces explications, je pense pouvoir l’utiliser avec des cm2 , dans une classe où je suis en remplacement jusqu’au 15 juin et depuis 1 mois…

  2. Poger Visse

    Bonjour, merci beaucoup pour ce partage. J’ai mon budget de classe à terminer…… J’ai feelings dans ma classe et vous allez aussi aimer, je pense qu il complètera très bien ces jeux ( je pense qu’il faut le faire après les 2 premiers et en parallèle du 2ème).

    Bonne journée à vous.
    Jessica

  3. Merci pour cet article. La coopération, l’estime de soi sont des axes de travail que je veux explorer plus l’année prochaine, alors cet article m’a beaucoup intéressé. Petite question : le jeu Totem, vos élèves n’y jouent qu’une fois dans l’année, non?

    1. Ils aimeraient beaucoup y rejouer, donc je pense le refaire en fin d’année. A mon avis, le faire deux fois peut être intéressant. Faire varier les groupes permet aussi d’avoir plusieurs totems par élève et ensuite il choisit celui qu’il préfère. Il y a une part d’aléatoire avec les cartes piochées.

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