Je dirais même « Cuisiner à l’école pour sensibiliser contre le gaspillage, éduquer à l’égalité, faire des mathématiques et investir les élèves dans un projet » mais le titre était un peu trop long. J’ai un projet, pour l’année prochaine, qui consiste à faire cuisiner mes élèves plus souvent. Nos préparations seront le résultat mais pendant tout ce projet, nous allons pouvoir développer de nombreuses thématiques, comme j’ai pu le laisser entendre par l’intitulé trop long ci-dessus.
Cuisiner à l’école, pourquoi ?
Cuisiner pour devenir plus autonome
On nous demande d’éveiller nos élèves au développement durable : utilisation des ressources, gaspillage, réchauffement climatique mais aussi santé et alimentation. Je trouvais donc que se questionner sur l’alimentation était tout à fait pertinent dans ma classe, d’autant que certains ne mangent exclusivement que de la nourriture industrielle et des fruits et légumes hors-saison (quand ils en mangent). Sur ma cohorte précédente, dans ma classe pendant deux ans, les interventions d’associations n’ont eu qu’un effet très limité. Il fallait quelque chose de plus concret.
Souvent, ces interventions disent et expliquent parfaitement bien les comportements à éviter (trop de sucre, ingrédients importés, additifs, etc.) mais peinent à proposer des alternatives réalistes. En effet, réduire sa consommation de produits industriels pratiques et gourmands (du point de vue de ceux qui sont habitués à en consommer, certes), nécessite de manger autre chose : mais quoi ?
J’ai donc fait cuisiner tous mes élèves pour leur montrer qu’en fait, il est possible de cuisiner à peu près tout et n’importe quoi soi-même, et qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un outillage et des machines extrêmement sophistiquées. Pour cela, le livre « Je cuisine mes goûters préférés » de Chef Club (contenu dans ce pack école) était parfait car tous les classiques s’y trouvent : Petit écolier, BN (ou Prince, ou « choco », selon vos préférences), barquettes, Napolitain, Pims, Mikados, etc. (ils ne sont pas nommés ainsi dans le livre). Nous avons cuisiné des « Petits Pitres » (petits écoliers). Les élèves étaient impressionnés et ont adoré déguster leurs gâteaux. C’était une alternative concrète, plaisante et savoureuse !
Si les produits industriels ont leur intérêt (je ne fais moi-même pas tous mes gâteaux tout le temps !), en apprenant à cuisiner, les élèves deviennent moins dépendants des industries , ce qui leur permet de faire de véritables choix. Parce que finalement, si on ne sait pas cuisiner un gâteau, on est obligé de l’acheter.
Cuisiner pour plus d’égalité
Là encore, je constate que dans les familles de mes élèves, d’après leur retour en tout cas, la cuisine reste une affaire de femme ! D’ailleurs, dans ma classe, sur près d’une quinzaine de garçons, seul un avait déjà fait des gâteaux à dix ans. Toutes les filles étaient, par contre, plutôt à l’aise et certaines étaient déjà de véritables petits chefs.
Cette inégalité, où l’on apprend aux filles à cuisiner très jeunes, et où l’on ne l’apprend jamais aux garçons, participe aux inégalités que l’on constate dans les foyers dans la répartition des tâches quotidiennes. Or, on sait aujourd’hui que c’est un véritable enjeux. Et oui, les garçons ont adoré cuisiné. Ils ont adoré découvrir et ont appris très vite. Suivre une recette, c’est tout à fait abordable à leur âge. Ma seule véritable surveillance portait sur le four (pour les filles comme les garçons, ce n’est pas la question). Pour le reste, ils étaient autonomes.
En instaurant un projet à l’année, et peut-être sur deux ans, j’espère construire quelque chose de plus durable que par une seule intervention.
Cuisiner pour éviter le gaspillage
Le gaspillage du pain représenterait un gâchis de 4,5 kg / an / habitant. Dans les boulangeries de ma campagne, les boulangers donnent pour les animaux ou vendent à prix dérisoire le pain sec (par énormes sacs). Avec ce pain, il est possible de faire de nombreuses choses (et pas uniquement du pain perdu). Si je le broie légèrement, c’est de la chapelure qui apportera du croustillant à mes préparations (on peut d’ailleurs en ajouter une poignée à la recette de gressins ci-dessous) et si je la mixe très finement, j’ai une « farine de pain » que je peux utiliser pour remplacer intégralement la farine d’une recette ou en partie.
On peut faire la même chose avec des petits biscuits secs que personne n’a voulu finir. Comme ça, on ne jette rien !
Cuisiner pour engager les élèves dans un projet
Autre problématique sur l’école : les comptes de la coopérative scolaire qui se remplissent extrêmement peu. De ce fait, il est très difficile de faire des sorties ou mener des projets qui nécessitent un budget. Les élèves que j’avais l’année dernière voulaient vraiment s’investir mais avec le covid, c’était très difficile de faire de la cuisine pendant un moment et toujours très incertain. Désormais, j’espère que cela sera plus aisément réalisable.
Il faut savoir qu’au départ, l’intérêt de la coopérative était d’impliquer les élèves dans la constitution et la réalisation de projets, visant entre autres à rassembler des fonds. Aussi, je trouve intéressant que les grands de l’école (cycle 3) puissent activement participer et s’impliquer dans la vie associative de l’école.
Il ne s’agira donc pas uniquement de cuisiner mais aussi d’organiser : qui fait quoi ? quand ? où ? comment ? gérer les entrées et sorties (sous ma supervision), etc.
Cuisiner pour faire des mathématiques
Enfin, j’ai prévu des fiches qui, avant même de passer à la cuisine, permettront de faire des mathématiques et de faciliter l’organisation de cet « atelier cuisine ». En effet, lorsqu’on cuisine avec des recettes « standard », il faut un verre mesureur, une balance, etc. Des ustensiles que nous ramenons généralement de chez nous et que nous avons rarement en nombre suffisant. Pour éviter ces problèmes de mesures quand je fais cuisiner de nombreux élèves en même temps, nous utilisons les « tasses Chef Club » (que j’appelle « dosettes »).
Ces dosettes ont des volumes variés, qui, un peu comme le verre doseur (gradué), permet de mesurer une quantité. Un tableau récapitule les équivalence (on le trouve à la fin des livres « Chef Club Kids »).
La procédure est assez simple : je leur fournis la recette standard et leur explique que je n’aurai pas une balance par groupe. Il va donc falloir « convertir en cochon, chat, souris, etc. » (ils ne mémorisent pas les prénoms). Sur la recette, il y a des pastilles rondes, blanches, qu’ils devront colorier de la bonne couleur.
C’est un peu comme le jeu « le compte est bon ». Ils ont des mesures et doivent trouver comment arriver au grammage indiqué. Le petit rond jaune que vous verrez sur ces fiches indique qu’on utilise plusieurs fois la même tasse (il existe un modèle avec le nombre de fois indiqué, et un autre sans, pour rendre la tâche plus difficile).
J’aime bien cette façon de procéder car cela donne, quelque part, une sorte de « problème pour chercher » (aussi appelé « problèmes atypiques » dans le guide pour résoudre des problèmes de l’Education Nationale). Sauf que là, c’est dans le cadre d’un projet concret !
Petit à petit, ils pourront même produire leurs propres recettes et, qui sait, peut-être que nous aurons un livre de recette à proposer pour la semaine du goût de l’année suivante ?
Les packs école Chef Club
Chef Club propose, depuis quelques temps, des packs école qui sont vraiment bien pensés. Il y a un ou deux livres et tous les ustensiles nécessaires pour leur réalisation. C’était un vrai plus pour cuisiner tous ensemble car les dosettes sont très pratiques pour les élèves, les recettes illustrées extrêmement claires, le matériel est ergonomique. Le rouleau, notamment, est un gros coup de cœur.
Nous rachèterons probablement quelques rouleaux et moules pour chocolat.
S’organiser concrètement
En l’occurrence, nous avons pu nous arranger et nous organiser en équipe pour qu’une collègue soit avec les quelques élèves qui ne cuisinent pas ou plus pendant que les autres sont avec moi. J’ai eu, au maximum, un peu plus d’une quinzaine d »élèves en même temps dans ma dernière expérience de cuisine. Ils étaient plus autonomes que je l’espérais et je crois que j’aurais pu faire cuisiner tout le monde mais pour un premier essai, je n’ai pas osé.
Par le passé, j’ai déjà organisé une telle activité en me faisant accompagner par des parents d’élèves. Une moitié de mes élèves étaient à proximité, avec un travail à réaliser en autonomie pendant que nous cuisinions, puis nous inversions les groupes.
Des recettes pour faire des mathématiques
Je partage ci-dessous des recettes pour suivre cette démarche. Pour le moment, seules deux sont proposées : les mini-gressins nature (pour manger avec de la pâte à tartiner, par exemple) et les gressins aux épices (les épices Chef Club sont vraiment très bonnes pour ça, mais vous pouvez tester avec d’autres). Au fur et à mesure de l’année, je partagerai probablement d’autres recettes, notamment des petits biscuits salés pour l’apéritif en fin d’année, avec le retour des beaux jours ou des petits gâteaux pour l’automne et l’hiver, etc.
Pour pouvoir mener les séances de recherche en mathématiques, vous devrez aussi télécharger le tableau ci-dessous.
Tableau des équivalences avec les tasses Chef Club Recettes de gressins anti-gaspi
C’est un super projet ! J’adorerais pouvoir faire cuisiner mes élèves mais pas de four et pas le droit d’installer quoi que ce soit en classe…
Tu ne peux même pas apporter et enlever ensuite ? Au pire, des recettes sans cuisson ? Ca existe aussi. Ou alors faire cuire en maternelle ? Le droit d’utiliser les fours du périscolaire ?
Hum…. je vais vous lire et aller voir ces petits kits!
Nous pratiquons en classe, cela va peut-être me permettre de varier un peu ma pratique 😉
Il y a plein de bonnes idées dans les livres, je trouve.
Je suis animatrice au primaire j’aurai. Aimer avoir plus de renseignements sur le gaspillage s’il te plaît
Bonjour, je te suggère d’aller voir le site Too Good To Go qui propose des kits avec guides pédagogiques.