Evaluer les élèves prend une place importante dans notre mission. Evaluation diagnostique (en début de séquence), sommative (en fin de séquence), formative (support des apprentissages), continue (tout au long de l’année), positive (noter les acquis, pas de « pertes de points »), autoévaluation : les possibilités sont nombreuses. Selon John Hattie, et sa métaanalyse des « facteurs pour la réussite scolaire » , l’évaluation formative a un très grand effet sur la réussite des élèves. Il faudrait y consacrer plus de temps qu’à l’évaluation sommative. Ajoutons que plus l’élève est impliqué dans son parcours d’apprentissage, plus on développe chez lui les compétences nécessaires à sa réussite. Plus qu’une corvée visant à remplir les LSU (Livrets Scolaires Uniques), l’évaluation peut être un facteur favorisant les apprentissages des élèves.
De fait, pendant mes premières, j’ai considéré l’évaluation comme une épine dans le pied, une obligation chronophage mais pas toujours utile. Remplir des livrets scolaires (à l’époque, un gros fichier photocopié avec une liste interminable de leçons et compétences à remplir à la main pour chaque élève), trois fois dans l’année (même à la fin d’un premier trimestre qui se concentre pourtant essentiellement sur des révisions et une remise en route), bref : remplir du papier pour montrer qu’on fait notre travail. Ce n’est pas que je ne voulais pas d’évaluation mais que les pratiques en rigueur au moment où j’ai débuté, dans les écoles où j’ai débuté, ne me parlaient pas du tout. Je devais donc développer en parallèle mon fonctionnement en matière d’observation, d’autoévaluation des élèves, d’évaluation des progrès. Quelle charge de travail !
Au fil des années, j’ai pu tester des choses diverses (portfolio, ceintures de compétences, plan de travail, etc.). Et j’ai finalement atterrit dans une petite école où il y avait pour projet de constituer un « livret de réussites » ou « livret de progrès ». Et puis l’année suivante, j’étais dans une école qui en avait un, mais qui ne correspondait plus aux pratiques de classe de mes collègues. Ca a été l’occasion de le retravailler et de faire une autre proposition. Je partage donc, avec vous, le fonctionnement qui est/était le nôtre avec l’accord de ces collègues qui ont pu participer à notre réflexion.
Les compétences ciblées
Le livret ne contient que les compétences évaluées en français et mathématiques. Cela signifie qu’il peut y avoir des compétences travaillées dans ces matières que nous faisons le choix d’évaluer autrement. Nous voulions un outil qui corresponde à nos pratiques de classe.
Nous avons également fait le choix d’écarter les autres disciplines qui se prêtaient moins à ce support et que nous voulions développer dans un second temps. Nous pourrions, par exemple, nous concentrer sur les compétences liées à l’histoire, la géographie et les sciences (lire un document, trouver la source, lire une carte, etc.) plutôt que sur les connaissances (généralement évaluées en évaluation sommative chez nous). Reste à trouver le temps de produire ces pages supplémentaires.
Il y a également des pages avec des cases « prêtes à remplir ». Il s’agissait pour nous de pouvoir valoriser des compétences acquises par les élèves en dehors des programmes, soit pour des élèves avec des compétences de cycle 2, soit pour des élèves allant plus loin. Cela permet d’intégrer les élèves d’ULIS, par exemple, les petits lecteurs, etc. Et cela permet également de valoriser les élèves qui développent des compétences au-delà des attendus.
Enfin, nous avons essayé de trouver un équilibre : des compétences très détaillées, précises et limitées, sont plus faciles à valider mais trop nombreuses, nous savions que nous n’arriverions pas à nous y tenir. Nous craignions également que cela « noie » les élèves et qu’ils ne s’approprient pas l’outil. Nous aurions pu réduire le nombre, pour nous centrer sur l’essentiel, mais nous voulions également laisser un maximum d’opportunités aux élèves. En bref, il a fallu faire des arbitrages, essayer de trouver un équilibre qui nous corresponde.
Mon livret de réussites – CM1/CM2Comment valider les compétences ?
Nous avons fait le choix d’une évaluation continue mais, en vérité, le livret n’impose pas de choix en la matière. N’importe qui pourrait décider de s’en saisir et d’évaluer de façon sommative ces compétences. Cela étant, je trouve que cet outil perd de son intérêt, dans ce cas. Toujours est-il que nous faisons le choix de respecter la liberté pédagogique de chacun en n’imposant aucune pratique. Avec les fermetures de classe, les départs, les errances du mouvement, les changements de niveaux, nous avons souvent de nouvelles têtes en cycle 3. C’était important pour nous que chacun puisse rester libre de ses choix pédagogiques.
Le livret, cependant, ne pointe que les réussites : ce que l’élève arrive à faire. Nous restons donc dans une forme d’évaluation positive. Toutefois, l’absence de compétences validées dit, en négatif, ce que l’élève ne sait pas encore faire. Dans l’ancien modèle, il existait, pour chacun compétence, une case « compétence travaillée en classe ». A l’usage, cela semblait trop chronophage, en plus de décourager très fortement certains élèves qui sont déjà confrontés aux corrections très fournies, signe qu’il y a beaucoup à faire pour progresser généralement.
Simplement : indiquer la compétence travaillée, évaluer en continu
La plupart des élèves arrivent à faire le lien entre le livret de réussite et le travail réalisé en classe. Si le titre, dans le cahier du jour, est « conjuguer au présent », il saura faire le lien avec les compétences du livret de réussite. Mais pas tous ! Alors, la bonne idée de ma collègue (qu’il serait temps que je mette en place), c’est de noter dans le titre la référence de la compétence travaillée. Par exemple « CO 03, 04 et 05 : Conjuguer au présent ». Ainsi, les élèves savent tout le temps la compétence qu’ils travaillent.
En parallèle, et grâce au mobilier fourni par le projet NEFLE notamment, j’ai organisé ma classe avec un certain nombre de ressources en accès libre pour travailler certaines compétences du livret. L’an dernier, les élèves avaient une liasse de fiches photocopiées avec les références (notées à la main, rien de compliqué) dans leur pochette murale individuelle. Cette année, je tente avec des meubles à tiroirs et chacun se servira sur les temps de plan de travail. On peut également utiliser des pochettes (trieurs) à soufflet ou un classeur. Le tout est de trouver une organisation qui corresponde à votre budget et à votre fonctionnement.
Quoiqu’il en soit, l’idée reste d’évaluer en continue les progrès et les réussites des élèves. On valorise ce qui est su, ce qui est acquis.
Les autocollants pour faciliter le suivi des progrès
C’est une idée que j’avais partagée dans un article dédié. Il s’agit d’avoir une planche d’autocollant nominative avec toutes les compétences listées. Ainsi, quand je constate qu’une compétence est acquise, je colle l’autocollant, peu importe le support. Les élèves peuvent donc valider des compétences qui n’étaient pas spécialement ciblées mais qui sont désormais maitrisées.
Par exemple, il se peut qu’un élève réussisse à placer tous les « s » du pluriel pendant deux semaines sur son cahier dédié à la lecture du feuilleton d’Ulysse. Je peux donc librement lui coller l’autocollant correspondant. De cette façon, les élèves savent que toutes les compétences peuvent être validées à tout moment. Chaque réussite peut être l’objet d’une validation. C’est plutôt motivant.
La demande d’évaluation spontannée
Les élèves ont, dans ma classe, un cahier de travail personnel. Ils peuvent y travailler au autonomie quand ils ont fini leur travail, en récréation (oui, certains demandent), à la maison, etc. Ils peuvent me le montrer chaque matin pour solliciter mes conseils ou mon aide. Quand ils estiment qu’ils maitrisent suffisamment une compétence, ils peuvent me demander à être évalués. Je trouve alors un moment dans la journée, je leur propose un exercice et ils le réalisent en classe. S’il est bon, la compétence est validée. Sinon, ils pourront toujours recommencer plus tard.
Un livret qui rend visible les progrès
Petit élément propre à ce fichier : chaque trimestre est colorié dans une couleur différente. Aussi, il sera possible de voir les compétences validées au premier trimestre, au deuxième, en CM1 ou en CM2. L’idée est de permettre de voir si la progression est constante, fulgurante pendant une période ou encore ralentie sur un trimestre, par exemple.
Et pour rendre cela plus visible, chaque domaine a sa « barre de progression ». Dès qu’ils valident une compétence en grammaire, par exemple, ils peuvent colorier une petite case de plus dans cette barre de progression. Cela leur permet aussi de visualiser, rapidement, s’il y a un domaine qu’ils investissent plus qu’un autre, où ils réussissent plus qu’un autre, et donc de choisir les domaines à travailler davantage.
Cela peut également être un outil utile pour remplir les LSU.
Concrètement : qui remplit le livret de réussites ? quand ?
En cycle 2, je sais que les collègues coloriaient elles-mêmes et qu’elles trouvaient cela très long. Elles ont abandonné et aimeraient réfléchir à un nouvel outil. Peut-être avec moins de compétences, plus ciblées sur ce qui est le plus central dans chaque niveau ?
En cycle 3, les élèves gardent leur livret de réussites dans leur pochette du cartable. Dès que je rends un cahier ou un travail, les élèves peuvent chercher les autocollants et colorier. S’ils n’ont pas le temps, ils pourront le faire pendant le weekend, quand ils montrent leur cahier à leurs parents.
De mon côté, je garde ma planche d’autocollants qui me permet d’avoir un aperçu assez visuel de ce qui est acquis ou non. J’ai aussi mon carnet de bord où je reporte ces réussites et où je note certains progrès avec des signes (un peu comme dans les fiches d’observation de « Réussir en Conjugaison« ). Cela me suffit amplement.
Au final, ce livret ne constitue pas une charge de travail supplémentaire pour moi. L’évaluation continue est fluide, se fait pendant les corrections. Et ce support du quotidien facilite le remplissage des livrets scolaires : ils ne constituent plus une charge de travail supplémentaire.
Bonjour, ton livret est tout simplement génial ! Un grand merci pour ce partage.
Pour le réaliser, es tu parti des compétences à acquérir en fin de CM2?
De mémoire, on a pris l’ancien fichier qui s’appuyait normalement déjà sur les attendus de fin de CM1 et de fin de CM2, puis on a rayé ce qu’on pensait être « en trop », on a détaillé ce qu’on pensait devoir détailler, etc. Puis, on a relu les attendus pour faire une nouvelle relecture de ce type. Ce travail date d’il y a 4 ans, si je me souviens bien. On le remettra à jour avec les nouveaux programmes, je pense.
Une vraie pépite ! Plein d’idées et une idée pour s’organiser. Geniallisime ♥️
Merci beaucoup. Comment fais-tu, toi, pour évaluer ? Tu n’as pas ce type d’outil ? Tu comptes t’inspirer ? Je suis preneuse de toutes les bonnes idées ! 🙂
Bonjour, j’essaye de télécharger le livret mais ça m’indique qu’il est impossible de le charger .
Bonjour, je pense que c’est encore le bug causé par Facebook. Il faut supprimer tout ce qui est après le mot « positive » dans l’URL puis réactualiser avant de cliquer sur le bouton de téléchargement.
Bonjour je n’arrive a télécharger le livret?
Bonjour, je pense que c’est encore le bug causé par Facebook. Il faut supprimer tout ce qui est après le mot « positive » dans l’URL puis réactualiser avant de cliquer sur le bouton de téléchargement.
merci pour ce travail qui tombe super bien. Avez-vous une liste qui récapitule les compétences pour votre carnet de bord? avez-vous les picto des étiquettes autocollantes pour que je puisse le créer sur cricut et vous le mettre à dispo? merci
Bonjour, j’ai bien tout ça effectivement. Le picto, ça reste à retrouver quelque part dans mes dossiers (j’ai eu des pertes il y a deux ans, malgré les backups). Envoyez-moi un mail via le formulaire de contact pour l’image (ou « envoie-moi » si tu acceptes le tutoiement).
Je vais voir pour le document avec les compétences et je mettrai l’article à jour.