Si vous me suivez depuis quelques temps, vous savez l’importance que j’accorde à l’autoformation. Comme bien d’autres, je ne m’imagine pas pouvoir proposer un enseignement de qualité en me limitant aux quelques heures de formations dont nous bénéficions. Du point de vue de mon épanouissement professionnel, j’aurais aussi bien du mal à me contenter de ce que je sais ou crois savoir de mon métier. La lecture de livres pédagogiques me semble alors essentielle et j’en lis régulièrement.
Qui plus est, je m’interroge souvent sur les effets de mode, les « mouvements » qui nous entrainent parfois sans que nous soyons tout à fait certains de ce que nous faisons. C’est encore plus vrai en ces temps où le monde de « l’influence » est venu rencontrer celui de la pédagogie sur les réseaux sociaux (et sur les blogs). Comment y voir clair ? Comment construire une pratique suffisamment solide et étayée pour améliorer son enseignement et nourrir la confiance en ses pratiques ?
C’est là qu’entre en jeu la collection « Mythes et réalités » des éditions Retz. Cette collection propose d’aborder une thématique par le biais d’idées reçues très répandues, parfois contradictoires, et de les décortiquer à la lumière des dernières recherches scientifiques.
Les points forts de la collection « mythe et réalité »
Des thématiques pertinentes
Chaque fois qu’un nouveau livre sort dans cette collection, j’ai envie de le lire. Et pour cause, les thématiques sont toujours particulièrement bien choisie. On reconnaît la compétence des éditions Retz à cibler et répondre à nos besoins. Les thématiques peuvent être aussi variées que l’intelligence, la place du jeu dans l’apprentissage, les neurosciences, l’innovation en pédagogie, l’origine sociale des élèves ou encore l’apprentissage des langues.
L’importance du contradictoire
Même s’il ne s’agit pas de juger des idées reçues et des mythes analysés, le principe de contradictoire est central dans l’écriture de ces livres. Pour une même thématique, plusieurs points de vue – parfois opposés – sont adoptés, contredits, nuancés.
Le point de vue d’experts
Plusieurs auteurs sont d’ailleurs sollicités, réunis pour leur expertise dans leur domaine. Ils ne sont pas forcément professeurs et cette variété d’auteur vient encore participer à la pertinence de cette collection. En effet, un dialogue semble nécessaire entre les différents acteurs du terrain et du monde de la recherche. Je suis convaincue que ce n’est pas dans l’entré-soi que nous trouverons les solutions pour répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain.
Une analyse sans jugement
Le but de cette collection n’est pas de convaincre mais d’observer, d’analyser, de réfléchir. Et justement, ces livres donnent à réfléchir. Je trouve qu’ils nous invitent à revoir nos positions en profondeur, à questionner nos propres pratiques, à reconsidérer ce que nous pensions comme acquis.
Le regard de scientifiques et d’experts apporte matière à réflexion au sujet de l’école et plus largement avec tout le recul de ceux qui observent sans forcément être partie prenante, et de ce fait sans qu’on ait la désagréable impression d’être pris en faute.
Les limites de la collection
Pour ma part, j’apprécie qu’on me donne des éléments de réflexion sans tomber dans la prescription de pratiques, sans qu’on me dise ce qu’il faudrait ou non que je fasse, que je change. Je trouve important de cheminer par moi-même. C’est un travail de fond, qui prends du temps, ne révolutionnera pas tout mais sera tout de même profitable sur le long terme.
Cependant, si vous cherchez des solutions immédiates à des problèmes urgents, un guide pratique, des outils clés en mains, cette collection risque de ne pas répondre à votre besoin. C’est pour moi la principale limite de cette collection, qui n’enlève rien à sa qualité.
Quelques livres de la collection
Je n’ai pas encore eu le plaisir de lire tous les livres de la collection mais j’ai pu en découvrir quelques uns. Je vous les présente ci-dessous pour vous aider à faire votre choix, si vous êtes tentés.
L’origine sociale des élèves
Dirigé par Patrick Rayou, sociologue, ce livre traite de deux extrêmes : l’école peut tout… ou ne peut rien face au déterminisme social dont semble tant souffrir l’école française. On y parle méritocratie, égalité des chances, relation aux parents, ouverture sociale, école rurale, différences filles/garçons, etc. Si ces thématiques vous parlent, si vous avez un avis sur ces sujets, foncez pour le confronter à tous ces apports et l’enrichir.
Les neurosciences en éducation
Ce-écrit par quatre auteurs issu d’une monde de la psycologie et des sciences cognitives (Emmanuel Sander, Hyppolyte Gros, Katarina Gvozdic, Calliste Scheibling-Sève), ce livre est, à mon sens, assez incontournable. Portée et limite des neurosciences dans le monde de l’éducation, théorie des intelligences multiples questionnée, les styles d’apprentissage, le rôle du sommeil dans les apprentissages, impact des écrans sont autant de thématiques abordées. De quoi remettre certaines choses en ordre.
L’intelligence
Écrit par Christine Sorsana et Valérie Tartas (respectivement maitre de conférence et professeur en psychologie), ce livre se propose de traiter de quelques mythes bien connus : lien entre QI est intelligence, opposition entre intelligence et émotion, différences filles/garçons, interactions sociales et intelligence, développement de l’intelligence, etc.
Merci pour cet article. Celui sur les neurosciences m’intéresse bien, pour essayer de préciser ce que j’en pense. Il y a tellement de tout sur cette thématique.
Ce qui est bien, c’est que ce livre ne se contente pas de dire « les neurosciences sont magiques et vont tout révolutionner », il y a un regard critique, du recul et j’y ai même vu un respect pour les pratiques des enseignants qui se perd parfois dans les livres qui traitent des neurosciences à l’école (on entend parfois presque que personne n’a jamais su enseigner correctement avant les neurosciences). Et en même temps, le livre invite à réfléchir et, par conséquent, fait évoluer nos pratiques. Un bel équilibre pour un livre très réussi.