Quatre silhouettes d'enfants.

Cet article date de 2016. Si les réflexions qui s’y trouvent ont constitué, à un moment donné, la base de ma réflexion et de mon évolution professionnelle, certains points ou éléments de langage ont évolué, se sont précisés. Le moyen le plus sûr de pouvoir s’inspirer de ma façon de procéder actuelle est d’acquérir le livre « Un cadre serein dans sa classe, ça se construit ».

En vérité, je devrais plutôt dire « canaliser » les comportements voire « orienter », car c’est finalement ce que l’on fait. Les « gérer », ce serait peut-être plus apprendre à les supporter mais à vrai dire, ce n’est plus vraiment en ces termes que cela se pose pour moi. Cet article a pour but d’expliquer ma vision des choses, ma façon de faire. Il faut donc prendre tout ce qui est écrit avec beaucoup de recul, le lire comme un témoignage plus que comme des instructions à suivre à la lettre. Je m’efforcerai de ne pas prendre un « ton impératif » mais je vous demanderai aussi de faire cet effort de prise de recul, vous qui aurez le courage de lire cet article jusqu’au bout.

J’espère que vous saurez pardonner l’organisation chaotique de ce contenu écrit un peu vite suite à de nombreuses demandes sur les groupes Facebook de professeurs des écoles (j’avais plutôt prévu de me prendre un moment pendant les vacances). Il ne s’agit pas d’un livre ni d’une thèse. Ce n’est que le fruit d’une production faite un peu trop vite un samedi matin après une longue semaine (et une période chargée).

Contexte

En remplacements, j’ai surtout fait de la maternelle au CP mais j’ai eu, en classe à l’année, tous les niveaux du CP au CM1, avec parfois des doubles-niveaux. Comme nombre de débutantes, j’ai commencé dans des milieux difficiles, obtenant mon premier post définitif en milieu de type ZEP, un milieu que je n’ai jamais quitté. Comme beaucoup aussi, j’ai connu les classes difficiles, où l’on semblait avoir réuni tous les « cas » ou une écrasante majorité. J’ai aussi toujours aimé échanger avec mes collègues, soit pour m’instruire de leurs conseils, soit pour réfléchir à leurs difficultés et, peut-être, les aider aussi à mon tour.

Bref, mon expérience est avant tout basée sur des élèves qui ont un cadre à géométrie variable lorsqu’ils arrivent à l’école, qui ne veulent pas, pour beaucoup, venir en classe ou qui sont en très grande difficulté scolaire, au point qu’ils rejettent parfois toute tâche qui risquerait de les mettre en échec… voire la personne qui les leur demande. Dans ces milieux-là, on marche sur des œufs !

J’expose ce contexte car ce que je mets en place depuis deux ans peut avoir ses limites. Tout d’abord, je l’ai à peine testé avec des CM (mais ce que j’en ai vu me dit que cela devrait tout de même fonctionner). Ensuite, peut-être que ce que je fais serait plus difficile à mettre en place avec des élèves plus difficiles… ou peu adapté, peut-être (mais je ne crois pas) avec des élèves plus commodes.

Les grands principes

Les grands principes sont ceux que vous connaissez déjà, mais qui n’ont pas été assez détaillés à l’IUFM me concernant (ce que j’essayerai de faire ensuite). Ces grands principes que j’évoque ici sont les grandes lignes qui dirigent mon attitude. Plus loin, vous trouverez le système que j’utilise cette année.

La sécurité affective

On nous parle sans cesse d’une « autorité bienveillante » sans nous dire « comment » et, qui plus est, on nous ajoute souvent juste derrière le fameux « Vous n’êtes pas là pour les aimer », de peur, peut-être, que le sentimentalisme nous empêche d’œuvrer au bien-être de nos élèves. Je dis que c’est tout le contraire ! Ce que j’ai vu de commun dans tous les milieux difficiles, c’est que nombres d’élèves ont avant tout besoin d’être rassurés affectivement, de sentir qu’ils sont important pour nous, qu’on les aime (en vérité, ils cherchent à créer un lien d’attachement « sécure »). Je ne parle pas d’un amour mère à enfant ni de l’amour que vous pouvez porter à votre conjoint, mais il serait vain de prétendre, selon moi, que l’on n’aime pas ses élèves alors qu’on se donne corps et âme pour eux durant dix mois, au point que nous n’ayons pour beaucoup pratiquement plus de vie sociale en dehors des vacances et des weekends (si ce n’est moins encore quand on débute), que nos semaines sont quasi-exclusivement centrées sur la préparation, la correction, la réflexion de notre activité en classe. Je dois même avouer que, parfois, certains élèves me manquent d’une année sur l’autre (et certains vont jusqu’à me dire que je leur manque aussi) ! Je ne pense pas pour autant que cela fasse de moi une affreuse maitresse qui a oublié où était sa place et celle de ses élèves.

Au contraire, ce climat aide à instaurer un respect mutuel, entre le professeur et les élèves mais aussi entre les élèves eux-mêmes. Ce climat de classe si apaisé permet aux élèves de se lancer dans la tâche, de prendre le risque d’échouer car il sait que cela ne remettra jamais en cause le regard que le professeur et que ses camarades portent sur lui. Il sera toujours aimé, même s’il n’y arrive pas. Cela signifie aussi qu’il n’apprend plus pour être aimé, pour faire plaisir, mais il apprend car il a envie d’apprendre, de progresser et découvre petit à petit la satisfaction de la réussite (ce qui demande bien sûr un intérêt tout particulier pour la différenciation… mais c’est un autre sujet !). Tant qu’il ne sera pas rassuré sur l’affection qu’on lui porte et l’importance qu’on lui accorde (sur le lien qui l’attache à ses pairs et à l’adulte), sur la stabilité de ces sentiments, je crois que l’enfant aura toujours tendance à chercher à se rassurer ou, s’il est plus grand, risque vite de se mettre en opposition systématique face à « la méchante maitresse qui ne l’aime pas de toute façon » (et dans ce cas-là, certains peuvent aller jusqu’à vous pourrir activement l’existence).

Attention toutefois : on ne « gère » pas un élève « à l’affectif » parce qu’il « ne fonctionne qu’à l’affectif ». Le lien que nous créons avec lui est un élément du cadre dans lequel il apprend, un élément sur lequel il faut le rassurer pour qu’il puisse apprendre. A terme, ce ne devrait être ni une source de motivation pour apprendre (« pour faire plaisir à la maitresse », « pour que la maitresse m’aime ») ni l’objet d’une punition comme le suppose le paragraphe précédent. Ce lien ne se définit pas uniquement par l’affectif : le lien qui nous unit est défini par notre rôle de professeur, toujours présent pour l’élève et prêt à l’accompagner, et le rôle de l’élève qui doit faire du mieux qu’il peut pour apprendre.

En tout cas, je n’hésite pas à leur rappeler à quel point ils sont beaux, à quel point ils sont sages, à quels point ils sont intelligents, à quels point ils sont gentils, quitte à en faire trop. J’essaie de nourrir leur estime de soi, pas uniquement en valorisant leurs réussites mais aussi en les valorisant en tant que personnes. J’utilise même cette façon de procéder, avec les plus petits (attention, avec les plus grands, aux mots choisis), pour désamorcer certaines situations.

« Maitresse, il n’arrête pas de regarder ce que je fais !

– Mais c’est parce qu’il voudrait réussir aussi bien que toi ! Laisse-le regarder, s’il réfléchit bien en te regardant faire, il pourra apprendre. »

Il n’est pas rare que l’autre élève acquiesce, car il y a un peu de vrai dans tout ça. Je peux aussi dire, pour un élève qui se retourne sans arrêt (et qui peut supporter une telle réponse) « Mais c’est parce que tu es trop mignon ! Je le comprends. » Je demande au second élève de cesser tout de même et hop ! les petits problèmes sont réglés avec le sourire. Ce n’est pas à faire avec tous les élèves. Je pense notamment au « trop mignon » pour un élève qui regarde souvent une élève de l’autre sexe avec des CM (quand les hormones peuvent parfois avoir commencé leur ouvrage) ! Dans ce cas-là, je vais plutôt avoir tendance à voir l’élève qui se retourne sans cesse en aparté pour lui demander de se concentrer.

Autre élément : au final, le carnet de liaison ne me sert  pratiquement jamais à écrire des mots sur le mauvais comportement. S’il commence à y avoir trop de mots, c’est qu’il est largement temps de téléphoner aux parents voire de les rencontrer. Ce n’est d’ailleurs pas que pour l’enfant, c’est aussi pour éviter de créer un blocage du côté de la famille. Par contre, le carnet de liaison me sert à écrire des mots positifs et individualisés. Je peux écrire un petit pavé sur les progrès, sur les efforts, sur les réussites de l’élève. C’est quelque chose dont l’enfant est très fier, dont les parents le sont tout autant. Au début, les parents se disent surpris, déconcertés… mais dans tous les cas : ravis !

Dédramatiser, graduer les erreurs de comportement

Autre chose, que je ne faisais pas du tout au début de ma carrière : c’est dédramatiser. Il y a tant de petites erreurs de comportement qui ne sont pas si graves mais qui peuvent devenir bien plus grosses si on s’y attarde trop.

Un élève bavarde, continue son travail alors qu’on a demandé de ramasser, tapote du pied par terre, joue avec sa règle bruyamment pendant qu’on parle… Pas besoin de crier, pas besoin de punir, parfois pas même besoin de parler. Un regard insistant peut suffire, sinon je glisse le prénom de l’élève dans ma phrase en changeant l’intonation subitement, ou alors, dès que j’ai fini ma phrase et cherche du matériel (photocopie, cahier, etc), je glisse une petite phrase au concerné. Bref, même si ça m’agace fortement (car j’ai naturellement une faible tolérance au bruit), je prends sur moi et je m’exprime avec douceur. Il n’y a que si l’avertissement est répété à de nombreuses reprises que je suis susceptible d’en venir à mon système de comportement (que j’expliquerai plus loin).

Autre exemple : un élève se « moque » en changeant le prénom d’un autre élève. Tout de suite, les sirènes « harcèlement » se mettent à sonner à l’intérieur de moi. Et malheureusement, au début de ma carrière, j’avais tendance à hurler dès qu’une « moquerie » avait lieu. Sauf que cela ne fait souvent qu’encourager les moqueries à se répéter et à gagner en intensité… de ce que j’ai pu en observer en tout cas. Dès qu’il y a un phénomène de ce genre, j’appelle les deux élèves concernés. Je demande à l’élève « victime » de s’exprimer et de dire à celui d’en face ce qu’il a fait et ce qui ne lui a pas plu. Avant de donner la parole à l’autre, j’interviens en précisant que je ne pense pas qu’il voulait se moquer, qu’il ne voulait pas faire mal, mais qu’il trouvait juste cela drôle. Puis je rappelle que si l’autre ne rit pas, alors on n’a pas le droit de continuer car tout le monde a le droit d’être heureux à l’école. Je laisse alors la parole à cet autre qui avoue en général très vite et s’excuse. Le problème s’arrête souvent là. S’il récidive ou si d’autres le font, on recommence. Si cela ne se calme pas, alors seulement j’en viens soit au protocole harcèlement de l’école, soit à mon système de sanction, selon ce qui est jugé préférable par l’équipe.

Par contre, si un élève frappe, alors je sanctionne immédiatement. Je leur fait rappeler les règles (la loi) : la violence est interdite et ce pourquoi elle l’est. Ils comprennent très bien qu’ils soient sanctionnés car, puisqu’ils me voient assez tolérante, puisqu’ils voient que je leur laisse le droit à l’erreur et le droit de se corriger, il savent que je ne sanctionne pas « pour rien ». C’est véritablement un élément clé de ma façon de fonctionner.

Si vous êtes tolérants envers eux, ils le seront aussi envers vous. Combiné à la sécurité affective, vous aurez déjà, normalement, quelque chose de vraiment plus apaisé. On dit souvent que les élèves difficiles sont « intolérants à l’injustice », que vous devez donc être parfait, toujours parfaitement juste et donc ne jamais commettre aucune erreur de jugement. Est-ce véritablement possible ? J’en suis en tout cas incapable. Il m’est déjà arrivé de me tromper et, dans ce cas, je m’ en excuse face aux concernés ou toute la classe si je m’en rends compte après. Si j’ai toujours donné l’exemple de la tolérance, alors, en général, ils acceptent mes excuses et le problème généré par mon erreur n’en est plus un. J’ai d’ailleurs vu des élèves vouloir chercher l’injustice en leur faveur comme preuve de mon affection à leur égard, comme preuve que je les aime plus que l’autre, et donc avoir du mal à accepter que je ne punisse pas l’autre… mais petit à petit, c’est quelque chose qui se calme lorsqu’ils comprennent à quel point ils sont importants à mes yeux. Bref, retour au premier « chapitre ».

Il est aussi important de demander aux élèves qui se plaignent « c’est grave ? ». Parfois, ils réalisent qu’il est plus simple de laisser couler et de passer à autre chose que de dramatiser un petit rien.

Etre un modèle

Je voulais appeler ce chapitre « ne pas stigmatiser », mais cette expression me fatigue. Elle est utilisée partout en formation pour nous pointer du doigt, nous vilaines maitresses (ou nous vilains maitres) qui stigmatisons sans cesse car nous donnons des punitions, excluons un élève de la classe, etc. « Ne pas stigmatiser » est devenu l’expression qui nous interdit presque tous les moyens de sanctions que nous connaissons sans jamais nous expliquer ce que nous devrions ou pouvons faire.

Cela dit, avec le temps et les expériences, j’ai appris à donner du sens à cette expression, à me l’approprier. Lorsqu’un élève fait une faute, une faute grave (violence, moquerie intentionnelle, vol, etc.), la tentation est forte de hurler ou de le réprimander publiquement afin de bien marquer le coup, de montrer à tous le « destin » de ceux qui l’imiteraient, d’en faire un exemple. Le temps m’a appris, je crois, que c’est une erreur. Par cette attitude, on légitime que les autres élèves agissent de même, le rejettent, l’excluent, se moquent, etc. De ce fait, soit lui se sentira encore plus acculé et n’aura pas les moyens de se reprendre, soit les autres risquent de commettre d’autres écarts de conduites (moqueries, bousculades, violence, harcèlement, etc.).

Je préfère donc, pour ce qui est grave surtout, régler cela uniquement avec le ou les concernés. Je préfère faire preuve de discrétion.

C’est en cela que je parle d’être « un modèle ». Si on crie, si on est « méchant » (ce n’est pas de la méchanceté mais dans les yeux d’un enfant, c’est souvent compris ainsi) devant tous, alors les élèves nous imiteront et ce qui n’était qu’un incident isolé deviendra un « mouvement de classe ». Si on est calme, si on diffère, si on agit en toute discrétion avec uniquement les concernés, alors les élèves auront plus de chances de faire de même.

Cela évite aussi, chez les grands, les grandes histoire mélodramatiques qu’ils peuvent parfois se monter à coup de « bandes contre bandes » ou, plus souvent, de « bandes contre un individu ». Ils ne peuvent plus prendre à parti les autres, ils ne peuvent plus faire pression par le nombre car ils sauront que je ne gérerai pas les problèmes de cette façon et ne me laisserai pas déborder. Je ne dis pas qu’ils n’essaieront pas mais je pense que ça ne peut que s’apaiser de cette façon.

Enfin, gérer les problèmes en public, devant tous, ajoute une pression supplémentaire sur les épaules du « fautif » qui aura tendance à se réfugier plus facilement dans le mensonge. C’est contraire à ce que je mets en place justement.

L’importance de la vérité

L’une des premières choses que je cherche à établir dans ma classe, c’est la vérité. Les élèves ne doivent pas me mentir ni se mentir entre eux. Établir cette vérité est un levier essentiel qui me fait gagner beaucoup de temps pour régler les problèmes. En fin d’année, je n’ai en général plus aucun élève qui ne me résiste longtemps sur ce point (certains ont le mensonge en moyen de défense automatique, pour ceux-là, il faut parfois accepter un premier mensonge pour l’encourager à dire la vérité ensuite).

Cela dit, le plus dur… c’est d’y arriver ! Et là, je coince un peu car je ne sais pas forcément comment j’y arrive et cela m’oblige à prendre du recul sur ma pratique pour l’analyser et la comprendre. Je ne suis pas sure d’être exhaustive ici.

Tout d’abord, dès que nous voyons les règles de la classe, nous insistons sur l’importance de la vérité et les conséquences du mensonge (plus de copains, plus de confiance). J’insiste aussi sur mon attitude : une erreur avouée me montre que l’élève a compris son erreur et qu’il va faire des efforts, donc je ne me fâche pas. Par contre, si l’élève me ment, je risque de me fâcher vraiment très très fort car cela veut dire qu’il ne reconnait même pas son erreur et donc qu’il n’a ni envie de la réparer, ni envie de s’améliorer… et que cela n’est pas possible ! Je leur explique aussi que, très souvent, si un adulte demande « qu’est-ce que tu as fait ? », c’est qu’il a vu, ou qu’un autre adulte a vu et le lui a rapporté. Il n’est donc pas très malin de mentir et ce n’est pas la peine d’essayer.

En général, j’en ai toujours un ou deux qui essaient en début d’année, et je leur tiens tête, quitte à perdre 10 minutes de récréation, quitte à le sanctionner. Je l’oblige à me regarder dans les yeux, je sors mon regard de maitresse très fâchée (ou un autre si un autre est plus adapté) et j’insiste, encore et encore « Je veux la vérité ». Une fois que je l’obtiens, je lève les sanctions, je ne punis pas derrière car il a déjà été puni (et je le dis) par le temps qu’il a perdu. Je lui fais aussi remarquer à quel point on se sent mieux quand on dit la vérité, et à quel point il été malheureux quand il a menti. Certains résistent au fil des semaines ou des mois mais je crois qu’il ne faut jamais lâcher !

Si un élève me ment vraiment, refuse définitivement de me dire la vérité et si je suis sure de moi, alors c’est une grosse sanction (dans mon système actuel : double changement de couleur, mais aussi en général un appel aux parents voire un RDV). Sans aller jusqu’à traiter l’élève de menteur devant ses parents (je déconseille), il est essentiel de mettre au courant les parents de cet incident pour qu’ils puissent aussi se faire le relais de notre discours et insister, eux aussi, sur l’importance de la vérité. Il ne le font pas toujours, mais le simple fait de prévenir les parents peut parfois faire son effet sur l’élève qui ne souhaite pas que ça aille aussi loin. Je déconseille par contre le coup de téléphone « joué » en classe avec son téléphone portable devant tous, ça ne poussera pas l’élève à avouer, cf. paragraphe précédent.

Mon fonctionnement en classe

C’est peut-être la partie la moins importante. D’abord, parce que ce fonctionnement en classe ne fonctionne qu’à condition que tous les grands principes explicités ci-dessus. Ensuite, parce que je ne suis moi-même pas forcément convaincue de tout. Il me manque notamment la dimension « positive » du système.

Ce que j’ai testé, ce que j’ai écarté

J’ai testé le système à 4 couleurs à la semaine et à la demi-semaine et, dans tous les cas, je ne le trouve pas adapté aux élèves en difficulté du point de vue du comportement. En effet, ces enfants ont besoin de reprendre de zéro chaque matin. Je reste donc, même avec des CE2, à un système à la journée. Cela dit, avec des CM1 ou CM2, il peut être intéressant de glisser progressivement d’un système quotidien à un système sur 2 jours, puis à la semaine, en explicitant que plus on grandit, moins on nous laisse l’opportunité de reprendre de zéro et qu’il faut donc commencer à s’entraîner. Je ne pense pas qu’il soit utile de parler « d’assumer », car cela n’a rien à voir je pense. Le poids de leurs erreurs, ils le portent déjà bien assez.

(Edit : je n’utilise plus de système avec des couleurs ni aucun « système de gestion des comportements » depuis quelques années. Je vous laisse lire l’article « Et si on laissait de côté les systèmes de gestion des comportements ? » et l’article « Abandonner les systèmes de gestion des comportements, comment ? »)

J’ai aussi testé d’appliquer des sanctions en fonction des couleurs : si tu es dans le orange -5 minutes, dans le rouge ce sera -10min, etc. Le postulat que je faisais en début de carrière était qu’ils se ficheraient bien de leur couleur si elle n’était pas accompagnée d’une sanction. En fait, de ce que j’ai testé, c’est plutôt tout le contraire ! Si le fait d’être orange enlève 5 minutes de récréation, alors l’élève fait « sa punition » et hop, il est dispensé de toute nécessité de réflexion. On a beau discuter avec eux après ces minutes de privation, il n’en sort pas plus que si on ne l’avait pas appliqué. Ils ne réfléchiront pas forcément par eux-mêmes, ils attendront que vous le fassiez pour eux. Ou alors, ils essayeront de deviner ce que vous voulez entendre et cela ne fera rien progresser car ils n’en seront pas plus convaincus. N’oublions pas les soucis que ça peut causer car, soit vous devez toujours être de service, soit donner la liste aux maitresses de service (mais cela peut générer des conflits entre collègues).

J’ai testé aussi la fiche de réflexion. Le problème, c’est qu’elle ne reste efficace qu’avec les bons élèves et les sages (les deux en même temps). Les élèves en difficulté se retrouvent confrontés à leurs limites en matière d’expression, les élèves en opposition écriront un magnifique « J’ai rien fait » qui ne le fera pas avancer. Au contraire, on lui a donné un outil pour être encore plus en opposition et pour l’exprimer !

J’ai testé aussi l’échelle où l’on peut monter et descendre, et donc aller plus haut que le vert. Cela dit, c’est un vrai casse-tête qui prend un temps fou et n’est pas toujours très juste. En plus, les élèves avaient fini par enregistrer que s’ils croisaient les bras très vite pour revenir au calme, alors je devais les « monter d’une case », avec toute la frustration que cela occasionnait quand je ne le faisais pas. Les plus réfractaires n’en sont pas devenus plus sages. Avec ce système, j’ai créé l’idée qu’être « sage » était quelque chose qui pouvait être ponctuel. « Peu importe que je frappe un élève, si je reviens au calme très vite en classe je finirai par me rattraper. » La faute et sa réparation ne sont plus en lien, on les a déconnectés. En plus, être sage était confondu avec « paraître sage ».

J’ai testé aussi avec rattrapage d’une couleur à la fin de la journée (pour un système quotidien) ou demi-journée (pour un système bi-hebdomadaire). Ceci je le garde car il est important qu’ils puissent voir que, quelle que soit leur erreur, je ne les condamne pas : ils sont des enfants et peuvent apprendre de ces erreurs, évoluer, s’améliorer.

Je voulais mettre les « bons points », à une époque. Et puis on m’a dit que l’inspecteur n’aimait pas ça. J’ai voulu me faire mon propre avis en fouillant ici et là. Et puis, je n’ai pas pu m’empêcher d’être d’accord avec ceux qui disaient qu’on leur apprenait alors à ne travailler que pour la récompense. Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que des élèves travaillaient apparemment bien avec une collègue aux bons points et qu’ils envoyaient balader la suivante parce que « c’est pas juste, l’autre maitresse, elle nous donnait des cartes ! ». Du coup, peut-on considéré qu’ils ont véritablement appris à bien travailler si cela ne se transfert pas dans un autre contexte ? Est-ce véritablement une bonne chose de les avoir rendu dépendant de la récompense ? Je sais que, d’une certaine façon, les bons points répondent au besoin de matérialiser notre reconnaissance envers ceux qui font bien et permet, assez souvent, de bons résultats. Cela dit, celui qui ne reçoit jamais de bon point, celui pour qui justement a le plus besoin de s’améliorer : le système fonctionne-t-il pour lui ? C’est l’un des grands problèmes de tous les systèmes punitifs et de tous les systèmes de récompenses. C’est en fait, probablement, l’un des grands problèmes de tous les systèmes de gestion du comportement.

Je n’ai pas encore toutes les réponses et je sais que, même si mon fonctionnement actuel fonctionne sans problème depuis deux ans, je tomberai un jour sur un élève avec lequel ça ne fonctionnera pas et cet élève m’obligera à me remettre en cause et me permettra, du coup, de m’améliorer encore.

Ce que je fais aujourd’hui

Je disais donc : système de loin perfectible, notamment parce qu’il fonctionne par changement de couleur « à la faute ». Perfectible car, à part par mes paroles et mes mots dans le carnet de liaison, je ne suis pas sure que tous les enfants en réussite se sentent suffisamment valorisés. Ma réflexion suit son cours…

J’ai donc une simple affiche avec 4 colonnes de couleurs : vert, jaune, orange, rouge. Toutes les étiquettes sont en vert en début de journée. Comme je l’ai dit plus haut, je l’utilise peu mais du coup, quand je l’utilise ça fonctionne. Par exemple, deux élèves bavardent sans cesse. Je le leur fais remarquer depuis des jours. Eh bien, au bout d’un moment, sans forcément dire quelque chose, je déplace leurs étiquettes. En général, le calme revient immédiatement dans la classe car c’est quelque chose de rare et donc cela signifie clairement « trop, c’est trop » ! Dans une journée, je ne vais en général déplacer qu’une ou deux étiquettes d’une couleur la plupart du temps. Parfois, en fin de semaine, je peux en déplacer 4 ou 5 s’ils sont vraiment pénibles. Les jours de pénibilité extrême, ça peut être la moitié de la classe. Bref, je ne me fixe pas de quota mais je pense que ces valeurs peuvent donner un ordre d’idée et permettre de « comparer nos degrés de tolérance » (qui sont propre à chacun, entendons-nous bien, l’essentiel c’est que ça fonctionne).

J’essaye de laisser plus de chances à un élève en difficulté de comportement, notamment pour éviter qu’il passe son année dans le rouge et que ça le braque. Comme je ne déplace que rarement, comme il n’y a pas un système précis de « 3 avertissements avant le changement » par exemple, personne ne me fait jamais de remarques sur le sujet. Cela dit, j’ai déjà eu des « t’es plus sympa avec lui que moi », et dans ce cas j’explique (de préférence en différant l’explication pour ne pas tomber dans le piège de « on lance la maitresse sur une explication pour ne pas travailler » que les CM pratiquent souvent). Travailler sur la notion de handicap peut être très constructif dans ce cas-là. Mais tout ça est un autre thème encore !

Ce changement de couleur n’est associé à aucune sanction. Le jaune n’est pas grave, cela veut dire qu’on a fait un petit écart et, de toute façon, si on est sage ensuite, on retourne dans le vert le soir. Le orange est un peu plus grave, ça fait déjà deux fois ! Il faut réfléchir pour se reprendre. Le rouge veut dire qu’aujourd’hui, ce n’était vraiment pas une bonne journée. Il ne sert à rien de culpabiliser l’enfant ni de lui faire des reproches. Je ne punis pas en plus. Il n’y a pas forcément rendez-vous ou mot. Le simple fait que l’enfant colorie sa petite case en rouge le soir le force à réfléchir, car il devra montrer cette couleur à ses parents à la fin de la semaine, et en général, il est en vert ou jaune le lendemain ! Je n’oublie pas de souligner les progrès dès les premières minutes du lendemain : « Je sens qu’aujourd’hui, tu es plus concentré et que tu as envie de mieux faire. »

L’idée qu’on développe en classe, c’est que toutes les règles existent soit pour leur sécurité, soit pour que tout le monde puisse travailler. Quand on ne les respecte pas, on se punit tout seul car on travaille mal ou on se met en danger. La couleur est un indicateur et un outil de suivi pour les parents. J’ai, cette année, un élève qui me dit « Je m’en fiche de ma couleur, c’est qu’une couleur » mais cela n’empêche qu’il devient beaucoup plus calme après un changement si je ne l’accule pas. Reste qu’il faudra que je travaille encore ça avec lui, car il doit prendre conscience que c’est pour lui qu’il doit bien se comporter, pas pour moi, pas pour ses parents.

Parfois, les conditions de travail sont trop mauvaises, car trop d’agitation et de dissipation générale. Ces jours de « pénibilité extrême », je passe en « alerte rouge ». Cette « alerte rouge » peut durer quelques jours. Je leur explique que j’ai l’impression qu’ils pensent pouvoir faire des bêtises car ils vont se rattraper ensuite mais que ce n’est pas le but : le but, c’est d’être calme et prêt à apprendre tout de suite. Alors, pour qu’ils s’entraînent à faire bien tout de suite, ils ne pourront plus remonter pendant l’alerte rouge. Du coup, les sages ne sont pas punis par ce système et beaucoup redoublent d’efforts pour ne pas changer de couleur. Cela dure rarement plus de deux jours. Le lundi, on reprend sans alerte rouge. Ils savent qu’ils doivent collectivement regagner le droit de se rattraper par leur comportement, ils doivent aussi s’encourager mutuellement, se motiver à mieux faire. Bref, le collectif prend le relais et soutient les efforts individuels.

Les sanctions

Les sanctions sont rares, mais toujours en lien avec la faute. S’il bavarde, il est mis seul, mais je lui précise souvent « Ce n’est pas une punition, c’est pour que tu te concentres mieux ». S’il ment, se moque, bavarde, il doit s’excuser mais surtout se corriger et s’engager à faire des efforts pour ne plus recommencer (et je l’y aiderai si besoin). S’il a fait mal à un autre, il doit venir avec cet autre, se dénoncer de lui-même puis accompagner l’élève pour qu’il mette de l’eau, vérifie qu’il n’a pas de blessure ou se fasse soigner (il perd donc du temps de jeu mais répare son erreur). S’il est trop agité, s’il dérange trop la classe, alors il peut perdre son service sur le temps de la journée car il n’est plus en état de le faire (un service doit aider la classe, pas déranger). Bref, je n’ai rien de très précis pour le coup ! Je fais au cas par cas et, comme cela reste assez rare (et de plus en plus rare d’ailleurs), ce n’est jamais discuté. Il m’arrive de priver partiellement de récréation si l’élève ne reconnait pas ses tords (sur un temps de récréation) car je n’ai alors pas la garantie qu’il corrigera son comportement.

 

 

Voilà, j’espère que cet article aura pu aider quelques uns. Je pense que je le corrigerai et l’étofferai au fur et à mesure que me viennent d’autres idées et que je réalise tout ce que j’ai oublié de dire ! N’hésitez pas à partager vos petits trucs en commentaire. J’ajouterai plus tard un paragraphe sur les « petits trucs » de gestion. Je partagerai aussi probablement mes supports et mes règles de classe dans un futur proche. Je dois aussi parler de ma gestion des conflits !

Gestion des comportements et des conflits à l'école.

Cet article fait partie du Rallye-liens « Gestion des conflits et comportements en classe« . Vous y trouverez d’autres articles sur la thématique, notamment avec des idées en matière de gestion de classe, de conseil des élèves, etc.

Un cadre serein dans sa classe, ça se construit

Si vous avez apprécié la lecture de cette article, y avez trouvé des pistes ou vous y êtes reconnus, vous apprécierez probablement le livre « Un cadre serein dans sa classe, ça se construit ». J’y ai repris l’ensemble de mes idées (qui ont pu évoluer depuis la rédaction de cet article) mais surtout, j’ai approfondi ma réflexion et j’ai tenté d’aller plus loin, de proposer des situations et des outils concrets,

51 réflexions sur “Gérer les comportements”

  1. Merci d’avoir pris le temps d’analyser et d’expliquer ta démarche. Je suis tout à fait d’accord avec toi pour ce qui est de la sécurité affective, même si j’ai moi-même du mal à le mettre en oeuvre avec les plus difficiles. La confiance comme outil plutôt qu’un système punition-recompenses, c’est ce que j’aimerais réussir à atteindre!

    1. J’ai mis du temps à y arriver. Je me rappelle de ma première année où une PEMF me disait « tu es encore trop frontale », c’était une critique difficile à supporter. Et en même temps, partout autour de moi, je voyais mes collègues qui fonctionnaient avec ce frontal et semblaient dire que tout allait bien. J’avais droit à de nombreuses critiques et encore aujourd’hui « Quoi ? Tu laisses le droit à tes élèves de CE1 de te faire un calin ?! » laissant presque entendre que tu ne sais pas te faire respecter. Certaines habitudes et certaines représentations ont la vie dure.

      En plus, réussir à observer chaque élève, à le comprendre, à le voir comme un enfant en souffrance sans doute, en manque de reconnaissance ou alors tout simplement qui n’a pas les outils et les repères pour bien se tenir… c’est peut-être le plus difficile lorsqu’ils mettent nos nerfs à rude épreuve. Il y a des jours où c’est plus difficile, parce qu’ils n’arrêtent pas de parler et que je trouve pénible de faire classe quand on parle en même temps que moi. Pourtant ce n’est pas un manque de respect… plutôt un manque de concentration !

      Ce qui finit par aider, c’est qu’à la fin de chaque année, j’ai au moins réussi à percevoir le coeur en or de ces petits ou grands enfants et la gentillesse dont ils étaient (potentiellement) capables. Petit à petit, ça nous conforte dans l’idée qu’il y a toujours de la bonté et de la douceur chez chaque enfant.

  2. Merci pour ce partage qui amène à réfléchir et me conforte dans l’idée que si on aime pas ces élèves et qu’on ne s’efforce pas de les voir d’abord comme des enfants, le quotidien devient plus que compliqué avec les troubles du comportement qui semblent se généraliser chez les élèves..

    1. Je suis contente que ça puisse pousser à la réflexion car c’est précisément le but : non pas un guide mais plutôt une invitation à échanger, réfléchir, creuser le sujet. Je vois trop souvent des profs chercher un « système » alors que je pense que le « système » est très secondaire et la posture est bien plus importante.

      N’hésite pas à partager, toi aussi, ce que tu fais avec tes élèves.

      Les troubles du comportement et les élèves difficiles seront le sujet d’un autre article que je préparerai surement pour ces vacances ou un peu avant. Je dois déjà peaufiner celui-ci !

    1. J’en avais effectivement entendu parlé mais je n’ai, pour ma part, malheureusement pas l’équipement adéquat. C’est cependant un outil qui risque d’exploser lorsque nous aurons tous nos TBI, comme cela est actuellement prévu.

      Cela dit, de mon côté, je crois que je m’oriente plus vers du « moins de système » alors d’ici là, je ne sais pas où j’en serai dans mon cheminement. Je garde tout de même sous le coude !

  3. Bonsoir !

    Merci beaucoup pour cet article ! Tout d’abord très rassurant : je suis T1, et je teste, teste, teste, en finissant souvent mes journées en me disant « je n’y arrive toujours pas ». C’est agréable de réaliser que tous les profs ont essayé plusieurs choses avant de trouver quelque chose qui fonctionne mieux 🙂
    Ensuite, cela correspond vraiment aux principes que j’essaie de mettre en place, et me donne des indices supplémentaires dans ce sens.
    Donc merci beaucoup !

    J’ai des difficultés à trouver mon système de gestion car je n’aime pas tout ce qui est régressif … Je préfère essayer d’inciter les enfants à bien agir pour éviter qu’ils agissent « mal » … Pour l’instant, j’ai surtout un système de « gestion du travail » (http://voyagealecole.eklablog.com/motiver-le-travail-des-enfants-a126659140) et je m’inspire du Whole Brain Teaching dans ma gestion de classe (5 rules + Class/Yes seulement). J’ai aussi une grille de bingo pour la gestion du groupe classe (toujours dans le positif …) et pour la gestion individuelle, je discute surtout avec les enfants, essaie de ne jamais crier, et fais un peu au feeling .. Mais je sens que cela a des fois ses limites et que je ne sais pas comment réagir, ou réagis mal.

    Les systèmes à couleur semblent fonctionner et effectivement, dans le tien, les enfants peuvent ensuite repasser dans le vert et donc savent qu’ils ont droit à l’erreur, c’est intéressant ! Je retiens 🙂

    Merci encore !

    1. Tu pointes effectivement le principal défaut de mon système : du négatif. Cela dit, il y a des jours, j’oublie même qu’il existe. Et puis, ce que j’avais testé en positif avait ses limites aussi. Une collège pointait du doigt quelque chose de très vrai : à récompenser les bons comportements trop souvent, on récompense quelque chose qui devrait être normal… et dans la tête de l’élève, ce qui devrait lui paraitre normal est alors conçu plutôt comme un « exploit », une prouesse, quelque chose d’exceptionnel. Est-ce forcément une bonne chose de passer son temps à distribuer des perles ? des bons points ? ou que sais-je d’autre… Je n’ai pas encore arrêté mon avis sur la question.

      Quoiqu’il en soit, je crois que notre posture et nos mots sont plus importants que ces systèmes. Moins il y a de règles, plus elles sont simples et comprises comme une nécessité, moins il y a de systèmes complexes et plus on est dans le dialogue, plus ça marche. Du coup, ce que tu propose semble tout aussi pertinent !

      Alors oui, on y va au « feeling » et parfois on se loupe, mais le feeling s’améliore petit à petit. Si à chaque fois que tu as un loupé tu te poses des questions et cherche des éléments de réponse dans ton expérience, dans celle de tes collègues, dans les livres ou les sites internet, tu devrais voir de nets progrès très rapidement et tu te sentiras plus à l’aise. Cela dit, je crois que mon feeling est beaucoup aidé par ma licence de psychologie pour laquelle j’ai pris toutes les spécialités possibles autour de l’apprentissage, du développement et de l’enfant. Je continue de beaucoup lire à ce sujet, de me renseigner sur un maximum de profils, je complète mon empathie par des connaissances théoriques sur l’enfant dans l’espoir de mieux les comprendre.

      1. Bonjour Ayleen,
        merci pour tes partages précieux.
        J’aimerais approfondir mes connaissances sur le développement de l’enfant.. as tu des conseils de livres à ce sujet? je voudrais particulierement pouvoir lire sur differents profils et les troubles du comportement

        1. J’aime beaucoup la collection « 100 idées pour » qui m’a beaucoup aidée dans mes toutes premières années. Encore aujourd’hui, il peut m’arriver d’en relire un et ça fait toujours du bien. Ce sont des collections très orientées sur le concret et ce qui peut être mis en place, même s’il y a toujours plus ou moins de théorie derrière, bien sûr : car il faut comprendre pour bien agir. Voici une petite sélection :

          Je n’ai pas lu les deux derniers mais tous les autres, si. Ils sont très bien, expliquent très bien et sont d’une grande aide ! Pour des ouvrages plus théoriques, j’avoue ne plus avoir de titres en têtes. J’avais étudié tout ça du temps de ma licence et j’empruntais les livres à la Bibliothèque Universitaire, donc je ne me souviens plus du tout !

    1. Merci pour ce retour Christall. Ravie que le blog te plaise. En espérant que tu y trouves ce que tu cherches, ou d’autres choses encore :P.

  4. Après avoir longtemps cherché et tâtonné comme toi, je suis arrivé au système des ceintures, un peu à la façon de Charivari. Pas de récompense à proprement parlé mais des droits que l’on peut utiliser …ou pas et des devoirs de plus en plus importants en parallèle. Si tu es intéressée, il y a plein de sites qui en parlent , avec deux références pour moi :Charivari et Bruce Demaugé. J’ai ce système depuis 3 dans ma classe et mes élèves m’ont réclamé la création d’une ceinture supplémentaire.

    1. Bonjour Nannemiel. Il est vrai que je n’en ai pas parlé mais j’avais eu l’occasion d’expérimenter ce système à quelques reprises, notamment lors de remplacements. Si j’adhère au principe pour les apprentissages, j’ai du mal à me faire à ce système parce que j’ai tendance à oublier les systèmes, tout simplement. Pour te dire, la plupart du temps, mon affichage ne bouge pas. Pourtant, parfois, les élèves peuvent avoir un petit coup de moins bien. Mais bon, les dispositions que je décris dans l’article suffisent, en général, à calmer les choses. Et puis si ça ne va pas, le simple fait de replacer une étiquette leur rappelle l’existence de cet indicateur et suffit à calmer la plupart.

      Cela dit, l’an prochain, j’ai une génération bien plus corsée qui se profile alors je vais peut-être devoir faire un effort de rigueur. Et puis qui sait, peut-être des ceintures ?

      En tout cas, merci pour tes références. Elles en sont pour moi aussi et comme je n’en ai pas parlé, tu as très bien fait de le faire ! 🙂 Merci beaucoup !

  5. Je me retrouve complètement dans ton article, et j’ai l’impression que nous avons vécu les mêmes cheminements… même si les miens sont peut-être moins aboutis. Ce sont mes six années en IME qui m’ont permis d’explorer et d’expérimenter. Depuis deux ans, je suis revenue dans le système « ordinaire » et j’ai la chance d’avoir comme plus gros souci : le bavardage. Il y a toujours ces enfants à besoins éducatifs particuliers mais je te rejoins dans l’importance de notre posture à leur égard. Je suis également à la recherche d’un système de gestion positif pour « évaluer » le comportement à la journée. J’ai aussi les bandes de couleur, et chaque jour, en fin de journée, les enfants colorient leur rond de la couleur de leur avatar (tous choisissent un animal en début d’année… pour une part affective, mais en même temps, si l’animal change de case, c’est moins « violent » que s’il s’agit du prénom.. et il n’est pas forcément identifié de tous tout de suite). Le vert est récompensé d’un bon point (et oui, j’ai cédé mais cherche à en décrocher!) et quand toute la semaine est verte, je leur offre une bille. S’il y a du orange, ils me rendent un bon point, et rouge (TRES rare) 2 bons points. Les parents doivent signer chaque jour (au moins, je vois s’ils ont ouvert le cahier et vu les devoirs_car je ne donne pas d’écrit.).
    Je vois les limites de mon système et pense en effet qu’au-delà d’un système miracle, notre posture joue beaucoup. Je reste perfectible dans ce sens… (notre patience est parfois mise à rude épreuve!).
    Merci pour ton explication en tout cas, ça m’a permise de prendre le recul que je n’avais pas encore fait et d’éclairer certains points qui me déplaisaient dans ma pratique.
    A bientôt!

    1. Merci pour ton retour si complet ! En effet, quel que soit le « système » qu’on adopte, il est perfectible. Récompense ou pas ? Positif ? Négatif ? Les deux ? Peut-on perdre l’acquis ou non ? Le rôle des parents dans ce dispositif ? Tout cela est à questionner et bien d’autres choses encore mais comme tu le dis si bien : personne ne semble avoir trouvé de recette miracle qui marche tout le temps. Peut-être que je ferai complètement autre chose l’année prochaine !

      Il y avait un gros engouement sur les systèmes à l’époque où je débutais : les ceintures, les clés, les permis à points, les jokers, les nuages et les soleils, les contrats, etc. A la recherche du système parfait ! Et puis, je vois que finalement, petit à petit, c’est la désillusion. Plus on en fait, plus c’est compliqué, et moins ça semble fonctionner (en tout cas pour les élèves qui en ont le plus besoin). Au final, ce sont les sages qui s’intègrent toujours bien dans ce système et les autres qui le rejettent. Du coup, quel intérêt ? Ce sont des questions qui persisteront encore un bon moment je crois, et qui ne datent pas d’hier qui plus est.

      Je réfléchis déjà pour l’année prochaine qui sera, je crois, plus dure que mes années précédentes. Il faudra alors que je me renouvelle et arrive à m’adapter. J’aime beaucoup ton idée d’un « avatar ». Il faudra que je potasse ça. Je le faisais il y a quelques années mais les élèves ne choisissaient pas. Leur permettre de choisir peut faire une différence non-négligeable !

      Quant à notre posture perfectible, elle l’est pour tous. On a nos jours avec et nos jours sans. On est humain !

  6. Merci ! ton article est très clair et reflète une prise de recul et une expérience précieuse pour nous tous ! Merci encore d’avoir partagé

    1. Avec grand plaisir ! Je suis ravie que l’article soit utile et je te remercie d’avoir pris le temps de laisser un commentaire. Si jamais tu as des expériences à partager, des idées, des questions, n’hésite surtout pas. Je rêve que ce blog devienne un lieu de rencontre et d’échanges, et même les visiteurs (surtout eux) ont à apporter !

  7. Bravo pour ce bel article, très clair et très éclairé! En REP nous avons affaire à beaucoup de comportements réfractaires et provocateurs et en 5 ans, j’ai pu constater qu’il n’y avait rien de mieux que le dialogue individualisé pour éteindre un feu… La sécurité affective est l’un des piliers de base dans la pyramide de Maslow de la motivation, donc, elle est incontournable et effectivement, ce qu’on nous dit à l’IUFM ou l’ESPE sur notre position d’enseignant non-affectif, c’est du grand n’importe quoi!
    En tout cas, je suis d’accord avec toi sur tout et cette année, je tente même une année sans système de couleurs, mais je « muscle » le côté conseil de classe et règlement coopératif des conflits… On verra!

    1. Je tente le conseil de classe cette année pour ma part ! Vu la classe qui m’attend, je n’ose pas me lancer dedans ET supprimer le système de couleur que je « maitrise » un peu aujourd’hui. Mais, dans mon idéal, j’aimerais beaucoup ! Un jour peut-être ! Un pas après l’autre, en attendant. Je partagerai probablement mon dispositif rapidement, pour le conseil de classe, en espérant quelques retours et conseils avant de me lancer :). Sauf que voilà, j’ai l’impression que le temps va manquer avant la rentrée :o.

      Merci d’avoir pris le temps de laisser ce commentaire en tout cas. Je suis ravie que l’article plaise aussi à ceux qui « ont de la bouteille » et ça me rassure, quelque part, d’avoir des retours de ce type sur ma pratique et mes opinions :).

  8. Très bel article ! Je procède exactement comme toi avec 4 bandes de couleurs et sur la journée. Chaque matin, les élèves redeviennent tous verts… C’est un système que j’utilise très peu, comme toi, pour bien marquer les esprits quand c’est nécessaire. Mais c’est vrai que tout cela dépend de la tolérance de chacun. La seule petite différence, c’est que ce sont les élèves eux-mêmes, qui déplacent leur étiquettes dans la couleur suivante, et ils n’aiment pas trop cela !
    Chaque fin de semaine, ils font signer leur fiche aux parents pour info aussi et si la semaine précédente, ils ont été dans une autre couleur que le vert, ils choisissent leur responsabilité en dernier.
    ça fonctionne assez bien, en général, en fin d’année, je ne m’en sers plus.
    Bonne rentrée !

  9. Merci pour ce partage/réflexion! Je crie beaucoup cette année et je ne suis pas contente de moi. Paradoxalement, je les valorise beaucoup et les encourage constamment, ils doivent avoir le ressenti douche chaude/ douche froide avec moi 😉 . J’ai une petite précision à te demander: quand tu dis différer en aparté, est-ce que certains élèves non concernés ne peuvent pas penser que tu ne règles pas le problème et que l’élève s’en sort en toute impunité (par rapport à la victime…)?
    J’ai tendance à poser mon cerveau quand il se passe des choses comme des grands qui embêtent des petits ou face à des propos humiliants. Difficile de garder son calme!
    Depuis la semaine dernière, nous avons mis en place un système de couleur.
    Tout le monde est bleu le matin, si je n’ai rien eu à dire de la journée on peut passer au vert et y rester. Le vert donne accès à une plus grande liberté et des activités autonomes plus sympa (jeux sur l’ordi, loisirs créatifs). Les élèves semblaient trouver ça juste. Il y a aussi le jaune et le rouge qui fonctionne comme pour ta classe. J’espère que ça va fonctionner!

    Pour anecdote, une formatrice a failli faire un malaise quand j’ai dit en formation directeur que j’aimais mes élèves tous autant les uns que les autres. Elle a ouvert de grands yeux et m’a dit en riant: « vous voulez dire que vous les considérez… » (elle pensait corriger un écart de langage ou un lapsus). Je lui ai répondu « non pas du tout, je considère tout être vivant et mes élèves, au bout de trois jours de classe je les aime. C’est ma façon d’être et d’enseigner. » Elle est devenue toute verte!!! J’espère même que si un jour ce n’est plus le cas, j’aurai le courage de changer de métier!

    En te remerciant pour tout ton travail et ton partage!

    1. Merci pour ce commentaire si détaillée. Je viens de rentrer il y a peu alors je vais manquer de temps mais je reviens vers toi très vite pour apporter une réponse à la hauteur de ton écrit :).

    2. J’ai aussi parfois ce sentiment de faire les montagnes russes. Les élèves nous font cet effet aussi, quelque part. Tant qu’ils sont capables de voir que nos réactions ne sont pas injustifiées et qu’elles sont graduées, proportionnelles à la cause (en bien ou en mal d’ailleurs), je crois qu’ils arrivent à suivre. Cela dit, le « cri » est un outil de gestion et ne devrait pas servir à évacuer, simplement, l’énervement, la colère ou la frustration. C’est là qu’on est obligé de faire un gros travail sur soi. J’évite de me mettre en colère vraiment, je le fais souvent de manière tout à fait contrôlée. Cela dit, il arrive que je me fâche vraiment, dans ce cas, ça va peut-être juste s’exprimer par un arrêt total de l’activité, du silence, je m’assieds à ma chaise et je les regarde, leur témoignant simplement à quel point ils sont allé trop loin par ma posture. On croirait que ça ne marche pas, mais je n’ai encore jamais eu de classe qui ne se calme pas après ça. Bon, certains ne le remarqueraient pas, alors je vais faire un gros bruit, un « boom » avec mon livre que je pose sur la table par exemple, ou un signal visuel comme le VPI que j’éteins. Bref, j’attire leur attention mais j’évite le cri quand j’ai un autre moyen à disposition. Ça ne veut pas dire que je ne crie jamais, de loin pas, et certaines années plus que d’autres :P.

      Quand je règle les choses en aparté, je prends toujours le temps d’être claire. Soit je vais dire à l’élève, sur un ton qui ne trompe pas « Nous allons avoir une discussion tout à l’heure, tous les deux. » et ça suffit pour qu’il soit clair pour tous que je vais régler la chose. Si jamais je sens que ce n’est pas clair pour tous, j’ajoute : « Ce n’est pas parce que je ne règle pas ça tout de suite que j’oublie : le problème sera traité. ». Soit, le problème concerne un « coupable » et une « victime ». Dans ce cas, la discussion a lieu avec les deux concernés et entre les deux concernés, de préférence. J’en parle dans mon article sur la gestion des conflits. Par contre, pas de « spectateurs », de copains « témoins » ou que sais-je.

      Quant au système, tu vois, peu importe à la limite. Il ne fait pas les gestion de classe, finalement. Peut-être même qu’un jour je saurai m’en passer complètement. C’est un outil. Ce qui importe, c’est l’usage qu’on en fait et le sens qu’on lui donne. Si on arrive à le tenir, à lui donner sens vis-à-vis des enfants, alors c’est une aide. C’est très bien si tes élèves apprécient ton système.

      Quant à ce que le mot « aimer » peut provoquer, c’est difficile parfois. Certains y voient presque un vice, un problème (peut-être même un trouble psychologique ?), quelque chose qui viendrait heurter leur pudeur ou leur conception du « professionnalisme ». D’autres iront à l’extrême, pourront parler d’amour inconditionnel et tout donner à leur métier (au point d’y sacrifier un peu trop ?). Beaucoup y mettront une réalité bien différente. Difficile de nier, cependant, qu’on s’attache à nos élèves et qu’ils s’attachent à nous. Les mots qu’on y met me semblent moins important que la réalité qu’ils essayent d’exprimer, une réalité complexe et si particulière…

      Encore une fois, merci pour ton commentaire si étoffé et riche.

      1. Merci à toi pour ton partage et cet échange qui m’apporte beaucoup! Prochaine étape dans ma gestion de classe: plus de sérénité!
        En te souhaitant une excellente fin de deuxième période, ainsi qu’à tous nos collègues !

    1. Avec grand plaisir ! L’intérêt de ce genre d’article est autant, pour moi, de faire le point que d’inviter chacun à partager son avis, ses expériences et ses idées. Si en plus, cet article peut en aider d’autres à faire le point (ou juste à mettre de mots, car ce n’est pas toujours facile), c’est encore mieux !

  10. Je viens de tomber sur ton article .
    Félicitation pour ce partage dans lequel je me retrouve …. Tu as réussi à mettre des mots simples sur des choses qui nous semblent compliquées à gérer au quotidien. Tout y est très clair et très réfléchi. Cela m’encourage à continuer sur cette voie … J’espère que tes élèves ont ou auront conscience plus tard de la chance qu’ils auront eu de t’avoir et de toutes les valeurs que tu leur auras transmises!

    1. Merci beaucoup pour ce si gentil commentaire ! Ce type d’article est toujours un peu difficile à écrire mais il m’aide, en quelque sorte, à mettre les choses en ordre. Je n’ai pas le recul suffisant pour savoir ce qu’en retiendront mes élèves tout au long de leur vie mais je m’efforce de faire au mieux et ton message me touche beaucoup.

  11. Waouh comme cet article est intéressant. Je suis cette année PES en CM2. Je suis en binôme avec une directrice très strict, et les élèves ont plutôt tendance à se relâcher quand ils sont avec moi. J’ai donc parfois rencontré des problèmes de gestion de classe. Je viens de lire tout ton article et tout ce que tu dis semble « évident » mais en même temps, cela m’a permis d’en prendre vraiment conscience. J’essaye doucement de faire évoluer ma pratique à ce niveau là, pour valoriser les élèves. En effet, au début d’année on m’a souvent dit « il faut être très ferme, dure dès le départ » ce qui m’a enfermée dans une attitude souvent négative. Merci pour tout ce partage en tout cas 🙂

    1. C’est le genre d’article que moi-même je relis de temps en temps. Bon, déjà, ça peut m’aider à supprimer quelques coquilles mais comme je me concentre plus sur le fond… j’en oublie toujours ! Par contre, ça me permet de penser « Voilà où j’en étais à ce moment-là. Qu’est-ce que j’en pense maintenant ? Qu’est-ce qui a évolué ? Qu’est-ce que j’ai oublié en route ? etc. » Eh oui, on se perd en route parfois. Ton exemple est peut-être le plus parlant et le plus fréquent. Quand on a une classe un peu plus difficile que d’habitude, on va avoir tendance à « serrer la vis » un peu plus en début d’année. Sauf que parfois, on s’y perd. Un jour, on réalise que quelque chose ne va pas, qu’on ne se plait pas dans cette ambiance ou qu’on oublie trop certains élèves pourtant si mignons. Et là, on se rend compte qu’on a peut-être oublié certaines choses en route. Tant qu’on a la tête dans le guidon, il est difficile de prendre de la distance, et encore plus quand la classe est difficile et nous « pompe » toute notre énergie au quotidien. C’est valable même quand on n’est plus PES.

      Ce n’est pas une mauvaise chose de marquer le cadre tout de suite et de faire preuve de fermeté (sur certains points) mais il faut aussi réussir à ménager des espaces de liberté et de bien-être pour entrainer les élèves dans une dynamique positive plutôt que de se laisser entrainer soi-même dans une dynamique négative.

      En tout cas, merci pour ton partage d’expérience ! C’est très intéressant de lire ce genre de témoignages.

  12. Dans ma classe de cm1, j’ai mis en place l’échelle de comportement sur la semaine qui fonctionne plutôt bien. Les élèves démarrent tous au milieu de l’échelle et peuvent monter ou descendre. Ceux qui montent dans le « très bien » peuvent avoir des privilèges en fin de semaine … les autres n’ont rien… mais n’ont pas de punition …
    A voir si ça marche l’an prochain. J’essaye au milieu d’instaurer un climat de classe sécurisant…

    1. J’avais un fonctionnement similaire avec des CM1 aussi il y a quelques années mais j’ai trouvé cela affreusement chronophage, pas toi ? Quoiqu’il en soit, je continue à croire que le système importe peu au final, comme je le dis dans cet article. J’espère, un jour, fonctionner sans système.

  13. Merci beaucoup beaucoup beaucoup pour cet article. Je le mets de côté, ce sera à lire et relire au fil du temps !
    Je suis jeune enseignante et cette année j’ai particulièrement été confronté aux difficultés de la gestion des comportements des élèves. J’ai un poste fractionné, sur 4 écoles différentes, toutes en REP+.

    Il y a des systèmes différents dans les 4 classes (code couleur, note, perles…) mais pour autant je suis/j’étais souvent confronté aux mêmes difficultés : comment graduer les erreurs de comportement, comment réussir à garder un climat de classe serein lorsque je suis à bout…

    Et justement, les journées difficiles commençaient à se multiplier. J’avais beau m’investir de plus en plus, je sentais la situation m’échapper. J’étais en train de perdre le contrôle, de perdre patience, et de perdre l’envie. Je commençais à me demander si j’étais vraiment faite pour ça… Parfois je finissais la journée dans un tel état d’énervement que je ne me reconnaissais plus.
    J’étais épuisée, démoralisée et découragée.

    J’ai donc essayé de prendre beaucoup de recul. Et grâce à internet, j’ai commencé à trouver des pistes de réflexion.
    En lisant ton article il y a quelques temps, j’ai vraiment compris que j’avais une part de responsabilité dans ce découragement. La partie sur les principes a permis de mettre des mots sur quelque chose que je ressentais mais que je n’arrivais pas à définir. A partir de ce moment là, j’ai pu entamer une réflexion sur ma pratique et sur moi-même.
    Grâce à la partie « être un modèle », j’ai pu comprendre que c’était moi-seule qui installais ce climat de classe finalement. Le fait de m’énerver pour le moindre écart, ne leur montrait pas des réactions saines.

    Bref, tout ça pour dire que grâce à ton article, j’ai l’impression d’être repartie vers le bon chemin. Je suis loin d’avoir réussi à arriver où je voudrais, mais j’avance petit à petit !

    Merci pour cela, et merci pour ton blog en général !

    1. Merci pour ce retour si détaillé. Cet article comporte des pistes, certaines te parleront à un moment donné et d’autres non. Comme tu l’as bien écrit : c’est le genre d’articles qui se relit, en tout cas c’est comme ça que je le conçois.

      Cela dit, s’il y a bien une chose que je ne voulais surement pas écrire c’est que le professeur est fautif. Avec un même professeur, une classe peut-être adorable et la suivante très mal se passer. Certains facteurs influençant les comportements peuvent être hors de notre portée et les élèves n’arrivent pas « vierges », ils ont déjà vécu des expériences qui définissent leur rapport à l’école. Par contre, nous avons des leviers sur lesquels agir et c’est de ceux-là que je voulais parler.

      Surtout ne te culpabilise jamais ! Ce serait même complètement contre-productif.

  14. Je trouve ton blog super intéressant : ta présentation est très claire, fait le tour de la plupart des questions que je me suis posée au fil des années sur la gestion de la classe, et apporte des réflexions structurées qui, par elles-mêmes, apaisent déjà les difficultés : quand le problème est bien posé, la ou les solutions émergent bien plus « naturellement ». On voit clairement que tu expérimentes des outils, compares des situations et des résultats, et non que tu remets en cause tes compétences, comme tu l’expliques à Clémence. Cette attitude va agir comme un modèle positif pour moi aussi, de façon à rassurer mon propre sentiment d’insécurité : je crois que grâce à toi, lorsque je me sentirai (moins souvent, avec tes conseils avisés) débordée par mes élèves, j’en serai moins affectée et coupable, et que j’aurai une meilleure estime de moi… Merci pour ton effort de partage, je suis admirative et pleine de gratitude !

    1. Merci beaucoup pour ce retour si complet. On fait parfois les choses sans trop s’en rendre compte. Le regard que les autres posent sur notre travail permet alors de nous améliorer et c’est toute l’importance de ce genre de commentaire. J’espère continuer à proposer des articles utiles et qui sauront aider mes collègues. Merci encore pour ton commentaire !

  15. Superbe article. Mon fonctionnement ressemble au tien. Une petite question: tu dis que chaque jour les élèves colorient un carré de la couleur obtenue . Dans le cahier de liaison ? Tu as une grille spéciale qui correspond à chaque semaine ? Ce n’est pas lourd à gérer ?
    Merci pour tout ton travail.

    1. J’avais un petit carnet avec une « case » par jour. Ce n’était pas trop lourd non, il faut penser à se réserver 10 minutes pour ne pas s’énerver en fin de journée et à vérifier pour les élèves qui pourraient « tricher » (tout en vérifiant aussi quelques carnets d’élèves « dans le vert » pour éviter d’avoir l’air accusateur. Jeter un œil à la dérobée sans rien dire fonctionne aussi. Parfois, je vois qu’il a pris le mauvais crayon et je glisse une petite phrase non-accusatrice pour que l’élève ait une chance de corriger le tir (« Pensez à vérifier que vous avez pris la bonne couleur » en mettant une main sur l’épaule de l’élève ciblé en passant, un regard appuyé et un sourire entendu mais bienveillant peut très bien fonctionner). Rien ne sert de s’énerver, mieux vaut calmement montrer que nous veillons plutôt que de se fâcher et de partir sur un grand sermon au sujet de l’honnêteté.

      1. Bonjour,
        La rentrée se profile et, malgré mes nombreuses années d’enseignement, beaucoup de systèmes de gestion de comportement testés, je reste en recherche…. Effectivement, je te rejoins quant à la bienveillance à apporter en classe. Les conseils de classe et les messages clairs sont aussi des moments de régulation qui fonctionnent bien car les élèves sont investis directement. J’aime bien ton système de fonctionnement à la journée mais j’ai maintenant un problème avec l’idée d’afficher les prénoms (ou les avatars) à la vue de tous. Cela est pratique mais je crains l’effet « stigmatisant » (!) dû au fait d’être à la vue de chacun … C’est un vrai dilemme pour moi….

        1. Dans l’article « un système de gestion des comportements qui marche… » (qui est plus récent), je propose une alternative à cet affichage car, comme toi, je me suis rendue compte que ce n’était vraiment pas idéal ! En vérité, j’ai encore pas mal avancé sur la question mais je n’ai pas encore eu le temps d’en faire un article. Cela viendra peut-être plus tard. Je ne manque pas de travail ces derniers temps !

  16. Merci beaucoup pour cet article sur un sujet qui me pose énormément question !
    Chaque année depuis le début, je me demande comment mieux gérer cette partie là de la classe au quotidien. Je travaille également depuis mon année de stage en REP et parfois je me dis que je n’arriverai jamais à avoir une classe aussi calme que je le voudrais parce que les enfants n’ont pas cet enseignement/cette éducation là à la maison et que malgré tous mes efforts en classe, ils rentrent chez eux chaque soir et toutes les règles apprises en classe y sont déconstruites (les enfants rois tout ça tout ça). Cela me décourage parfois je dois avouer, avant de me relancer dans une réflexion pour améliorer ma gestion des comportements.
    J’ai eu des classes plus ou moins virulentes mais c’est vrai que ma grande patience semble s’étioler au fil du temps, je tolère moins de choses et j’ai l’impression de « démarrer » plus vite, de crier plus (trop). Pourtant en te lisant je me retrouve beaucoup. Je cherche toujours à établir une relation de confiance avec mes élèves, qu’ils me respectent suffisamment pour ne pas me mentir et vice versa. Je leur répète que l’on a besoin eux et moi de se faire confiance pour pouvoir avancer ensemble, que je préfère la vérité, même si elle n’est pas jolie, à un mensonge. Je suis également de ceux qui acceptent les câlins de leurs élèves, certains en ont vraiment besoin (même si d’autres en jouent parfois) et cela les sécurise.
    J’ai pratiqué les dragons du comportement (dans mon année Taoki) et d’autres systèmes du même type mais j’ai toujours l’impression que ce sont les mêmes qui sont sages et les mêmes qui sont infernaux donc que ça ne permet pas une évolution, une amélioration. Cette année j’ai donc abandonné tous systèmes et j’ai fait « au feeling » mais je crois que je me suis laissée un peu déborder par manque de sanction. Je ne savais pas trop comment régler certaines choses, même si je passais beaucoup de temps à expliquer qu’il n’était pas possible de travailler correctement avec un tel bruit dans la classe. Je pense qu’il faut que je « réagisse » moins souvent afin que cela ait plus d’impact, car sinon ils finissent pas s’habituer. Je garde cependant chaque année la même ligne directrice à savoir que même si parfois je suis sévère, je fais toujours en sorte de rester juste et ça, mes élèves le savent et le disent d’eux-même (« si la maîtresse se fâche c’est pour une bonne raison »), ce qui me rassure un peu.
    J’ai sûrement oublié des choses que je voulais dire au fil de la lecture de ton article mais il est tard 😉
    Encore merci pour tout !

    1. Tu exprimes parfaitement les tâtonnements qui ont été et sont toujours les miens. Sache que tu trouveras surement des réponses à tes questions dans mon livre qui paraîtra le 10 septembre aux éditions esf « Un cadre serein dans sa classe, ça se construit ». Je sais qu’il arrivera un peu tard pour préparer son année mais en attendant je t’invite à lire l’article sur le conseil de classe qui est vraiment mon « dispositif » clé désormais (l’article ici date d’il y a un moment).

      Dans le livre, je parle d’établir une relation de confiance, des règles, des réactions possibles, de la sanction, des systèmes et dispositifs que l’on peut mettre en place, des conflits, des crises, etc. C’est un véritable guide, tu y trouveras des questionnaires pour faire le point, des fiches à remplir pour définir ton propre fonctionnement, des exemples concrets, des retours d’expérience, etc.

  17. j’ai beaucoup apprécié lire ton article ainsi que le premier de ton commentaire qui apparait sur cette page. Avec les années, mon système que j’ai souvent revu correspond beaucoup au tien. Je m’interroge en ce moment pour l’améliorer encore afin de valoriser ceux qui font des efforts pour se concentrer et être sérieux dans leur travail. Je pense du coup ajouter une colonne de couleur qui sera une sorte de colonne « bonus ». Elle donnera « une sorte d’avantage » aux élèves qui s’y trouvent. Je pense y faire monter en fin de journée les élèves qui auront étaient sérieux dans leur travail et leur attitude pour qu’ils bénéficient de cet avantage le lendemain. Ils perdurent dans leur sérieux, ils pourront y rester, sinon ils redescendront et devront attendre de faire une nouvelle  »bonne journée » avant d’y remonter. Mais je suis encore en réflexion….
    Je me suis beaucoup retrouvé dans ton premier commentaire de cette page  » Et en même temps, partout autour de moi, je voyais mes collègues qui fonctionnaient avec ce frontal et semblaient dire que tout allait bien. J’avais droit à de nombreuses critiques et encore aujourd’hui “Quoi ? Tu laisses le droit à tes élèves de CE1 de te faire un calin ?!” laissant presque entendre que tu ne sais pas te faire respecter. Certaines habitudes et certaines représentations ont la vie dure.” laissant presque entendre que tu ne sais pas te faire respecter. Certaines habitudes et certaines représentations ont la vie dure. » Ca me rassure beaucoup car je pense vraiment qu’il est important que les élèves ressentent qu’on croit en eux, qu’on les respectent et que la confiance s’installe dans les deux sens.

    1. Bonsoir,

      Merci beaucoup pour ton retour. Tes interrogations sont effectivement celles que j’ai eu ou j’ai encore. Il faut savoir que depuis, j’ai abandonné ce type de système que j’utilisais au moment où j’ai écrit cet article. Je ne m’y retrouvais plus et n’y voyais plus tant d’intérêt. La lecture de l’article « Et si on laissait de côté les systèmes de gestion des comportements ? » peut peut-être t’intéresser ainsi que la lecture du livre – plus étoffé – « Un cadre serein dans sa classe, ça se construit » où j’explique concrètement ce qu’il est possible de faire.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.