Ce sont les vacances, et beaucoup se questionnent. Je pense notamment à cette nuée de « débutants » que je vois souvent, dans leurs premières années, songer à démissionner, à se réorienter, qui commencent déjà à croire que ce métier n’est pas pour eux, qui pensent qu’ils n’y arriveront jamais (ou dans trop longtemps). J’y suis moi-même passée pour être tout à fait honnête. J’ai eu droit aussi à cette époque où on se sent bien seul(e) face à notre classe et où même notre hiérarchie ou ses conseillers nous semblent bien peu à même de nous soutenir concrètement. Je ne dis pas qu’il faut se forcer quitte à y laisser des plumes, mais je pense qu’il faut au moins se donner un peu de temps. Les années se suivent mais ne se ressemblent pas et aujourd’hui je suis ravie de ne pas avoir baissé les bras.

Mon but ne va pas être, ici, de me poser en donneuse de leçon. C’est malheureusement toujours assez difficile de prétendre partager son expérience sans donner l’impression de vouloir dépasser la limite. Je préfère donc préciser en introduction que tous ces « conseils » que je donne ne sont, en réalité, que le partage de ma propre expérience. Je n’ai aucunement la prétention de tout savoir sur le métier, ni de tout savoir sur tous ceux qui débutent (ou débutent un peu moins)… en fait, je crois même que je ne sais pas grand chose en dehors de ce que j’ai vécu moi-même ! Mes conseils ne répondront peut-être qu’aux questionnements de certains et taperont probablement à côté pour d’autres : mais si je ne peux aider ne serait-ce qu’une infime partie de ceux qui, à l’occasion de ces vacances, ont envie de se poser et de réfléchir à leur pratique ou ceux qui, après sept semaines de rush commencent à se poser beaucoup de question, alors je n’aurai pas publié pour rien !

N’hésitez pas à réagir, à partager vos pratiques ou vos expériences en commentaire, à expliquer votre position sur un thème ou un autre ou encore à donner vos conseils à ceux qui débutent.

Contexte

J’ai débuté dans des écoles où la mixité était/est en voie de disparition, dans des quartiers ou citées à la périphérie d’une grande ville. Les logements sociaux s’y multiplient et y sont construits de manière industrielle pour abriter la population croissante de la ville. Je ne serais pas étonnée d’apprendre que le nombre de classes y a plus que doublé sur les 5 dernières années. On y trouvait des familles nombreuses, souvent débordées, dont l’investissement variable s’exprimait de mille et une façon (plus ou moins virulente ou coopérative). Les débutants (PES, T1 et T2 essentiellement) y sont envoyés puisque c’est aussi l’exode des « anciens » qui s’opèrent au fur et à mesure que le « paysage social » évolue. Les départs à la retraite ne sont pas remplacés par des personnes expérimentées mais des « p’tits jeunes » qui débarquent par dizaines chaque année. Chaque année, des T1 y obtiennent un post définitif sans difficultés au premier mouvement. Bref, le genre de ville, de quartier ou d’école où beaucoup de débutants doivent se reconnaître j’imagine.

Au final, des débuts difficiles, des crises de nerfs, beaucoup de fatigue, d’inquiétude, de temps passé à accompagner les familles, à préparer, à différencier, à conseiller, à consoler parfois… le tout accompagné de la montagne de paperasse qu’on demande aux débutants pour être bien sûr qu’ils travaillent et qu’ils le font correctement (comme si c’était un gage de qualité…).

Si vous vous reconnaissez un peu dans ce milieu, mon expérience pourra peut-être (en tout cas je l’espère) vous être profitable (en tant qu’invitation à réfléchir et non comme un guide à suivre au pied de la lettre). Il s’agit d’ailleurs souvent de conseils que m’ont donné des collègues bienveillants et plus rodés que moi qui n’ont pas hésité à m’épauler dans les moments les plus difficiles. Je partage simplement.

Mes 10 conseils pour débuter plus sereinement

Déculpabiliser, relativiser

La nouvelle génération de professeurs est globalement convaincue d’une chose : la pression est nocive pour les enfants et leurs apprentissages. Elle nourrit l’anxiété et les rends moins performants. Ce que peu semblent réaliser (moi y compris dans mes premières années, et encore parfois aujourd’hui), c’est que c’est aussi valable pour nous. Accepter qu’on débute, c’est aussi accepter qu’on ne sait pas tout mais surtout accepter qu’on ne peut pas tout savoir, tout réussir, tout faire aussi bien qu’on ne l’espérait. Je vous dis ça alors qu’encore cette année, je fulminais contre moi-même parce que je n’arrivais pas à tout faire aussi bien que je le voudrais à cause d’une charge trop importante de travail occasionnée par un retard de livraison. C’est dire comme je suis consciente qu’il est difficile de se montrer tolérant envers soi-même.

C’est d’autant plus difficile jusqu’à l’année de T2 au moins, que les visites se multiplient et que quels que soient les efforts de bienveillance affichés par les CPC, les PEMF ou encore l’inspecteur, on en retient globalement qu’on n’en fait pas assez : on ne prépare pas assez, on ne se documente pas assez, on ne différencie pas assez. Si certains ajoutent « et c’est normal », peu semblent le présenter ainsi. Si vous avez la chance d’avoir un PEMF ou un CPC qui semble faire preuve d’une bienveillance sincère, n’hésitez d’ailleurs pas à lui parler de ce problème. N’allez pas jusqu’à l’accuser peut-être, mais dites-lui que des nombreuses visites auxquelles vous êtes soumises, vous avez surtout tendance à retenir que vous n’en faites pas assez alors que vous sentez bien que vous êtes déjà au maximum, au moins niveau temps accordé. Cela lui permettra d’une part de mieux communiquer, d’autre part de vous aider plus concrètement en vous apportant des méthodes de travail (ou au moins des pistes) pour être plus efficace.

En tout cas, même s’il est vrai que nos premiers élèves sont aussi souvent des cobayes, relativisez. Ce n’est pas parce que votre séance de découverte n’a pas permis d’atteindre les objectifs visés que vos élèves seront perdus à vie. Notez bien que nous avons tous (nous professeurs mais aussi nos amis) appris avec la méthode traditionnelle et que nous nous en sommes sortis. Alors avec vous qui en faites souvent bien plus (ou en tout cas autrement), qui différenciez, qui vous donnez tant pour les élèves en difficulté, vos élèves s’en sortiront aussi. Rappelez-vous d’un professeur, d’une matière quelconque, avec qui vous pensez que vous avez mal appris, dont la méthode ne vous correspondait pas. Cela vous a-t-il vraiment handicapé de manière irrémédiable et éternelle ? Je me rappelle que j’ai appris à lire très tardivement en CP, l’occasion de nombreuses crises de larmes d’ailleurs. Aujourd’hui, j’engloutis des pavés qui me surprennent moi encore, qu’il s’agisse de roman ou de lecture moins divertissante et plus sérieuse. Bref, relativisez : vous n’allez pas gacher l’avenir de vos élèves, vous ne pourrez que leur apporter du plus, du mieux, même un peu !

Lever le pied

Ha ha ! Elle est bonne celle-là ! J’en suis encore moi-même très difficilement capable. Jusqu’à mon inspection d’ailleurs, j’en étais très difficilement capable. Pourtant ça fait un bien fou quand j’y parviens, vous devriez essayer. Et ça nous rend d’autant plus performant quand nous travaillons qui plus est ! Alors, c’est tout bénéf’, pas besoin de culpabiliser.

Tout d’abord, il faut dormir. On vous tanne sur vos préparations, on vous demande deux à trois fiche de prep’ par jour minimum, un cahier journal exhaustif, et vous vous couchez entre minuit et 2h du matin minimum, vous tenez parfois des semaines à coup de 5h de sommeil. Au final, c’est contre-productif. D’abord, pensez à votre santé. Des études sérieuses montrent qu’en dessous de 7h de sommeil, votre cerveau subit des séquelles irrémédiables. En plus de votre bien-être, pensez bien que la retraite n’est pas pour demain et que votre cerveau est votre outil principal alors soignez-le pour qu’il tienne dans la durée. Comme ça, même si vous êtes du genre super-investis et (trop) consciencieux, vous n’avez plus d’excuses : la nuit, il faut dormir ! Ajoutons que si la préparation est importante pour être prêt devant se classe et éviter les temps de flottement, les détours inutiles, les séances inefficaces, notre métier demande tout autant de réactivité. Ce qu’il faut aussi, et surtout, c’est se montrer réactif. En effet, les élèves lancent sans cesse des petites phrases anodines en apparence ici et là, des petites phrases qui témoignent de leurs questionnements. C’est en détectant ces phrases et en y réagissant que vous enseignerez le mieux car vous partirez de leurs représentations pour répondre à leurs questionnements. C’est là que les élèves apprennent le mieux, et l’écart entre une situation standard « imposée » et une situation improvisée à partir d’une question d’élève est vraiment très important. C’est quelque chose qu’on arrive à faire de mieux en mieux au fur et à mesure des années mais quoiqu’il en soit c’est une compétence qui nécessite d’être en forme !

Ensuite, quand vous êtes malade, il faut se soigner. J’ai déjà poussé le vice jusqu’à finir aux urgences à cause d’une bête angine que j’ai trop fait traîner. J’ai déjà fini alitée pendant une semaine à cause d’une petite infection qui aurait pu se soigner plus vite si elle avait été traitée immédiatement. Qu’y ai-je gagné à part d’atroce douleurs et une semaine de perdue pour mes élèves ? On pense souvent, au début surtout, qu’il ne faut surtout pas manquer car on pense aux conséquences : je vais être retardée dans ma programmation alors que je suis déjà en retard, on ne finira pas le programme, les élèves seront en retard l’année prochaine, je vais devoir passer des jours à courir pour rattraper, j’avais passé tellement de temps à tout préparer et là tout sera compromis… et on dramatise un brin ! Au final, au lieu de manquer deux jours pour se soigner, on en manque plus. Ce qui m’est arrivé le plus ? Les extinctions de voix. C’est tellement bête et là encore, à force de pousser un peu trop, nos cordes vocales pourraient bien ne jamais se remettre entièrement. Alors maintenant, quand ça ne va pas : je vais chez le docteur et je me soigne ! Et s’il me dit : prenez du repos, je prends du repos.

D’ailleurs, le repos, ce n’est pas que rester à la maison. Parfois, on est vraiment trop fatigué, on ne supporte plus grand chose niveau bruit, niveau réponses, niveau bêtises, on perd patience parce que les élèves ne suivent pas (alors qu’en fait, c’est très probablement nous qui expliquons moins clairement), bref, on s’agace et ça finit mal. Dans ces moments-là, il faut aussi savoir lever le pied. Deux à trois fois dans l’année, il peut m’arriver d’être dans cet état. Alors, là aussi, il faut lever le pied. Moins de travail en groupe peut-être, ou plus s’ils sont autonomes et calmes dans ce contexte, moins de situation « énervante », plus d’autonomie mais aussi moins de préparation. C’est important de savoir se ménager de temps en temps. On nous parle souvent, à l’IUFM (ou ESPE) de l’importance d’alterner les dispositifs dans le but de favoriser les apprentissages, mais il faut aussi prendre en compte l’état de fatigue de la classe, et, ça on nous le dit moins souvent, le nôtre !

S’organiser, se limiter

Je n’irais pas jusqu’à dire qu’avec le temps, on travaille forcément moins. Ça dépend de beaucoup de chose : changement de niveau, de programme, de matériel (manuels notamment), d’école, envie d’approfondir un point, puis un autre. Je suis de celles qui n’arrêtent pas de refaire dans le but de faire mieux. Je ne pense pas que ce soit un mal, à condition de s’organiser.

Dans une année, je me fixe des objectifs : cette année, je vais essentiellement approfondir français et mathématiques ; l’année d’après, je me pencherai sur sciences/histoire/géo ; l’année suivante, je me pencherai sur l’anglais. On ne peut pas tout faire en un an ! Pour ce que vous n’approfondissez pas, penchez vous sur les guides du maitre, appuyez-vous sur des manuels ou des méthodes, fouillez un peu sur la toile pour voir ce que font les collègues. Bref, absolument personne ne peut tout faire soi-même dès la première année, ni la deuxième d’ailleurs ! Ce n’est pas parce que ce n’est pas vous qui l’avez fait que c’est forcément mauvais. On nous déforme pas mal, à l’IUFM (ou ESPE) en nous faisant faire la critique de méthodes de manière systématique, sans forcément nous inviter à utiliser ces supports. On nous dit, finalement : « Bon y’a une vingtaine de choses qui ne va pas sur cette double-page mais utilisez les manuels surtout ». Comment le faire alors que tout tend à nous convaincre du contraire ? Je sais combien c’est difficile mais, une année, je me suis forcée à suivre une méthode en mathématiques, et même si je n’étais pas d’accord avec tout, même si parfois, après coup, je me suis rendue compte qu’il y avait mieux à faire, il n’empêche que j’ai beaucoup appris et que mes élèves en sont sortis avec d’excellents résultats. Il ne faut pas oublier que ces méthodes ont souvent été construites par des enseignants expérimentés.

Ensuite, il faut se fixer un temps pour travailler, et un temps pour ne pas travailler. Personnellement, je fais beaucoup de route, donc j’ai fini par arrêter de trop travailler le soir car mes journées seraient trop longues sinon et je n’aurais pas mon quota de sommeil. Je prépare donc ma semaine le weekend et ne me laisse que de petites choses pour la semaine (des étiquettes à manipuler pour jeudi, une fiche de lecture, pas beaucoup plus). Je fais mes corrections tous les jours, à midi, et les cahiers rentrent le vendredi à la maison : comme ça, je suis tranquille là-dessus. Ce n’est pas le fonctionnement parfait, c’est celui qui me va. A vous de vous poser des limites, de savoir ce que vous faites et quand. Nous sommes comme les enfants : ritualiser l’activité nous économise beaucoup. Il n’y a pas besoin, chaque semaine, de perdre du temps à savoir quoi faire et quand le faire. Je parlerai de mon « Bullet Journal » à l’occasion mais j’avais déjà partagé un article sur le sujet sur ma page Facebook. C’est un outil utile pour éliminer, petit à petit, ou reporter ce qui est moins urgent !

Ritualiser

J’ai déjà utilisé ce terme pour les préparations, mais il n’y a pas que là ça aide. Ritualiser son temps de classe est essentiel selon moi. D’abord, les élèves les plus en difficulté ont souvent du mal à se repérer dans le temps, à savoir quel jour on est, ce qu’on va faire avant la récréation, après. Et on a beau le dire tous les matins, ils oublient en cours de route. Du coup, si vous faites tout le temps la même chose au même moment, vous leur permettez de gagner en autonomie mais aussi en sérénité. En général, vers novembre/décembre, je n’ai même plus besoin de dire « sortez votre cahier de mathématiques » après la récréation, ils le font tout seul dès qu’ils entrent en classe. Et qu’est-ce qu’on gagne en tranquillité : adieu les « et qu’est-ce qu’on va faire après maitresse ? » toute l’année !

Mais là où on y gagne aussi, c’est quand on prépare sa semaine ! Je n’ai que peu besoin de mon cahier journal car je connais très vite mon emploi du temps. Je n’ai plus qu’à préparer les grandes étapes de mes séquences puis à les répartir. Définir ce que je ferai dans ma semaine ne me prend pas plus d’une demi-heure car j’ai bien préparé en amont. De même, j’ai réalisé mes programmations en terme de semaines et non de période. Je sais donc précisément le temps dont je dispose pour traiter tel ou tel point ou les points que je devrais traiter sur cette semaine. Parfois, j’équilibre en faisant plus d’un thème et moins d’un autre sur deux semaines, en fonction des besoins de mes élèves. J’écris tout cela sur une seule page qui représente ma semaine en un tableau. Vous trouverez tout ça dans mon « carnet de bord » que j’ai mis à disposition. Bref, le fait d’avoir d’un part préparé ma programmation en semaines et d’autre part préparé un emploi du temps très ritualisé me fait gagner un temps fou ! Cela dit, quand on débute ou quand on débute sur un niveau, cela peut prendre du temps de trouver son emploi du temps « idéal » et je n’ai moi-même pas trouvé encore pour mes CE2 cette année car j’ai découvert de trop grosses lacunes en lecture de problème que mon emploi du temps ne permettait pas assez de travailler. Je réfléchis donc encore sur le sujet !

Observer ses élèves, les laisser faire

On manque trop souvent de temps pour prendre du recul. D’ailleurs, on aimerait bien pouvoir s’observer soi-même (quoique je l’ai fait avec une vidéo, c’est assez difficile à supporter en vérité :P). Toujours est-il qu’on a tendance à nous dire que l’enseignant doit toujours être là, actif. En vérité, je pense que c’est en partie contre-productif. Je pense notamment aux travaux de groupe. Lorsqu’on apparaît, on biaise le travail : les élèves commencent à nous parler à nous, plutôt qu’à parler entre eux ; les élèves cherchent « la bonne réponse » au lieu de chercher à résoudre le problème ; les bons ont tendance à plus se montrer, les mauvais à se cacher ; les élèves deviennent parfois passifs, à attendre notre aide ; on a tendance à orienter la recherche et parfois, on les prive de détours riches en apprentissages. J’ai aussi cette année des élèves qui n’osent pas, qui s’inhibent complètement (notamment au niveau de la lecture) en présence d’un adulte. Du coup, j’aime bien les mettre au travail et les regarder faire. Cela me permet d’apprendre à les connaitre, à observer comment ils apprennent, à comprendre leur fonctionnement, leur logique, leur approche, pour ensuite m’en saisir ! Il arrive même que je n’intervienne pas du tout pendant une vingtaine de minutes et que je ne fasse que le tour pour observer et voir où ils en sont. Au final, en fin d’année, je ne sers éventuellement qu’à donner un petit coup de pouce pour ceux qui coincent, ou à apporter des petites connaissances en marge à ceux qui s’orientent vers des thèmes que je n’aurai pas le temps d’aborder avec tous.

Travailler l’autonomie

Qu’on soit en niveau double ou simple (quoique j’aurais tendance à dire qu’un niveau simple, ça n’existe pas), l’autonomie nous sauvera tous ! D’abord, les élèves, car plus ils grandiront et plus ils en auront besoin. Le saut dans le grand bain du collège est souvent difficile car ils manquent encore d’autonomie, ou plutôt, ils manquent de méthodes et n’arrivent pas à transférer leurs automatismes dans un nouveau contexte. Il faut donc leur apprendre à être autonome, mais aussi à développer des méthodes et des outils pour l’être vraiment, même hors du contexte de la classe.

En ce sens, j’ai préparé cette année des leçons de méthodologies pour mieux apprendre à la maison et expliciter ce qui est attendu d’eux en classe. Cela dit, ça ne suffit pas ! Il faut qu’ils sachent pourquoi ils font ce qu’ils font et pourquoi les consignes sont ce qu’elles sont. Par exemple, je leur donne le droit de discuter un peu entre deux activités, lorsqu’il faut ranger le matériel et sortir le nouveau. Cela dit, je ne leur autorise qu’à condition qu’ils soient efficaces. Je fais donc un décompte avec les doigts et ils doivent finir avant que je sois arrivé à zéro. S’ils arrivent avant, je les félicite, s’ils n’y arrivent pas, je rappelle qu’il est important d’être efficace même si on parle en même temps, et que ma consigne doit être plus importante que la discussion en cours : sinon, il faut parler moins. C’est important pour le collectif, pour que tout le monde n’attende pas deux élèves un peu trop bavards et que tout le monde puisse apprendre. A la fin de l’année, je n’ai plus besoin de compter, et souvent même bien avant (c’est déjà le cas la plupart du temps avec ma classe cette année). Une CPC m’avait parlé de ça en terme d’autonomie temporelle. Ils doivent apprendre à gérer leur temps. C’est aussi valable quand on donne une activité en autonomie : vous avez « X minutes », et préciser quelle heure il sera, où sera l’aiguille sur l’horloge. Si on rajoute du temps, il faut préciser pourquoi. Si c’est parce qu’ils étaient dissipés, il faut recadrer et le leur préciser. Si c’est parce que ça semble plus pertinent, il faut le dire aussi.

L’autonomie matérielle se construit dès le début de l’année. Je mets toujours le même matériel dans le sac (à part le cahier de poésie) et la ritualisation de l’emploi du temps fait gagner en autonomie pour les élèves. Comme il y a dictée le mercredi, ils savent qu’ils doivent emmener leur cahier du jour le mardi soir pour réviser une dernière fois, par exemple. Très vite, pour qu’ils gagnent en autonomie, il faut laisser de l’espace et du temps aux élèves pour s’approprier le matériel. Au bout de quelques semaines, je ne suis plus celle qui indique le matériel à sortir : je demande à un élève de le rappeler. Et puis, petit à petit, je ne précise même plus. Je vérifie tout de même que personne ne m’écrive dans le mauvais cahier, même s’il y a des loupés en début d’année ! De même, lorsqu’on utilise le manuel de français, je n’indique plus la page. Je donne le titre et je les fais chercher dans le sommaire. Ainsi, ils apprennent à se repérer dans un livre sans qu’on ait besoin de leur dire la page. On travaillera aussi les index à l’occasion des exposés.

L’esprit d’initiative est un autre élément qui nourrit l’autonomie. A chaque exercice d’entrainement donné, on lit la consigne, je la relis avec fluidité pour une meilleure compréhension, je fais reformuler, je fais un exemple ou plusieurs. Nous lisons ensuite toutes les phrases, ou le texte, et expliquons son contenu pour être surs que rien ne bloquera la compréhension. Ensuite, les élèves posent leurs questions. Ce n’est que lorsque je dis « Allez-y » qu’ils peuvent commencer. A partir de là, s’ils ne savent pas, ils doivent chercher tout seul. C’est assez dur, parce qu’il faut d’une part se retenir de répondre aux questions intempestives (en général, je me force à faire autre chose, pour leur montrer que je suis occupée et que je ne leur donnerai pas la réponse et quand un élève insiste, je lui réponds « où peux-tu chercher ? as-tu relu la consigne ? » etc.). C’est aussi difficile parce qu’au début de l’année, parfois, les élèves ne feront pas tout l’exercice mais à partir du moment où c’est un exercice qui a été choisi parce qu’il était faisable par tous (pour peu qu’ils sachent où chercher la consigne, les aides), ça devrait bien se passer ! Il est nécessaire de laisser du temps et de l’espace à l’esprit d’initiative pour qu’il émerge. Chaque fois qu’on donne une réponse, chaque fois qu’on reformule une nouvelle fois pour celui qui n’a pas écouté au début, ou celui qui n’a pas été attentif, alors on lui dit qu’il a raison de faire ainsi, de ne pas se mobiliser immédiatement et on l’empêche de découvrir ses propres ressources (et de les nourrir). C’est en tout cas mon avis. Petit à petit, on observe des élèves de plus en plus capables de lire des consignes seuls, de trouver en eux ou autour d’eux les ressources dont ils ont besoin, etc. Il peut être intéressant de doubler cette posture à des phases explicites d’apprentissage de la lecture de consignes, sur les outils qui sont présents dans la classe, etc.

Réfléchir à sa posture

Ce qui m’a le plus frappé sur mes premières années, c’est à quel point nous sommes un modèle pour les élèves. Je m’en étonne encore aujourd’hui régulièrement. Ça touche tous les points : je porte un serre-tête, une élève revient la semaine d’après avec le même et avec fierté ; je dis que j’aime le bleu et toutes les filles se mettent à revoir leur position sur cette couleur ; je me montre tolérante, ils deviennent tolérants les uns avec les autres ; je dis que j’adore un livre et la moitié de la classe veut l’emprunter. J’en parle déjà dans mon article concernant la gestion des comportements.

Cela dit, de nombreuses autres questions se posent, et il est plutôt rassurant et stabilisant de s’être posé la question au départ : Comment je m’habille ? Quel niveau de langage j’utilise ? Puis-je m’autoriser quelques mots familiers ? Dans quelle mesure ? Et pour les élèves, quel registre est exigé ? A quel âge ? Doivent-ils vouvoyer ? Quelle type de musique écoutons-nous ? Quels types de films ? Quel équilibre trouver entre ouverture à la culture au sens large et la culture populaire dans laquelle ils baignent déjà ? Quelle place pour le sens de l’humour ? L’autodérision ? Est-ce que je suis une maitresse cool ? rigolote ? directrice ? exigeante ? Nous voulons tous être une certaine maitresse (ou un certain maitre) et dès que nous avons su ce que nous voulions être plus tard, nous avons créé une image de ce que nous serions… Et en fait, il est très rare que cela colle à la réalité ! J’ai longtemps voulu être une maitresse qui parle bien, mais certains mots m’échappent (comme « cool » notamment) : Est-ce que je dois les réprimer ? J’ai fait le choix réfléchi de ne pas les dire trop souvent mais de les utiliser tout de même, notamment sur le ton de l’humour ou pour détendre l’atmosphère. On m’a aussi « appris » que l’humour était à éviter avec les enfants, mais je peine à réprimer l’ironie. Aujourd’hui je l’utilise, en leur expliquant très bien ce qu’est l’ironie, en veillant toujours à ce que le côté humoristique soit bien compris et en usant d’autodérision pour explique que « Si la maitresse semble dire une énorme bêtise, c’est que c’est une énorme bêtise » (en plus on travaille le fait qu’il faut être capable de prendre du recul face à l’information qu’on reçoit, même si la source semble légitime). Ce ne sont que des exemples parmi tant d’autres. Il n’y a pas de bons ou de mauvais choix a priori, mais ils doivent être des choix réfléchis et je conseille même de prendre le temps d’observer les conséquences de nos choix pour pouvoir les moduler et les faire évoluer. Il ne faut jamais se culpabiliser, il faut simplement prendre du recul et apprendre de nous-même, de ce que nous faisons et des retours que nous renvoient les élèves. Je dis souvent que ceux qui m’ont le plus appris sur la maitresse que je veux être et celle que je suis aujourd’hui, ce sont mes élèves et je le pense toujours. Ils nous apprennent bien mieux sur l’enseignement, l’apprentissage ou encore leur construction du social que n’importe quel CPC venu 3 fois dans notre classe.

N’hésitez cependant pas à discuter avec vos collègues, sur la toile ou en vrai, pour recueillir leurs avis, leurs positions. Ils n’auront pas de réponses toutes faites puisqu’il s’agit de vous, mais ils pourront vous donner des éléments de réflexion (un peu comme ce que je fais là, je l’espère). En tout cas, je me ferai un plaisir de répondre ou partager mon avis ou ma position sur les aspects qui vous interrogent en commentaire. Il est difficile de tout traiter en un « si petit » article !

Stabilité et prédictibilité

Une petite « erreur » que j’ai eu l’occasion d’éprouver par moi-même et que je remarque souvent, notamment dans les remplacements à durée indéterminée : le tâtonnement. Alors oui, nous tâtonnons tous en réalité, plus ou moins, avec plus ou moins d’intuition et d’expérience. Mais finalement, avec ce qu’on a de formation, on ne peut pas faire beaucoup mieux qu’essayer et corriger le tir au besoin. Avec le temps, on tâtonne de moins en moins souvent, ou on tape de plus en plus souvent juste, mais sans objectivation et prise de recul sur notre propre pratique, nous ne pouvons que progresser lentement. Je vous renvoie donc à mon « chapitre » sur l’observation.

Cela dit, même si nous tâtonnons tous dans une certaine mesure, ou même si nous sommes souvent amenés, à un moment donné ou un autre à corriger le tir, à modifier notre posture, la stabilité est un élément clé de la gestion de classe. J’ai déjà écrit tout un article sur ma façon de gérer les comportements et ma posture face à ceux-ci, mais il n’empêche que je trouvais important d’insister ici sur la stabilité. En effet, quand on débute, dans nos premières années, il n’est pas rare de constater qu’on est parti du mauvais pied, qu’avec cette classe-là, ce que nous faisons ne fonctionne pas. Cela dit, méfiance : il est important, je pense, de se laisser le temps. Changer de « système de gestion du comportement » toutes les deux semaines, le durcir ou l’assouplir trop rapidement, risque d’avoir un effet négatif difficile à gérer par la suite : les enfants les plus perturbateurs, ceux qui acceptent ou intègrent le moins le cadre, auront beaucoup de mal avec ces changements trop fréquents (ou trop rapides) et peineront à s’approprier un fonctionnement qui change trop souvent. Pire, ils risquent même d’y voir votre incertitude transparaître… et d’en jouer !

C’est un peu comme lorsqu’on donne une injonction à un élève qui fait la tête dure : il faut tenir. Je me rappelle de ma première année où, en début d’année, un élève très difficile refusait de quitter la classe après avoir hurlé et jeté son cahier sur un camarade. J’ai tenu tête. Ça a duré, encore et encore. Au bout d’une quinzaine de minutes, j’ai attrapé un livre d’un élève proche de la porte et j’ai donné des exercices d’entrainement à mes élèves. Puis, je suis revenu à mon élève, persuadée en mon fort intérieur que je n’allais jamais y arriver et me maudissant pour le bourbier dans lequel je m’étais enfoncée toute seule. Et puis, au bout de très longues minutes (plus d’une demi-heure…), il a cédé. Il est allé chez ma collègue. Je suis venue le revoir quand il était plus calme et nous avons discuté. Il ne m’a plus jamais résisté (en tout cas pas plus de 30 secondes :P) ensuite car il savait que je ne lâcherai pas le morceau : jamais. Aujourd’hui, je me dis que ce n’était probablement pas la bonne posture à adopter, dans le sens où ce genre d’affrontement est à éviter autant que possible. Depuis quelques années, j’ai plutôt tendance à anticiper le conflit ou l’opposition pour l’éviter. Mais il n’empêche qu’à partir du moment où j’avais demandé à ce qu’il sorte, il était trop tard pour faire marche arrière. Quand on dit que l’on fera quelque chose, on le fait. La prédictibilité de votre réaction est plus importante encore que la justice, car on ne peut être parfaitement juste en toute occasion (l’erreur est humaine, et nous sommes humains) mais on peut être parfaitement prévisible et réguliers dans nos réactions. Attention, je ne dis pas que la justice ne doit pas être au coeur de nos préoccupations mais là encore, j’invite plutôt à reconnaître nos limites et à ne pas se culpabiliser ou se mettre une pression inutile.

Stabilité et prédictibilité sont des éléments essentiels, selon moi, de la posture à adopter face à nos élèves. Elles les rassure et les cadre, bien plus que n’importe quel système à points, couleurs ou sanctions. Si vous voulez faire évoluer votre posture, je pense que le mieux est de le faire en douceur et toujours de manière explicite : prenez un temps pour parler à vos élèves, expliquer pourquoi vous faites les choix que vous faites. Mettre des mots sur les comportements, les attitudes attendues et celles observées, les raisons et les conséquences : tout cela aide l’enfant à devenir élève, et même un futur adulte ! Pour un changement un peu plus marqué, on peut profiter des retours de vacances (ça tombe bien, c’est dans une semaine et demie) ou d’un retour de weekend : « J’ai bien réfléchis pendant ces vacances et j’ai décidé que nous allons fonctionner un peu différemment…. » Pensez aussi aux parents qui ne s’y retrouveront pas si vous changez sans cesse de fonctionnement ou « d’échelles » : ils finiront par penser que vous êtes aussi perdus qu’eux et cela pourrait ternir la relation de confiance que vous vous efforcez d’établir avec eux.

Les petits détails

D’ailleurs, parlant de relation aux parents, j’ai fini par me rendre compte que les petits détails, les « apparences », étaient beaucoup plus rassurantes pour les parents que la profondeur de votre travail de pédagogue ou de notre investissement. Ne nous trompons pas : notre métier est d’enseigner. Il n’empêche que les parents auront moins confiance en une maitresse qui n’est pas capable d’exposer son emploi du temps en septembre, ou qui sort toujours 5 minutes en retard, ou encore qui prévient un peu tardivement d’une sortie scolaire. Quand vous sortez à l’heure, même si vous avez perdu 5 minutes d’apprentissage pour sortir de classe avant la sonnerie, vous montrez d’une part que vous savez gérer votre temps mais aussi que vous avez de la considération pour les préoccupations des parents (orthophoniste tout de suite après l’école, club de foot, séance de piscine, etc.). Quand vous exposez votre emploi du temps, ou alors les quelques projets que vous avez pensé pour l’année, vous montrez que vous savez où vous allez, vous montrez que vous maitrisez votre année. Quand vous prévenez à l’avance d’une sortie scolaire, vous laissez aux parents le temps de s’organiser pour réunir la somme (si besoin) par exemple, et là encore vous leur montrez que vous avez conscience que ce n’est pas toujours facile. Vous leur montrez, par la même occasion, votre grand sens de l’organisation ! Quand vous sortez en rang bien rangé, ordonné, calme, vous montrez que vous maitrisez votre classe, que les élèves vous respectent (et pourtant, ce n’est pas toujours lié !). A contrario, les parents auront vite fait de croire que c’est la foire dans la classe parce qu’un élève est parti du rang en courant, échappant à votre contrôle, même si tout se passe très bien en classe et qu’il s’agissait d’un élève hyperactif un peu particulier.

Il ne faut pas oublier que les parents ne sont pas dans la classe. Leur parler uniquement de pédagogie et de didactique ne leur dira pas grand chose : ça nécessite souvent un jargon propre aux initiés ou mène à des approximations qui n’ont rien de rassurantes. C’est quelque chose que l’on est essentiellement amené à faire lors des rendez-vous individuels cela dit, pour pousser un élève à aller plus loin ou donner les moyens aux parents d’accompagner leur enfant en difficulté. Par contre, les petits détails vont pouvoir les rassurer ou, au contraire, les inquiéter. Je ne dis pas que c’est bien, ni que c’est mal. Il n’y a aucun jugement. C’est juste un constat qui m’aide beaucoup à avoir des relations apaisées avec les parents et facilite ensuite la collaboration. Faire attention à ces petits détails, même si ce n’est pas la priorité, m’a fait économiser beaucoup d’encre et de salive. Il est plus facile d’aborder un parent à 11h30 lorsqu’on est sorti à l’heure, avec un grand sourire, que de l’approcher alors qu’il poireaute depuis dix minutes à n’a cessé de pester contre vos retards répétés face à tous les autres parents.

La communication avec les familles

On en arrive à la communication avec les familles. Le dernier conseil, et pas le moins important. La première chose qui peut frapper quand on débute, c’est à quel point les parents « ne suivent pas », n’éduquent « pas assez » leur enfant, ne le cadrent pas, ne suivent rien à nos mots, à nos demandes, à l’apprentissage des leçons, ne payent jamais les sorties à temps, râlent trop, etc. Bref, il y a souvent un épais mur d’incompréhension entre les parents et les professeurs qui débutent (pas toujours, je parle de ma propre expérience et de ce que j’ai pu voir). Parfois, il y a un fond de vérité. Parfois, les parents sont effectivement dépassés. Mais souvent, aussi, notre jugement est bien dur envers ces parents qui n’ont pas eu de formation, eux, et qui font du mieux qu’ils peuvent. Quoiqu’il en soit, tout sera mille fois plus difficile (voire impossible) sans la participation des familles. Il faut s’en faire un allié ! Ça ne peut pas toujours fonctionner avec tous les parents, et je ne dis pas qu’il faut en perdre le sommeil, mais je pense qu’il peut être intéressant de se pencher sur la posture que nous adoptons face aux familles pour éviter d’en arriver à une impasse.

Quelques petits trucs peuvent aider au quotidien. Quand un parent vient me voir, je le salue toujours en lui serrant la main. Je dois insister gentiment parfois mais si le parent était tendu, la tension redescend en général. De même, j’évite les discussions imprévues de longue durée : je coupe souvent court en proposant un rendez-vous. Soit c’était important ou la possibilité de faire un point me semble judicieuse et je relance à l’écrit, soit c’était une broutille et le parent arrive à se calmer de lui-même. Il ne s’agit pas de ne pas écouter les familles ou de couper le dialogue mais de le cadrer et de faire le tri entre ce qui mérite vraiment qu’on y passe du temps, et ce qui peut se régler rapidement. Sans cela, certains parents, sans le vouloir bien sûr, présentent le risque de nous « bouffer » : discussion de vingt minutes quatre fois par semaine à la porte, mots à répétition, etc. Le tout pour des discussions qui ne sont pas forcément fertiles et qui peuvent parfois même brouiller les pistes (le parent peut voir en vous une oreille attentive, psychologue ou assistante sociale de fortune, et oublie que votre rôle premier est d’enseigner à son enfant). Quand on prend un rendez-vous, on ne vient pas les mains vides : on prépare de quoi parler, présenter des éléments concrets et des réponses.

La première chose qui peut être trompeuse, d’ailleurs, c’est de croire que les parents ont la solution. S’ils l’avaient, il n’y aurait pas de problème. Ils n’ont que des éléments de réponse. A vous d’observer l’élève, d’analyser, de vous rapprocher du RASED, de vos collègues, de prendre connaissance du dossier s’il y en a un, de vous former, de réfléchir à une ou des solutions et aux questions précises que vous voulez poser aux parents. Ainsi, lorsque vous rencontrez la famille, vous êtes non seulement plus efficace mais en plus, vous allez pouvoir la rassurer et lui montrer que vous prenez les choses en main. Evidemment, cette préparation ne doit pas empêcher d’écouter les demandes des parents, les interrogations ou les inquiétudes. Il ne s’agit pas d’un cour magistral !

Enfin, et même si je le regrette parfois, force est de constater qu’il vaut mieux éviter de trop s’épancher à l’écrit. Aujourd’hui, à force de mésaventures avec des parents plus ou moins bienveillants (plutôt moins à mon égard, pour le coup), j’ai changé ma façon de fonctionner. J’ai un système de couleur qui témoigne du comportement général de l’élève et qui permet au parent de se faire une idée. Si l’orange ou le rouge se répètent, je rencontre les parents et nous parlons. Je ne vais pas écrire un roman sur le comportement de l’enfant car même s’il est factuel, même si je tâche de trouver du positif, il pourra être interprété et je n’aurai aucune prise là-dessus. Je préfère un court mot, précisant en une phrase ce dont je veux parler, pour proposer un rendez-vous. Si le rendez-vous n’est pas forcément nécessaire, il peut m’arriver de toucher un mot au parent à la sortie des classes, mais j’évite en général, ou alors d’appeler la famille. De même, il faut penser à la présence de l’élève : la voulons-nous ou pas ? Parfois, en début d’année, lorsque c’est une bêtise moyenne mais que je sens que l’élève est « fragile », prêt à déraper et à faire bien pire ensuite, je téléphone à la famille, lui parle du problème et propose une courte rencontre. Je précise au parent que je sais bien que la bêtise en elle-même n’est pas si grave mais que je leur demande de jouer le jeu, et d’insister avec moi sur l’importance de respecter les règles. Je m’en fais un complice et nous travaillons alors ensemble pour l’élève. Sans ça, il arrive que le parent nous remette en cause devant l’enfant, ne serait-ce qu’en essayant de relativiser et ce n’est pas quelque chose de bénéfique. L’oral est donc un outil efficace, car nous avons un retour direct de l’effet de nos paroles, et les parents doivent être mis dans la confidence, être des complices.

Autre chose, et c’est surtout valable pour les élèves en difficulté de comportement : ne pas attendre les difficultés pour rencontrer les familles. Je préfère prendre des rendez-vous dès le début de l’année avec certains parents, quand tout va encore bien et quand il y a encore du positif à exposer pour valoriser l’élève mais aussi, parfois, redonner du courage à des parents qui sont définitivement las d’être « convoqués » pour qu’on leur dise que leur enfant est terrible. Avec un peu de chance, les problèmes n’émergeront même jamais ! Pour les moins sensibles, j’ai quand même pour habitude de rencontrer les familles avant la fin du mois de décembre afin de faire un point. Quinze à vingt minutes peuvent suffire mais permettent de rencontrer tous les parents, d’accorder un petit moment à chacun et éviter de créer l’image d’une école qui ne communique que quand il y a des problèmes.

Conclusion

Même après avoir écrit cet énorme pavé, je doute d’avoir tout abordé et je suis pas sure d’avoir choisi les 10 éléments les plus essentiels. Je réagis surtout aux témoignages auxquels je suis confrontée. Je dois bien avouer que je manque toujours un peu de temps pour vraiment poser tout ce que je peux avoir en tête, le structurer, trier l’essentiel du moins essentiel… mais après tout, c’est un blog et non un livre ! Alors, j’espère que vous saurez vous montrer tolérants et que, malgré tout, ce long écrit pourra aider quelques professeurs, débutants ou moins !

D’autres articles viendront compléter cette petite « collection » sur le blog.

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70 réflexions sur “Conseils aux professeurs des écoles qui débutent”

  1. Merci pour cet article on ne peut plus intéressant et tellement rassurant quand à la charge de travail, le sommeil etc… Ayant pour ma part un grand besoin de sommeil, j’en étais arrivée en période 1 à culpabiliser de dormir !!
    Encore merci pour cet article !

    1. De rien @helene ! Et oui, s’il y a un point où je bataille, c’est le repos ! Je suis une marmotte et mes 7h sont rarement suffisantes, d’autant que je ne suis pas du matin et que la distance me force à me lever vraiment très tôt. Mais quand je vois des amies ou des collègues partir au travail avec 5h de sommeil, je suis sidérée. Certaines prennent même la voiture pour une heure de route ! Elles risquent leur santé mais aussi leur vie. Il y a trop peu de communication à ce sujet et après quelques accidents de voiture, j’ai décidé qu’il était temps de ranger ma culpabilité au placard et d’essayer autrement. Nos supérieurs n’en sont pas toujours ravis et ce n’est pas ça qui apportera une bonne note à l’inspection mais au fond, qu’importe ? Notre métier ne doit pas nous détruire et il est tout à fait possible d’être un bon enseignant en dormant un peu plus, comme je l’explique dans cet article.

  2. Tout comme Hélène, je vous dis un grand merci! T1, cet article me fait un bien fou dans cette période de doute et de constante remise en question! Merci 🙂

  3. Merci pour ce partage d’expérience et votre réflexion sur un questionnement, je pense, commun. Après quelques années dans le métier, ce que je trouve le plus dur c’est :
    – de « lever le pied »: je comprends le sens de cette expression, j’ai bien conscience que cela me serait bénéfique, physiquement j’y arrive plutôt bien ;), aujourd’hui, je tâtonne encore pour le pratiquer de façon sereine. Si dans mes 1ères années, je me remettais en cause -je suis trop perfectible, trop exigeante bref, j’ai un problème- je pense maintenant, comme vous, que c’est plutôt une question d’organisation et …de temps…pas facile quand on change régulièrement de niveau!
    – la relation avec les parents: il est parfois difficile d’entretenir une relation bienveillante tout en étant ferme sur sa position. Je pense également qu’il faut avoir les parents « avec soi » pour que cela soit le plus bénéfique pour l’enfant, qu’il y ait une cohérence et un lien entre la maison et l’école. Récemment, un midi, une maman, très à fleur de peau, m’a dit que je criais trop, que je manquais de douceur, je l’ai fait entrer en classe et nous en avons discuté. Cependant, si j’ai pris sur moi pendant ce rendez vous imprévu, j’ai été touchée en plein cœur et j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps une fois la maman repartie. J’avais l’impression d’une injustice entre l’instit que je pense être et l’image de moi que m’a donné cette mère. Cette maman avait cumulé des faits qui lui avaient déplus sans m’en avoir fait part. J’ai l’habitude de dire en réunion de parents en début d’année que, quoi qu’il se passe, ma porte est toujours ouverte, qu’il est important d’entretenir la communication. Quelques collègues me disent que je parle trop aux parents et que je « tends le bâton pour me faire battre ». Je suis persuadée que nous devons entretenir la communication, que le sourire est important et en même temps, je me pose la question suivante: quelles limites je pose dans ma relation avec les parents? J’attends des parents qu’ils me respectent comme je les respecte…
    Je me dis que le jour où j’arrête de me remettre en cause, que cela soit sur le plan relationnel ou pédagogique- je devrai arrêter ce métier car les modes de pensée, les relations, les enfants, la pédagogie tout cela n’est pas figé et évolue sans cesse.
    Votre article était le bienvenu et agréable à lire 🙂

    1. Je me reconnais beaucoup dans ce que tu dis dans la relation aux parents. Alors j’ai observé mes collègues pour qui ça marchait bien. Grâce à un PPRE et un élève que je partageais avec une collègue, j’ai même pu la voir en action.

      Aujourd’hui, dans ma classe, je pense que même si je hurlais non-stop pendant une semaine, les parents ne me diraient rien ou pas grand chose. Le retour qu’ils nous font n’est pas objectif en général et il faut vraiment réussir à se convaincre que ce qu’ils disent ne peut pas être un jugement construit sur des faits, mais plutôt sur un ensemble de ressentis. Souvent, d’ailleurs, ça n’a pas grand chose à voir avec les faits qu’ils dénoncent, mais plutôt par une impression. D’où l’importance des « petits détails ».

      J’avais tendance à être un peu comme toi au début, à avoir toujours la porte ouverte, à accepter que l’on me parle même sur un ton fort désagréable sans relever. Au final, maintenant, et parce que je suis dans une école où les parents peuvent être particulièrement vindicatifs, je balise tout de suite dès la réunion de rentrée. Je précise mes disponibilités, les heures auxquels j’accepte les rendez-vous et celles auxquels je n’en accepte pas, sauf extrême urgence et nécessité. Je rappelle aussi que tout le temps que je passe en rendez-vous, je ne le passe pas à préparer ma classe et donc à préparer ma mission première : enseigner. Aussi, si cela peut se gérer par écrit, un mot suffira, mais je ne prendrai de rendez-vous que si cela est vraiment nécessaire. Je rappelle aussi, toujours en choisissant mes mots, qu’ils « demandent » un rendez-vous (sous-entendu : ils ne l’exigent pas, car j’ai déjà eu droit à cette formulation qu’il vaut mieux éviter : si on accepte, on donne raison au parent ; si on refuse, on coupe le lien). Au final, je dépasse quand même mes heures, comme tout le monde, mais ça montre une chose : c’est moi qui maitrise le cadre. Les parents aussi ont besoin, comme les enfants, d’un cadre (pas le même bien sûr ! il ne s’agit pas d’infantiliser les adultes !). En plus, j’ai remarqué que ça les rassurait : ils ont en face quelqu’un qui tient la route, qui sait où il va, sans pour autant refuser le dialogue. Je suis beaucoup moins remise en cause depuis que j’agis ainsi et les rendez-vous peuvent se passer plus sereinement, autour d’une table, documents à l’appui si nécessaire, avec un véritable dialogue. Je sais que ça peut sembler dur et ce n’était pas naturel pour moi mais si on ne cadre pas l’échange avec les parents, on part dans tous les sens et au final, ça n’aide pas grand monde ! Qui plus est, je suis très émotive alors les rendez-vous surprise, j’en sors plus souvent très mal et le rendez-vous n’aura souvent pas apporter mieux que du discrédit. En temporisant, on arrive aussi à mettre les choses à distance.

      Pour ton exemple, peut-être aurait-il mieux valu lui dire « Ecoutez, je vois que c’est quelque chose qui vous préoccupe et je l’entends. Nous devrions peut-être en discuter plus longuement. Je vous propose de prendre un rendez-vous. » Tu auras le temps de te questionner sur pourquoi, sur les éléments qui l’amènent à penser ça et à préparer ta réponse (il ne s’agit pas de tout nier en bloc, mais plutôt d’anticiper et de réfléchir à tout ce que peut cacher cette inquiétude qui vient d’émerger). Pour la maman, ce sera aussi l’occasion de réfléchir : A quel point pense-t-elle ce qu’elle avait à te dire ? Sur quoi se base-t-elle ? Cela lui laissera le temps de penser à la forme et tu en sortiras moins blessée. Ce n’est qu’une piste, j’espère que ça t’aidera à réfléchir à cette délicate question de la posture à adopter dans nos relations aux parents.

  4. Merci pour cet article. Je suis T1 et parfois perdue notamment au niveau organisationnel… Ton article est vraiment très intéressant.

    1. Bonsoir @Audrey ! N’hésite pas à poser tes questions si tu en as. Après, il est vrai qu’il faut surtout trouver son propre équilibre, celui où l’on se sent bien dans son travail et dans sa vie privée. Et ça, c’est quelque chose de très subjectif.

      Je me rappelle d’un excellent prof à l’IUFM qui m’avait donné à l’époque un conseil très important. Il nous racontait son expérience de professeur, à rentrer et dormir immédiatement tant il n’en pouvait plus. Et puis il nous a conseillé de ne surtout pas perdre de vue nos proches, nos amis et d’essayer de continuer à sortir pour ne pas être qu’un prof, mais préserver notre vie en dehors du travail. C’est l’un des rares professeurs à l’IUFM à nous avoir averti sur ce qui nous attendait. Cela dit, à l’époque, personne ne l’a vraiment cru !

  5. Je me retrouve beaucoup dans ce que tu écris ( ou du moins l’ancienne »moi » s’y retrouve). J’ai débuté dans une classe de CM2 dans un quartier ZUP. J’ai voulu démissionner au bout de 2 semaines… Un conseiller péda a su m’aider. Et je me dis aujourd’hui que heureusement je n’ai pas abandonné. Après 5 années en ECLAIR j’ai participé au mouvement et j’ai atterri au pays des bisounours il y a 3 ans. Le travail de préparation ne me pose plus pb puisqu’il a été beaucoup réduit, mes filles passent avant mes prép qui étaient inutiles et chronophages. Je ne prépare que ce qui peut me servir, les prép qui remplissent les classeurs comme si elles prouvaient un travail de super maitresse ne servent à rien.Recopier des guides pédagogiques, refaire la mise en page d’une prép trouvée sur internet… C’est tellement inutile. J’ai préféré être honnête et dire lors de mes différentes inspections que j’utilisais tel ou tel guide. Cela ne m’a jamais été reproché, un IEN m’a même dit que j’avais raison d’utiliser des outils très bien faits et qu’une des compétences du PE était de trouver les bons outils. J’ai tout de même un cahier journal très détaillé car j’ai besoin de ce fil rouge pour me guider dans la journée.
    Je suis plus détendue, plus efficace. Et surtout j’aime mon métier.

    1. Merci pour ton témoignage @Magda. J’ajouterais qu’effectivement, il faut trouver « les bons outils », mais les bons outils ne sont pas forcément ceux qui plaisent à l’IEN, aux CPC ou aux PEMF. Parfois ceux qui sont là pour conseiller exigent, un cahier journal détaillé, des fiches des prep, etc. Mais il me semble important que rien de tout cela n’est obligatoire et que c’est à chacun de se construire ses outils et savoir choisir ceux qui lui conviennent. Malheureusement, dans la pratique, on sait que si on sort un peu trop des clous, on prend le risque de se faire taper sur les doigts dans le rapport d’inspection ou de perdre quelques points au niveau de la note. Cela dit, vu les remaniement et vu ce qu’apporte cette note, je ne pense pas qu’il faille tant s’en préoccuper ! Faire son boulot en son âme et conscience est déjà bien assez difficile pour s’encombrer de paperasse qui n’intéresse personne. Heureusement, une plus grande tolérance vient avec le temps, comme si l’âge suffisait à justifier de notre investissement.

  6. Sophie Pouille

    Ayleen, une nouvelle fois merci pour cet article, si plein de bon sens (un bon sens qui fait parfois défaut quand nous sommes trop « dans » nos débuts de profs), qui rappelle des choses fondamentales en effet. Hâte de lire la la suite de tes articles !

    1. Merci @Sophie Pouille ! On sait pour la plupart déjà ce qui est dans cet article, ce n’est pas forcément nouveau, mais son but était en effet de proposer une prise de recul, de rappeler les bases qu’on oublie souvent, comme tu dis, dans le feu de l’action (et pas uniquement quand on débute en fait).

      Pour la suite, il y a déjà l’article sur la gestion des comportements, la gestion des conflits, bientôt sur les élèves EBEP aussi.

      Si ce n’est pas déjà fait, tu peux t’abonner au blog soit via le blog lui-même, soit via Bloglovin’ (le bouton B à droite et en bas). Tu seras avertie en cas de nouveauté :).

      En tout cas, merci pour ton retour, merci pour ton commentaire et au plaisir de pouvoir à nouveau partager et échanger !

  7. Bonsoir !

    Je me souviens être tombée sur ton blog en début d’année. J’avais d’ailleurs lu avec beaucoup d’attention cet article 🙂

    J’y reviens ce soir car je suis en M1 MEEF (à l’ESPE donc) et passe le CRPE d’ici quelques mois. J’ai effectué un peu plus de 2 semaines de stage en CE2, durant lesquelles j’ai pris en charge des séances, avec une MAT adorable, bienveillante, à l’écoute… Tout s’était super bien passé.

    Et je me retrouve cette fois-ci en CM2 avec une MAT à l’exact opposé. Elle n’est pas méchante au contraire et m’a bien accueillie, mais les débriefs qu’elle fait des séances sont plutôt piquants. Pour un point positif, il y en a 3 négatifs. J’ai le sentiment de ne rien faire correctement et que je n’en serai jamais capable (alors que rationnellement et en cogitant deux minutes, je sais bien que c’est faux !). Du coup, je suis revenue lire ce petit billet qui, même s’il ne me concerne pas (encore !) vraiment, m’a un peu remonté le moral.

    Merci beaucoup pour ton superbe travail !

    1. @Clochette, comme tu le dis, ce n’est pas que nos encadrants soient méchants, mais plus souvent qu’ils sont un peu maladroits. Ils ont vu plein de choses (normal) mais peinent à cibler pour éviter le sentiment d’un déluge qui s’abat côté jeune prof. Le fait est, aussi, qu’ils savent avoir peu d’occasion de dire tout cela. S’ils pouvaient venir un peu toutes les deux semaines en PES, il pourrait proposer de traiter d’abord d’un point, puis d’un autre, et de progresser ainsi, petit à petit, comme le ferait un enseignant avec ses élèves. Ce serait beaucoup moins brutal. On ne peut pas dire qu’on leur accorde suffisamment de temps. Or, tout apprentissage, même celui d’un métier, en demande beaucoup.

      Je ne sais pas si débuter a toujours été si difficile. Cela dit, aujourd’hui, entre un master, un mémoire et une classe en année de PES, la fatigue n’aide pas et on est facilement à fleur de peau. Qui plus est, on nous demande toujours plus de paperasse, des preps, un cahier journal hyper détaillé, un décompte des heures, des compte-rendus de rendez-vous, etc. On sait très bien que cela sert de « preuve » que nous travaillons. Nous sommes « fliqués ». D’ailleurs, on m’a déjà dit que je ne travaillais pas assez… parce que je n’avais pas imprimé mes fiches de prep mais proposé une tablette ! N’oublions pas ce grand mouvement national, au moins dans les médias et la politique, qui consiste plus souvent à reconnaitre les enseignants comme des feignasses qui ne travaillent pas grand chose et pompent toute l’argent de l’Etat. Bref, pression au maximum, manque de confiance, absence ou manque de valorisation…

      On a vite le sentiment que ceux qui nous donnent des leçons oublient de se les appliquer. Après, je ne connais pas l’envers du décor et, à mon avis, il y a aussi de gros soucis de ce côté-là. Les CPC ne devraient pas, je pense, prendre en charge la formation « magistrale » des animations pédagogiques mais être plus proches des enseignants et plus souvent dans les classes. D’ailleurs, il faudrait aussi surement des renforts de CPC dans les circonscriptions où il y a le plus de débutants. A 2 CPC, on ne peut pas accueillir et accompagner correctement plus d’une trentaine d’enseignants débutants en plus de ceux qui sont déjà présents. Les professeurs d’ESPE n’ont, pour certains, jamais vu une classe. L’autre moitié n’a pas forcément travaillé en primaire et a souvent quitté ce milieu depuis plusieurs dizaines d’années. Alors chacun donne ce qu’il a, ce qu’il peut… mais le résultat ne me semble pas brillant.

      En attendant, ce sont les jeunes profs qui trinquent, qui essayent de s’améliorer car tous (ou presque) ont a cœur de bien faire, de progresser, et s’angoissent même pour beaucoup d’eux-mêmes. alors, j’espère qu’un jour tout cela évoluera dans le bon sens.

      Bon courage @Clochette et ne baisse pas les bras. Reviens par ici à chaque fois que tu en ressentiras le besoin, pose tes questions, ne reste jamais seule. Tous les enseignants s’améliorent toujours ! Tu y arriveras :).

  8. Merci Ayleen, je suis arrivée par hasard sur ton blog hier et lire tes articles humbles, sincères dans lesquels tu racontes honnêtement les difficultés que tu as rencontrées, des réflexions que tu as eu et que tu as encore, est une vraie source d’inspiration. A la différence de beaucoup à l’ESPE et même sur les blogs (attention, je serais à jamais reconnaissante de ces PE qui prennent du temps déjà compté pour partager leurs ressources!!!), tu ne parles pas dispositifs, systèmes mais tu abordes chaque sujet, en te posant les bonnes questions. J’ai beaucoup apprécié ton article sur la gestion des comportements. Tu nous expliques tes valeurs et les principes éducatifs qui sous-tendent ton action.
    PES, je me pose beaucoup de questions sur ma pratique, sur mes erreurs… et il me semble que ta manière de voir pose les questions, dans le bon sens : que voulons-nous/ que demandons-nous à nos élèves avant de déterminer l’outil/ la méthode la plus adéquate. Je regrette que dans ce métier, on parle d’abord outil (format de la fiche de prep, système de comportement…) avant d’évoquer le sens de notre action éducative. Bon, peut-être que je me trompe, je suis toute jeune dans le métier!
    Bref, continue comme ça, tes articles sont d’une grande d’aide pour une pratique plus lucide de ce métier!
    Mais prends le temps de te reposer quand même hein?
    Bonne continuation en tout cas,

    Julie

    1. Quel beau commentaire ! Il est toujours agréable, après avoir passé du temps à écrire un commentaire, de constater que certains visiteurs ont pris le temps d’y réagir.

      Cette position que j’ai prise, d’expliquer le fondement plutôt que de fournir des documents avec trop peu de contexte, m’est venue après discussion avec plusieurs blogueurs. Je ne fait que bénéficier de leur expérience. D’ailleurs, à l’IUFM, on nous disait d’éviter les documents des blogs, justement parce qu’il n’y avait pas de « guide du maitre », et que donc il était bien trop difficile de s’approprier le travail d’un autre. Ils nous conseillaient bien sûr d’investir dans des méthodes et d’acheter le guide du maitre. En un sens, ils n’avaient pas tout à fait tord, dans le sens où j’ai beaucoup appris en utilisant des méthodes et lisant le guide associé. Cela étant, je pense aussi que la communauté de blogueurs évolue et ne se contente plus de partager des documents et des ressources, mais aussi des conseils, des prises de position, des expériences.

      Si je me rappelle d’une chose de mes années de formation, c’est que nos moments préférés (et donc les plus formateurs) étaient ceux où nous partagions nos expériences réciproques, nous enrichissant alors des autres. Les blogs ont, je crois, un rôle à jouer de ce côté-là. Les blogueurs lancent un thème, partagent des idées, et les lecteurs réagissent, apportent leur pierre à l’édifice. Par exemple, dans mon article sur la numération en cycle 2, j’y ai découvert des courants de recherche et des méthodes qui m’étaient inconnus. J’ai acquis certains livres, d’autres sont sur ma liste. Je pense m’y plonger dès que j’ai un moment pour enrichir mes connaissances de cet enseignement. Si un lecteur se promène sur l’article aujourd’hui, il bénéficie lui aussi des remarques en commentaire. Et dans quelques temps, il aura même le droit à un article mis-à-jour à la lumière de mes nouvelles découvertes dans le domaine !

      Bon, le « contre-coût » de cette position, c’est que je n’écris que relativement peu d’article étant donné le temps de réflexion demandé, l’effort de synthèse et de structuration et puis simplement le temps qu’il faut pour rédiger (et se relire, même si je laisse toujours passer trop d’erreurs à mon goût :P).

      Je suis en tout cas ravie de pouvoir apporter quelques éléments de réflexion aux enseignants, et notamment à ceux qui débutent. Plus les années passent et plus j’ai l’impression que le statut de PES empire. Ce n’était déjà pas rose à mon époque, mais ça semble l’être encore moins, même si certains changements partaient d’un bon sentiment. Je compte continuer en ce sens et essayer, toujours, de correspondre aux besoins de mes collègues partout en France (ou ailleurs).

      Merci encore pour ce commentaire :).

  9. Merci pour ton article 🙂 je serai PES en maternelle à la rentrée et ça me rassure! J’avais peur d’être la seule à avoir autant d’appréhension… Ce que j’appréhende le plus c’est de ne pas savoir gérer le stress et la pression que ce soit des parents ou bien de la hiérarchie. Mon deuxième stage de M1 s’est très mal déroulé parce que ma MAT m’a prise en grippe dès le premier jour et je n’ai jamais su pourquoi.. Cependant elle a réussi à me faire douter de mon envie d’être PE ! Alors j’ai peur que cela recommence cette année 🙁 Merci pour tes conseils en tout cas !
    J’aime beaucoup lire tes articles et regarder ce que tu mets en place avec tes élèves. Merci pour le partage de tes expériences 🙂
    Carine

    1. Surtout, surtout, ne panique pas @Ptit Bout ! Tu sais, même moi j’ai douté de mon choix, et pas qu’une fois. Mais la leçon que j’en ai tiré, c’est qu’il ne faut pas se fier à une année, à une classe, à une école. Parfois, le contexte ne nous est pas favorable. Parfois, on fait une erreur et personne ne veut nous laisser une chance de montrer qu’on est capable de mieux. Tout n’est pas toujours joyeux.

      Et pourtant, parfois, d’une année atroce, on passe à une année merveilleuse. C’est ce qui m’est arrivé. Ça regonfle son estime, sa confiance en soi et tout d’un coup, les années se suivent, ne se ressemblent pas mais sont toutes très agréables !

      Sois patiente avec toi-même. Blinde-toi un peu si jamais tu sens qu’on ébranle ta confiance. Discute avec des personnes de confiance, qui sauront te faire voir les choses sous un autre angle. Bref, comme je le dis à mes élèves : la peur ne nous demande pas de ne rien faire et d’abandonner, au contraire, elle nous dit d’agir, mais de le faire en faisant attention. Fais attention à toi, prépare ton bouclier de bonheur, de positif, de bonne humeur, entoure-toi et tu sauras, le jour de la rentrée, que tu n’es pas seule et que quoiqu’il arrive, tu sauras réagir et rebondir : car tu sauras. On y arrive toutes :).

      Bon courage et surtout, ne te laisse pas démotiver : c’est un merveilleux métier :D.

  10. Je pense que tu as écrit l’article qu’il faut lire quand on a un petit coup de mou ou un doute sur sa capacité à être maitresse, tout plein de bon sens et de bons conseils !

    Je garde dans un coin de ma tête la gestion du temps (ton système de décompte, la précision du temps donné pour une activité et s’y tenir) et laisser un peu d’initiative aux enfants (se refuser à répondre aux questions immédiates une fois l’exercice bien expliqué).

    1. Merci pour ton retour. Les points que tu soulignes me semblent effectivement important. Cela dit, je les nuance (car tout est fait de nuance) : une fois qu’on maitrise notre temps, qu’on a appris à ne pas répondre immédiatement à toute question qui se pose, au moment où il se pose, on peut commencer à maitrise aussi, le « quand faire un digression » ou encore « quelles digressions faire » car enseigner efficacement, c’est aussi être alerte aux questions pertinentes et riches des élèves. Cela dit, en IUFM, on ne nous parlait que de ce deuxième aspect (et malheuuuur à l’enseignant « transmissif » qui osait ne pas rebondir sur une question !) mais jamais la première moitié (les points que tu soulignes). Difficile métier 😛

  11. Bonjour Ayleen,
    Un grand merci pour vos articles ! Je vous ai decouvert sur un groupe FB et je suis riche de vos articles. Futur Pes dans le Pas de Calais, votre article semble juste et rassurant pour débuter dans ce métier. Ma seule expérience est l’education de mes 2 enfants (9 ans et 2 ans) bienveillante et tolérante et j’espère faire du mieux avec mes futurs élèves.
    Merci vous donnez envie sans y voir un chemin toujours paisible 😉.

    1. Merci pour ce retour. J’espère vraiment pouvoir apporter ma pierre à l’édifice, avec cet article, en soutenant tous ces profs qui commencent leur carrière, car ça n’a rien d’aisé mais c’est aussi un très beau métier. Avec le temps, on retrouve finalement les raisons qui nous ont poussé vers celui-ci.

    1. Merci et merci d’avoir pris le temps de laisser un commentaire ! Si jamais, au fil de tes lectures, tu as des questions, n’hésite surtout pas à les poser en commentaire des articles concernés.

  12. Wahou super article ! Je passe PES après 1 an et demi en tant que suppléante, pardon, déléguée auxiliaire… Sans vraiment de formation… Au free style…
    Mais cette année ça va être différent !
    J’ai logiquement un ce2 (comme l’année dernière donc en partie rassurant) mais je pense utiliser ton site comme une bonne ressource… Jogging d’écriture,
    Dictée à suspense…
    L’année dernière je faisais matin et début d’après-midi une devinette /charade /phrase à imaginer /opération… Mais pas assez préparé ! Cette année je mise sur l’anticipation… Enfin quand je serai sûre du niveau attribué 😂😀
    Merci d’avance ☺️

    1. Clairement, les petits rituels qu’on met en place le matin gagnent à être anticipés. Soit on opte pour un rituel très répétitif et demandant peu de préparation, soit il vaut mieux préparer en amont. Le fait est que, sinon, c’est souvent ce qui passe à la trappe dans nos préparations. Or, comme on oeuvre dans un temps restreint, il faut pouvoir être efficace et bien cibler ce qu’on souhaite faire apprendre.

  13. Coucou Ayleen. J’adore ton article. Que c’est bien écrit. Cela me remet en mémoire des moments de galère de mes jeunes collègues cette année. Des personnes extra qui pourtant ont eu de gros moments de doute à cause de la pression de la hiérarchie, au point de se demander « suis-je faite pour ce métier? », au point d’en pleurer. J’en étais juste malade ! Moi qui viens d’un milieu extérieur c’est vraiment quelque chose que j’ai du mal à comprendre. J’ai essayé de les accompagner comme j’ai pu, de les rassurer, de leur dire de ne surtout pas douter, qu’il est normal de ne pas tout maitriser quand on débute. Quand le courant passe bien avec les élèves et qu’il y a la volonté de bien faire, c’est déjà un grand pas. Moi je croyais en elles, au final tout le monde a été validé avec brio, alors pourquoi cet acharnement ? Et puis même après ça continue. Dans beaucoup d’école c’est un peu chacun pour soi, à qui sera le meilleur. Heureusement dans d’autres c’est bien différent. Je suis dans une école dans laquelle je me sens bien, nous bossons ensemble et nous partageons. J’ai un peu de route mais pas le cœur de participer au mouvement pour me rapprocher. Merci pour cet article. Je m’en vais le partager, il faut le partager !!!

    1. Merci pour ce retour si complet ! J’ai aussi, encore, ce souvenir de mes premières années de galère, et je ne me sens pas encore tout à fait à l’abris de nouvelles galère en tout genre. Comme toi, je rencontre de très jeunes professeurs qui se questionnent beaucoup, hésitent à poursuivre sur cette voie et se remettent aisément en question. Heureusement, la plupart persévèrent. Si ce remettre en question est globalement une bonne chose, il est aussi bon d’avoir confiance en soi et d’avoir une volonté à toute épreuve. Celles et ceux qui dépassent ce cap parfois douloureux seront, à n’en pas douter, de très bons enseignants !

  14. Merci pour ce « petit » article! T1 cette année dans 3 classes différentes (dont une loin de chez moi) avec en tout 4 niveaux différents, j’avoue que cela fait du bien de te lire!

    1. Et tu m’en vois ravie ! Un professeur qui se sent mal aura bien de la peine à bien enseigner. Le bien-être de ceux qui débute me semble primordial. Comme n’importe quel enfant, parce que nous sommes aussi humains qu’eux, on ne progresse vraiment que dans un climat serein et rassurant.

  15. Je viens de découvrir votre blog et je tenais à vous dire que cet article, ainsi que celui intitulé « préparer son année », rassurent la future PES stressée à mort que je suis (encore plus à l’approche de la rentée). Tous deux répondent à de nombreuses questions et je tenais à vous en remercier ! Au passage, votre blog est un véritable coup de cœur.

    1. Merci beaucoup @Justine ! Je suis ravie de pouvoir apporter un tout petit peu de sérénité à la PES que tu es (car si tu as commencé à préparer, tu as déjà un pied dedans :P) et à tous ceux qui débutent (ou non d’ailleurs) en général. Merci d’avoir pris le temps de laisser un commentaire.

  16. Merci pour cet article, T1 à la rentrée (c’est-à-dire très bientôt) avec une classe de ce2, c’est un peu la panique à bord mais vous lire m’a permis de relativiser et de récupérer un peu de confiance ! Je me relance donc dans mes préparatifs 🙂

    1. Je suis ravie si ça a pu t’aider ! Surtout, n’hésite pas à y revenir quand tu auras commencé. Je fais ainsi avec mes livres. Quand je vois que je rencontre une difficulté, je vais relire un livre sur le thème, même si je l’ai déjà lu. Ça fait doublement du bien : ça force la prise de recul en ouvrant de nouvelles pistes et ça rassure car on réalise qu’en fait, on fait pas mal de choses correctement au final ! Ça aide à réaliser ses propres progrès et ça, ça fait beaucoup de bien.

  17. Plus je lis tes écrits et plus j’aime ce que tu véhicules. Ta façon d’être en tant que professeur est celle vers laquelle je souhaite tendre. Je lis et relis tes écrits pour réussir à m’imprégner du métier de professeur, métier que tu représentes parfaitement dans l’image que je m’en fais. Bienveillance, écoute, cadre, bon sens, humilité, force tranquille et amour. Amour peut faire un peu « fleur bleue », mais je pense qu’on fait se métier parce qu’on aime l’être humain, aussi bien l’enfant (futur adulte) que l’adulte (parents, collègues).
    J’espère réussir à garder cette sérénité que je sens en moi, même si je dois l’avouer, je me bats pour ne pas paniquer, car j’ai tellement l’impression de ne rien savoir de ce que je dois faire et comment, que quand j’entends ma voix négative, j’ai le sentiment d’être un imposteur !! Mais je m’efforce de rester sereine et d’avancer pas à pas. Et comme tu le décris si bien, de ne pas me laisser submerger par toutes ces données et cette masse de travail chronophage. Alors je me garde des moments de vie privée afin d’essayer de garder cet équilibre si fragile.
    Je suis PES et je pense d’abord, cette année, me fier à des livres et des fichiers que je trouve bien construit et intéressant avant de pouvoir créer moi-même des activités permettant aux élèves de mieux comprendre et intégrer ce que je leur enseignerais. J’ai tellement envie d’aider les élèves à réussir et de trouver les moyens de leur permettre d’acquérir cette instruction. Je pense qu’il faut que je garde cette pensée comme leitmotiv surtout dans les moments où je me brûlerais les ailes ! 🙂
    Merci d’avoir créer ton blog et de prendre le temps de partager tes connaissances et tes ressentis.
    Tu es pour moi, une aide précieuse. 😉

    1. Quel merveilleux commentaire ! Merci, c’est très gentil.

      Je crois que tu as parfaitement raison sur le point « amour » (en un sens très large d’inclination, de respect et parfois d’affection). Oh, je ne crois pas qu’il y ait un standard du professeur. Certains professeurs ne font pas « par amour » ou « avec amour », ils font à leur façon et y arrivent très bien tout de même, parce qu’ils ont d’autres valeurs tout aussi honorables et efficaces dans le contexte de l’enseignement. Cependant, moi, je suis un peu comme ça comme tu l’as très bien compris. J’aime ce que je fais, j’aime les enfants et j’aime l’humain. Bien sûr, c’est un « amour » sein, modéré et réfléchi. Je ne « déborde » pas d’amour, je garde ce sentiment en « fond » comme un carburant au moteur qui me fait tourner. D’autres fonctionnent ainsi, c’est ou ce sera peut-être ton cas.

      Tu mets aussi le point sur ce sentiment si dur à accepter, notamment quand on est un brin perfectionniste et ambitieux : cette impression d’être « un imposteur », de ne pas faire un dixième de ce qu’on serait en droit d’attendre de nous. C’est bien sûr faux. D’abord parce qu’on ne peut pas te reprocher de ne pas savoir ce que personne ne t’a appris et que l’expérience ne t’a pas encore apporté. Tu ne le ferais pas avec des élèves, ne le fais pas avec toi-même. Personne n’est en droit de te demander d’être meilleur qu’eux : tout ce que tu sais en tant qu’adulte, on te l’a enseigné (soit des personnes, soit l’expérience) et tu as souvent dû t’entrainer. Eh bien voilà, ton entrainement débute et tes élèves n’en souffriront pas. Ton approche me semble être bonne : on s’appuie sur ce qui existe déjà et très progressivement on enrichit quand on se sent d’attaque ou qu’on a une idée. Petit à petit, on finira par créer soi-même de toute pièce. Ma première année, j’avais fait l’erreur de presque tout faire moi-même, m’appuyant au minimum sur les manuels, conformément à ce qu’on m’avait appris. En plus de m’être épuisée inutilement, c’est peut-être l’année où j’ai le moins appris d’un point de vue didactique. L’année suivante, j’ai fait le pari inverse en mathématiques notamment, avec Cap Maths, et j’ai énormément appris de cette façon. De même, j’ai été plus exhaustive et efficace du point de vue de mes élèves et de leurs apprentissages.

      Quant à la masse de travail, tu as peut-être lu mon article sur le bullet journal ? En été, je me fais une liste de tout ce que je dois faire et je coche petit à petit. En fin d’été, je m’organise en répartissant ce qui reste sur les jours qui me restent. J’élimine ensuite le superficiel et je m’y mets. Tu as aussi un article sur la préparation de l’année.

  18. Bonsoir Ayleen.
    Je découvre ton blog aujourd’hui pour la première fois, j’ai lu plusieurs de tes articles sur la gestion de classe notamment. Je ne trouve pas de meilleur mot que MERCI!
    Je suis enseignante depuis 7 ans, dont 5 ans en ZEP et je me retrouve tout à fait dans les situations que tu décris. Cela fait maintenant 2 ans que je n’ai plus « envie » car les conditions sont difficiles. J’ai l’impression de ne plus me retrouver, d’avoir perdu l’envie parfois d’enseigner, d’être devenue une maîtresse que je n’aime pas et que je ne voulais pas être.
    Lire tes articles me redonne du courage et me fais dire que je peux encore changer ma façon d’enseigner, d’aborder les conflits, les relations avec les élèves et les parents différemment et faire que je reprenne goût à mon métier qui a toujours été une passion.
    Cela fait vraiment du bien de lire tes témoignages, ça me permet de prendre du recul sur mes pratiques et j’ai même hâte de tenter d’appliquer certaines de tes astuces de gestion.
    Un grand merci pour ton partage et pour le temps que tu passes à rédiger tes articles.

    1. Quel commentaire ! Je te remercie de l’avoir écrit.

      J’ai eu, avant de me lancer dans le blog, le début de ce sentiment que tu décris. Je ne suis pas allée jusqu’à avoir perdu l’envie mais je n’avais plus vraiment confiance, j’avais l’impression de m’éloigner dangereusement du professeur que je rêvais d’être, de me perdre quelque part dans un millier de directives auxquelles je ne crois pas toujours. Beaucoup de « fais pas ci, fais pas ça » mais qui n’aident pas. Je me suis « reprise en main », j’ai travaillé ma détermination, mis à distance les injonctions qui n’avaient pas lieu d’être et j’ai découvert avec plaisir que ce métier est bien plus merveilleux lorsqu’on est en phase avec ce qu’on fait ! Alors n’hésite pas non plus.

      Je suis ravie si mes articles ont pu aider à aller en ce sens :).

  19. Merci infiniment pour cet excellent article qui fait beaucoup de bien, merci de prendre le temps de partager tes réflexions et ta bienveillance pour aider d’autres enseignants. Actuellement T1, je me pose moi aussi beaucoup de questions, quand je vois de nombreux T1 autour de moi prêts à démissionner (ou qui l’ont déjà fait), ou quand je m’observe et me découvre (déjà !) à la limite du burn-out. Prendre du recul, essayer de déculpabiliser… Merci encore pour tes conseils et tes ondes positives !

    1. Pendant quelques années, tu verras encore quelques démissions. Peut-être que tu te demanderas si tu ne ferais pas mieux de faire pareil. Au fond, tu es la seule à savoir. Je sais que pour ma part, si j’avais « cédé », je l’aurais regretté. Et même si certaines années sont plus difficiles que d’autres : on relativise. Au pire, ça ne durera qu’un an ! Et même quand tout semble aller mal, si on arrive à être bien dans sa tête, on parvient en général à améliorer les choses. Les miracles ne sont pas toujours possibles mais les élèves progressent toujours !

      Merci d’avoir pris le temps de rédiger ce commentaire. Je pense aussi que lire que de nombreux autres enseignants débutants sont « en galère » fait un peu de bien, parce qu’on se sent moins seul ! Ne jamais être seul, c’est important.

  20. Bonjour. Merci encore m’avoir communiqué me lien vers ton blog. Pes en septembre avec un ce1-ce2, je vais m’inspirer de tes nombreuses pistes. Beaucoup d’idées fusent dans ma tête. Mais je vais m’appuyer des livres scolaires durant cette année et tester certaines choses quand je pourrai. J’attends le retour de mon binôme PE titulaire et à la direction de l’Ecole afin de mieux me projeter . Encore merci pour ton article et je « te » mets dans mes favoris. A bientôt. Alexandra

    1. Tu as bien raison ! Trop de PES, moi la première, se sont épuisés à refaire ce qui existe déjà. Appuies-toi sur une méthode solide et crée quand tu peux. N’hésite pas à poser tes questions en commentaire des articles concernés ou à y proposer tes idées.

  21. Merci beaucoup pour cet article ! PES cette année dans un département supra rural, j’habitude à 50 min de l’école. C’est un choix que je ne regrette pas, même si les trajets sont longs. En début d’année et pendant la période hivernale, j’avais trouvé à me loger à 5 km de l’école. Certes j’étais plus près, mais je restais très longtemps le soir à l’école pour (sur)prérarer, et finalement je n’avais plus de vie personnelle. J’ai pris la décision de faire les allers et retours depuis quelques mois, et même si c’est longs, que je me lève tôt, finalement je suis beaucoup mieux organisée. Etant une grosse dormeuse, je m’arrange toujours pour avoir des nuits de 7h30 de sommeil. Et maintenant que le côté « études » est terminé, je me repose les jours où je ne suis pas l’école. Adieu le réveil !
    Sur l’organisation toujours, je trouve dommage qu’on ne nous impose pas/informe pas d’utiliser un bullet journal, ou du moins, un outil qui nous permette de savoir précisément quand, où, quoi, avec qui, pourquoi… C’est vraiment LA chose qui m’a fait perdre un temps fou. J’avais acheté, comme chaque année, un agenda pour mon année de PES. Fort heureusement, les pages étaient relativement grandes. J’ai vite compris qu’on ne peut pas forcément différencier ce qui relève de notre vie perso de notre vie pro. Et tout noter sur une même page, sans codes, sans hiérarchisation, bref sans organisation, s’avère devenir un vrai cauchemar alors même qu’on a bien d’autres choses à gérer.
    Pour relativiser : je crois que c’est bien le plus difficile à faire quand on débute. Je travaille dessus, continuellement. Mais se rendre compte qu’on n’a pas fait autant qu’on le souhaitait reste tout de même une épreuve pour tous, je pense. Pour ne pas culpabiliser, je pense qu’en effet, le simple fait de prendre du recul peut nous apporter bien des réponses : revoir si véritablement autant de choses sont nécessaires à faire, revoir peut être à la baisse ses objectifs afin de se concentrer sur les principaux, etc. C’est un pan du métier qui est, selon moi, trop dans l’ombre : le recul. Constater ce qu’on a fait, pourquoi et est-ce qu’on a réussi, sinon pourquoi, et comment rectifier le tir. Comprendre d’où proviennent nos erreurs ou nos maladresses pour pouvoir les éviter à l’avenir. L’erreur est humaine, elle n’est pas grave, mais elle doit être comprise afin de ne pas se sentir coupable à tous bouts de champs. Il faut accepter qu’on débute. Et ça, c’est dur. Avoir toujours envie de bien faire, de tenir les délais, de tenir sous la pression qu’on se met nous-même, tout ça nous met à rude épreuve. Et finalement, on se dit que dans quelques années on se dira « mais comme j’ai pu penser une seconde parvenir à ça sans savoir faire ça, sans connaitre ça… ». Chaque jour de notre vie de PE, au contact des élèves avant tout mais aussi des collègues, les changements de classes, d’écoles, de milieux… chaque jour nous allons apprendre. Alors à quoi bon s’en vouloir de n’avoir pas réussi ? Je me demande souvent comment je fais pour être aussi exigeante avec moi même alors que je ne le suis pas avec mes élèves. La bienveillance à l’égard de notre personne est sans doute la clé de bien des maux, et on a souvent tendance à l’oublier.
    Concernant la relation avec les collègues, les parents, les familles, les partenaires de l’école, de part mon expérience je dirai qu’il faut penser à respirer, et à ne pas perdre de vue pourquoi on est là. J’ai eu mon concours du 1er coup, sortie des études sans redoubler, donc je me pointe comme PES à 22 ans. Oui, très jeune. Mais il y a quelques années voir quelques décennies, les PE avaient moins de 20 ans et n’en étaient pas moins respectés. Alors pourquoi se sentir moins capable, moins légitime ? Je me suis fait dire que « l’éducation nationale recrutait au berceau, que c’était du grand n’importe quoi d’être dans une classe si jeune » par un parent d’élève en très peu de temps, sans parler du regard qu’on nous porte. Ce regard qui juge. Mais il faut croire en soi et ne pas perdre de vue le pourquoi on est là. On fera nos preuves en montrant notre professionnalisme, notre capacité de réflexion, notre aptitude à gérer nos élèves dans des situations diverses et variées tout en tenant comptes des objectifs d’apprentissages visés. La légitimité se gagne dans notre métier, mais c’est d’abord être légitime à nos propres yeux qui importe. Si ADMISE a été écrit en juillet 2018 pour moi, avec des notes aux oraux qui m’ont faite rougir, c’est parce qu’on m’a jugé capable de remplir cette mission. Alors je garde toujours cette image en tête pour me dire que oui, je suis PE(S) et je veux que mes élèves réussissent. Bien communiquer, proposer d’être accompagné par un collègue pour les rdv, les papiers administratifs à remplir, et tout simplement être guidé, sont des possibilités qui ne sont pas laissés aux débutants mais à toute personne au cours de sa vie. L’aide et la solidarité sont des vertus qui régissent notre métier, il ne faut pas hésiter à s’en servir pour avancer au mieux.

    Encore merci pour cet article qui remotive les troupes 🙂

    1. Quel retour ! C’est presque un article en plus, tellement complet, tellement authentique. Merci mille fois !

      Je te rejoins sur bien des points mais par contre, je ne crois pas qu’imposer un outil soit une bonne idée. On le fait déjà avec le cahier journal pour les PES (gardant bien de préciser que ce n’est pas légalement obligatoire). Et c’est un véritable drame : non pas qu’on impose de préparer et d’en laisser une trace, mais d’imposer un format (d’autant que chaque tuteur et chaque CPC attendra autre chose, une autre présentation, un autre degré d’exhaustivité). Je me rappelle qu’après avoir présenté une fiche de prep d’une quinzaine de pages, on me reprochait encore de ne pas avoir assez préparé au titre qu’il n’y avait pas le listing des difficultés potentielles des élèves et les remédiations prévues. Pourtant, à l’oral, j’étais parfaitement capable d’en parler… mais ça ne comptait pas. Or, la séance s’était superbement déroulée, sans accroc, et j’avais anticipé. Mais comme ça n’était pas sur l’outil imposé, ça ne comptait pas.

      Chaque élève a besoin de construire ses propres outils pour apprendre, mais chaque enseignant a aussi besoin de se construire ses propres outils. Par contre, présenter ce type d’outils… ça ce serait une bonne idée ! Par les blogs, nous sommes nombreux à espérer pouvoir inspirer et aider, pour que chacun trouve sa voie, ses méthodes et ses outils.

  22. Merci Aylenn !
    Merci à tous les autres de commenter, de partager vos expériences.

    Que l’on soit T1 ou autre, on est une grosse majorité à se poser toutes ses questions…encore 😉
    J’ai appris depuis le début (il y a 16 ans maintenant…..ouhh !!!) et j’apprends encore, j’ai envie de m’améliorer pour moi, pour mes élèves pour mes collègues dans l’école et faire avancer les choses.
    Je rebondis en précisant que oui effectivement il faut faire des choix, prendre du recul….Des choix sur ce que l’on va essayer d’améliorer, des choix dans les programmes aussi, des choix dans la façon d’aborder les problèmes pour les résoudre. Il faut savoir faire le choix de s’arrêter aussi et reprendre plus tard, parce qu’on y revient toujours tout de même 😉 Mais c’est avec plaisir justement pour perfectionner, améliorer. Et c’est cela aussi que j’apprécie dans mon métier.

    J’avais découvert ton blog l’année dernière mais je n’étais pas allée plus loin que le carnet de bord et là j’ai trouvé encore de superbes choses à faire avec mes élèves. Merci pour le partage !
    Bonnes vacances à tous !

    1. Merci beaucoup pour ce commentaire ! Une collègue disait avoir du mal à « faire des deuils » mais je trouve la tournure trop définitive (elle la tenait de notre IEN). Des choix, c’est tellement plus juste. Certaines choses ne sont que partie remise, d’ailleurs ! Mais il faut faire des choix. On ne peut pas tout faire en même temps. Ton commentaire est précieux. Merci !

  23. Je découvre toutes les richesses de ce blog. Passée là pour trouver des réponses à une réflexion sur les manuels de mathématiques (résoudre les problèmes entre autre), je ne peux que saluer votre travail de partage.
    Je vais être PES en septembre, j’ai passé le CRPE en candidate libre et je suis en reconversion professionnelle: autant dire déjà un peu perdue car sans expérience de stage ou autre. En plus, je démarre avec un double niveau, double cycle en binôme avec une nouvelle directrice qui me dit n’avoir pas le temps de préparer au mieux cette rentrée et de travailler en autonomie pour proposer mi aout des manuels et des manières de faire. Un vrai casse-tête, défi, émulation et stupeur.
    Je repasserai là pour lire bien d’autres articles… celui-ci fait un peu peur avant de démarrer dans la profession mais j’en souris.

    1. Merci pour le retour sur le blog ! Quelle aventure que celle dans laquelle tu te lances ! Pour préparer ton année, l’article sur la préparation d’une année pourra peut-être t’aider. En tant que PES, rien ne sert de préparer des mois à l’avance, tu devras sans doute tout modifier dès quelques semaines. Appuie-toi sur des ressources fiables, déjà prêtes, et notamment des méthodes.

  24. Merci pour cet article. Je suis T1 en CM2 et il me fait un bien fou. Je suis une perfectionniste de nature et le métier ne m’aide pas à aller contre ce penchant naturel.

    J’ai dû m’arrêter deux jours la semaine dernière. Gros rhume, plus de 39°C de fièvre, une toux incessante… Et ce qui me rendait le plus malade, dans cette histoire, c’était d’être trop malade pour aller à l’école ! J’ai eu d’autant plus de mal à ne pas culpabiliser que le médecin – que je consultais pour la première fois – m’a donné deux jours d’arrêt à contrecoeur, en me disant « Normalement, je ne vous aurai donné qu’un jour mais avec le risque de contagion, je préfère en mettre deux. » ; pourtant, à J2, j’étais toujours aussi malade et toujours aussi incapable d’assurer une journée de classe. Je pense qu’il n’a pas conscience de combien passer la journée devant 30 élèves est épuisant, surtout avec deux heures de transport en prime, les corrections, les préparations, etc.

    Je me rends bien compte que je ne peux pas continuer comme ça. Je suis proche de ma famille et je n’ai pas téléphoné à un seul de ses membres depuis la pré-rentrée. J’ai l’impression de ne jamais voir mon mari alors que nous vivons ensemble. Je pense que mes élèves ont plus besoin d’avoir face à eux une PE reposée et de bonne humeur qu’une PE qui a 4-5 heures de sommeil par nuit, 2 heures de trajet chaque jour, qui est triste de ne pas avoir de temps à consacrer à sa famille et à son couple, qui n’arrive pas à se prendre trente minutes pour se plonger dans un bon livre, etc.

    J’ai malgré tout du mal à lever le pied car, quand je vois tout ce qui ne marche pas comme je le voudrais dans ma classe alors que je travaille sans relâche, je n’ose pas imaginer ce qu’il en serait si je faisais moins. J’appréhende d’ailleurs beaucoup les visites qui m’attendent cette année encore. Je garde de certaines visites d’EFS un très bon souvenir (j’avais une MF formidable, qui m’a vraiment aidée à trouver des solutions pratiques à mes difficultés) et d’autres un souvenir désastreux (avec la fameuse impression de ne pas faire assez ou pas assez bien en dépit de tous les efforts produits).

    Je culpabilise aussi vis-à-vis des collègues. Beaucoup d’amis T1 ou même plus expérimentés ont des postes plus difficiles que moi (zones plus difficiles, postes en remplacement, postes fractionnés, etc.). J’ai la chance d’avoir ma classe (à titre provisoire) dès la première année et, pour l’instant, rongée par la gestion administrative, la découverte de ce niveau nouveau pour moi, les préparations (pour 30 élèves dont 8 lecteurs très fragiles, un élève dyslexique, deux élèves en grandes difficultés en mathématiques) et la gestion de classe (les CM2 ne sont pas tendres entre eux !), je n’arrive pas à en profiter pour l’instant.

    Merci d’avoir pris le temps d’écrire cet article. Il aide vraiment à relativiser et je pense que je vais revoir mon organisation via ce filtre.

    Bonne journée !

    1. Ce que tu écris est à la fois terrible, et à la fois très courant. Figure-toi que j’ai éprouvé quelque chose de proche l’an passé. Peu malade heureusement, c’est ma fille de quelques mois qui l’était beaucoup. Quand j’étais à la maison avec ma fille, il m’arrivait de ne pas être « présente » et de ne penser qu’à une chose : quand est-ce que je pourrai enfin préparer ? Et quand j’étais à l’école, à chaque petit instant de répit, je pensais à ma fille qui me manquait et dont je ne profitais pas assez. Finalement, je n’étais jamais vraiment présente là où je me trouvais, avec ceux qui étaient avec moi physiquement. J’ai fini par réussir à retrouver un équilibre et je pense que toi aussi, tu vas pouvoir retrouver un équilibre.

      Tu peux travailler moins, à condition de travailler « mieux ». Plus d’organisation certes (mon bullet journal me fait gagner en efficacité) mais aussi moins de préparations inutiles (prends ce qui existe déjà, notamment les manuels, les méthodes, qui te feront perdre moins de temps que les blogs si tu as tendance à t’y perdre). Plus de souplesse : tout n’est pas urgent à la minute ! Certaines choses peuvent être moins bien préparées que d’autres. Avec des CM2 un peu pénibles, c’est essentiel que tu sois à ce que tu fais et surtout que tu (re)trouves le plaisir d’être là, avec eux, en pleine forme et disponible. Le conseil de classe t’aidera peut-être à mieux gérer les comportements.

      Enfin, je crois que tu auras pris dans cet article tout ce dont tu auras besoin. Tu pourras toujours y revenir. Je suis en tout cas ravie d’avoir pu t’aider un peu.

      1. Merci pour ta réponse !

        Je me reconnais très bien dans ta réponse. Il m’arrive souvent d’avoir la tête « à la maison » quand je suis à l’école, la tête « à l’école » quand je suis à la maison… et là tête aux deux quand j’essaie de dormir !

        Je suis également une adepte du bullet journal depuis plusieurs années. Je vois justement que je me désorganise et que je perds pied quand, comme en ce moment, je l’abandonne. Le motif principal d’abandon du bullet journal est, chez moi, « Il me fait me rendre compte que ce que je veux faire sur la journée est absolument impossible, que ce soit impossible ne m’arrange pas du tout donc je ne vais pas le remplir et prétendre que c’est parfaitement possible ». Déni, quand tu nous tiens !

        J’ai du mal à faire face aux exigences administratives, aussi. Par exemple, je n’ai pas encore toutes mes programmations (nommée le 29 août, j’en ai fait un maximum mais je ne les aurai toutes qu’après les vacances, clairement). Pareil, je suis loin du « deux fiches de préparation par jour ». En français et en mathématiques, je suis une méthode. Même si je ne la suis pas toujours à la lettre, je ne vois pas l’intérêt de tout retaper alors qu’il est si vite fait de glisser un post-it pour me l’indiquer. J’ai un certain nombre de rituels pour lesquels je ne me vois pas faire une fiche de préparation, etc. Je suis souvent tiraillée entre l’envie de respecter les demandes et l’ennui de travailler uniquement pour ma hiérarchie. Dès que j’en ressens le besoin (notamment en termes de gestion du temps), j’en fais une. Certains jours, je vais en avoir trois sans problème. Mais parfois, je ne fais que des révisions, du rebrassage et je n’en ai pas une seule.

        Je faisais des conseils de classe avec mes élèves l’an dernier et ça leur apportait beaucoup, à mon sens. Cette année, je n’ai pas encore pris le temps de me lancer. J’ai l’impression (peut-être fausse !) que mes élèves de l’an dernier, plus jeunes, étaient plus volontaires vis-à-vis de ce genre de dispositifs.

        En attendant, à partir de lundi et suite à un vote effectué en classe, je mets en place dix minutes de relaxation en début d’après-midi. Je les trouve très agités en revenant de la cantine et ça n’aide pas à passer de bonnes après-midis. Comme il se trouve qu’ils sont eux-mêmes demandeurs d’un temps calme à ce moment-là… j’espère avoir trouvé une piste pour apaiser la deuxième partie de la journée.

        Encore merci pour tout et bonne journée !

        1. Oh ben tu vois, pour les programmations, je ne les ai pas encore rédigées non plus ! J’ai aussi été nommée la dernière semaine d’août et c’était impossible. Bien malheureux celui qui tenterait de me culpabiliser sur la question. Je suis des méthodes, comme toi. On n’a aucune obligation légale d’écrire soi-même ses programmations, surtout quand on suit une méthode. Photocopie, place ça dans ton classeur du remplaçant (que je n’ai pas fait non plus encore) et hop ! Si tu es T1, tu es titularisée alors… souffle ! Tu n’as plus à travailler pour ta hierarchie. Le cahier journal n’est pas obligatoire (j’en ai un, mais très succin), et un grand nombre de documents ne sont pas obligatoire. Il faut le savoir et se défaire des injonctions impossibles à tenir. Je n’ai aucune fiche de prep pour mes rituels et très rarement pour mes séquences, uniquement si besoin. Bref, je ne suis pas forcément un exemple mais voilà, tu as bien raison de te concentrer sur ta classe. Tu verras pendant les vacances ce que tu arriveras à faire (pas tout !).

          Pour le temps de relaxation, est-ce que tu as vu mes exercices de gymnastique douce ?

          Pour le conseil, la démarche que j’ai mise en place cette année permet vraiment aux élèves d’adopter progressivement une autre posture. Les premières séances ne sont destinées qu’à s’encourager et se féliciter mutuellement. Au début, c’était assez superficiel mais on a précisé les exigences et ça fonctionne de mieux en mieux.

          1. Bonsoir !

            Merci pour cette nouvelle réponse. Pour ma part, je profite des vacances pour te répondre à mon tour.

            J’ai été visitée… le jeudi avant les vacances ! En dépit d’élèves agités, ma visite s’est bien passée. Avoir un œil extérieur sur ma classe m’a vraiment permis de me rassurer sur ce que je mets en place.

            Avec l’aide de mon mari, j’ai également mis en place un certain nombre de règles visant à rééquilibrer vie perso et vie pro (« pas de travail après telle heure », etc.). Cela m’oblige à nous donner du temps et mon rythme est bien plus sain.

            Je connaissais déjà ton article sur les exercices de gymnastique douce, merci. Je m’en suis d’ailleurs inspirée pour certaines séances. Je débute, je tâtonne, je vais voir au fur et à mesure ce qui fonctionne plus ou moins !

            Encore merci et bonnes vacances 🙂

          2. Merci pour ces nouvelles ! Eh oui : certains ne veulent pas créer de règles dans le privé mais je trouve que se poser des limites explicites est important. Après, on finit par réussir à lever le pied un peu plus facilement mais ça reste toujours un effort. Et pourtant, quand on se retrouve avec sa famille : quel bonheur ! Profite bien de tes vacances !

  25. Merci pour cet article
    Je suis T2 en remplacement long depuis septembre et je cogite bcp, à en perdre le sommeil, sur la qualité de mon travail, la peur de perdre la confiance des parents d’élèves et d’être en conflit avec eux (mon jeune âge fait qu’ils se méfient) , je doute quant à la justesse de ma notation…

    J’envisage la réorientation depuis 1 an malgré les bons côtés du métier.
    Lire cet article me permet de voir que je ne suis pas la seule à ressentir ces difficultés…

    Courage à tous 💪

    1. Débuter n’a jamais rien d’évident pour personne. On a tous fait nos erreurs et on est toujours sous pression, avec un regard porté sur notre travail de tous parts : parents, supérieurs, CPC, collègues, élèves… Difficile d’avoir l’air sûr de soi quand on doute sur tout ce que l’on fait. Je te conseille – et pas uniquement parce que je l’ai écrit 😛 – le livre « Un cadre serein dans sa classe, ça se construit ». J’y parle beaucoup de confiance en soi, d’être en accord avec ses idées, ses objectifs, donc être plus à même d’y voir clair, de gagner en sérénité dans sa pratique.

  26. Je te remercie pour ton témoignage et ton soutien. Je suis T1 et je me reconnais dans ce que tu dis. Il est très difficile pour moi de trouver le temps et l’énergie nécessaires pour enseigner correctement. Je suis toujours contraint de revoir à la baisse mes choix pédagogiques. Ajouté à ça les pressions institutionnelles et celles des parents… On n’est pas encore à la moitié de l’année que je suis déjà épuisé.
    Je travaille tout le temps : le week-end, les mercredis, les soirées, les vacances. On me dit qu’avec le temps j’aurais moins de travail à fournir, je sais pas si je dois y croire.
    J’ai pensé démissionner car je ne me vois pas continuer ainsi, en me tuant au travail. Mais je m’y accroche tout de même car j’ai ce métier dans la peau.

    1. Ce que tu écris est terrible, mais terriblement vrai aussi ! Parfois je réalise que je suis dans un tel état de fatigue que je ne me sens plus « être moi », « je tiens bon », même après quelques années. Mais tout de même, oui, les choses évoluent quand on commence à avoir sa classe, avec le même niveau (ou les mêmes élèves) sur plusieurs années. Alors, on voit sur le long terme et c’est tout de suite autre chose ! On s’accorde plus de temps pour être au point, on apprend de ses erreurs plus aisément.

      Si jamais tu ne l’as pas lu, je te conseille de jeter un oeil au livre que j’ai écrit « Un cadre serein dans sa classe, ça se construit ». Je n’y parle pas uniquement d’autorité et gestion de classe mais aussi de bien-être (du professeur !).

  27. Bonjour, merci beaucoup d’avoir écrit cet article. Je l’ai lu aujourd’hui où j’ai eu un soucis avec une élève qui allait mal et je n’ai pas su assez l’écouter alors que je pensais réellement avoir été disponible et à l’écoute. Voir tous ces conseils et ces retours d’expériences m’ont permises de « sortir » de ma culpabilité qui ne me lâchait pas aujourd’hui. Je suis T1 et je me sens trop souvent envahis par la culpabilité de ne pas assez bien faire, bloquée entre mes envies, le programme scolaire, les parents d’élèves et la réalité du terrain. J’ai toujours peur de mal faire, que mon influence sur eux ne soient pas idéale, que ma pédagogie ne soit pas la bonne et mes enseignement pas assez pertinents. Donc merci beaucoup de nous rappeler que l’erreur est humaine et que l’on apprendra à mieux faire. Il y a 1 heure de cela je cherchais des idées de nouveaux métiers, maintenant je vais, au final, retourner à la préparation de ma classe. Merci.

    1. Bonsoir,

      Merci d’avoir pris le temps de laisser ce message, pour moi et pour ceux qui, comme toi au moment où tu es arrivée ici, connaissent le doute, le découragement et la culpabilité. Il est tellement important de réussir à relativiser et à se défaire des sentiments négatifs qui nous paralysent. Si jamais tu cherches quelques conseils pratiques pour la mise en place du cadre en classe (pas uniquement du point de vue « autorité » mais aussi « gestion » au sens plus large, avec beaucoup de conseils pour ceux qui débutent, je te suggère la lecture de mon livre « Un cadre serein dans sa classe, ça se construit ». L’idée, c’est de réussir à rasséréner les élèves mais aussi soi-même, à être bien dans sa classe, à s’y sentir en confiance, en maitrise, à faire preuve de bienveillance envers soi-même.

  28. MaitresseAnonyme

    Bonjour,
    Merci beaucoup pour ton blog, découvert récemment, j’aime beaucoup, surtout les articles de réflexion comme celui-ci.
    Je suis T1 cette année et tout comme beaucoup de ceux qui commentent, j’ai connu les questionnements tels que: dois-je changer de voie ?? (Je pourrais me faire embaucher comme caissière…ah bah non je ne sais pas rendre la monnaie.)
    Contrairement à la majorité des personnes dont tu parles, je ne pense pas « en avoir fait trop » pour ma classe, au contraire. Dès l’année dernière (PES), je me suis retrouvée complètement perdue face à ce qui était exigé de moi, et à l’inverse je ne comprenais pas le « comment »: comment s’organiser, préparer sa classe, comment gérer les élèves… Avec néanmoins une grosse fatigue parce que mon école était éloignée et que j’avais beaucoup d’élèves. J’ai été titularisée sans être inspectée (merci le covid) et donc un peu par chance… Cette année encore malgré mon petit nombre d’élèves, j’ai bien « galéré » car tous ces éléments d’organisation, de préparation, de posture/confiance en soi n’étaient pas acquis. Gros coup de pression. J’ai craqué plusieurs fois, émotionnellement parlant j’étais au bout du rouleau, mais maintenant je vais mieux 🙂 !
    Je suis complètement d’accord avec ce que tu dis sur le sommeil etc. Je pense qu’il faut aussi se respecter, respecter son rythme et ce dont on a besoin pour être bien: j’ai des collègues qui travaillent énormément en terme de quantité, je sais que pour moi c’est impossible. J’ai arrêté de culpabiliser de ne pas passer mon mercredi ou mes vacances à bosser car je suis plus efficace en « butinant » une heure par ci, une heure par là avec d’autres activités à côté ! Comme quoi…
    Et puis aussi, une amie -pas du tout enseignante- m’a donné le conseil de « faire à ma sauce » pour les preps: programmation sous forme de carte mentale par ex… et ça fonctionne ! Et je pense que si on sait le justifier ça passe face à un inspecteur !
    Donc accepter d’avoir son propre fonctionnement, c’est essentiel (si qqn d’autre me lit 🙂 !)
    J’essaie aussi de continuer à me former via ce genre d’articles, des collègues, des livres… Le tien m’intéresserait bien 🙂 ! Je crois que je ne vais pas tarder à l’acquérir !
    Encore merci !!!!!

    1. Bonsoir et merci pour ce si long commentaire. Je pense que même ceux qui en font trop ont l’impression de n’en faire pas assez. C’est d’ailleurs ce qu’on a souvent l’impression d’entendre (à tort ou à raison) dans les retours qui sont faits des personnes nous « visitant ». Cela dit, peu importe, le tout est de trouver son équilibre. Il faut être bien dans sa classe mais aussi dans son quotidien. Les choix que tu fais me semblent judicieux et justifiés.

  29. Merci pour votre article ! Je me retrouve beaucoup dans ce que vous écrivez. Je débute (T1) dans un poste fractionné de quatre classes (CE2/CM2) en REP+ …. C’est plus que compliqué au niveau de la gestion de la classe et je pense déjà à la démission. J’ai eu 5 visites d’une CPC depuis le début de l’année qui je pense souhaite m’aider mais c’est tous le contraire car j’ai à chaque fois l’impression de mal faire : je dois être plus investie, je dois faire tous par moi-même, je dois être plus explicite, je dois faire mieux mon cahier journal (qui est déjà bien fourni) … J’ai du m’arrêter une semaine car je ne tenais plus avec toute cette violence, ces élèves plus que difficiles. Je n’ai pas l’impression d’être soutenue par la CPC voire de certains collègues qui disent que j’ai des difficultés mais qui ne me propose pas d’aide. Je suis tout de même rassurée par des collègues bienveillants qui me disent que mes classes sont difficiles et que je ne devrais pas lâcher.
    J’essaie de prendre du recul mais j’ai une visite pour bientôt (avec rapport) dans une des classe qui reste compliqué à gérer … l’angoisse, de se sentir à nouveau juger alors que je fais de mon mieux avec le peu d’expérience que j’ai. Aller plus que 4 mois avant la libération des grandes vacances et je l’espère un autre poste au mouvement !

    1. Bonjour,

      Je comprends ton sentiment. A vrai dire, même sans être en souffrance ma première année, j’avais aussi l’impression de ne jamais faire assez. A force de nous donner des pistes dans tous les sens, on finit par ne plus réussir à cibler des objectifs accessibles. Si tu penses que le problème consiste plutôt sur ta perception de la situation, ta façon de vivre ce qui t’arrive (ça a déjà été mon cas aussi), je te conseille le livre « Bien dans sa tête, bien dans sa classe« . Si tu cherches à définir des priorités, un plan d’action pour reprendre la main et aller plus sereinement dans ta classe, je te conseille le livre que j’ai écrit « Un cadre serein dans sa classe, ça se construit« . Ce livre a vraiment pour but d’aider à créer un climat de classe propice aux apprentissages mais aussi au bien-être de chacun, professeur inclus. Il est bourré de conseils pratiques, d’expériences concrètes et réelles, de fiches pour t’aider à définir ton plan d’action, etc. La lecture entière du livre devrait t’aider à te sentir mieux, même s’il ne reste que quatre mois.

      1. Bonjour,
        J’ai eu la chance de trouver cette tanière. Je ne suis plus T1 depuis 10 ans. Dès le début de ma carrière j’ai été parachuté en ITEP (élèves très difficiles au niveau comportemental) puis en Ulis. L’an prochain, j’ai demandé une classe ordinaire (quel nom étrange) et je te remercie vivement de ces conseils qui remontent le moral car je ne suis pas prêt à sacrifier ma vie perso. Je te rejoins dans le fait de s’organiser, se cadrer, se limiter, se donner un temps pour travailler à la maison. Et s’en tenir pour ne pas penser au travail quand on est avec sa famille/amis. Etre présent. Après, il y a le feeling, la petite voix intérieur, la conscience intime à chacun qui nous dit: ok, là ça va, lève le pied. Petite voix à écouter d’abord, puis à cultiver, à apprivoiser. C’est finalement une belle occasion de gagner en personnalité, en affirmation de soi (maintenant, c’est stop, même si le président de la république vient me dire de continuer à bosser).
        C’est simple et difficile à la fois car jamais acquis (et heureusement sinon ça veut dire qu’on est mort). Ce qui m’aide à moi, pour chercher l’équilibre, c’est de livrer mes états d’âme, mes idées, mes envies, mes impressions sur papier. Ca permet de prendre du recul et de mieux développer sa pensée (en tout cas pour moi car c’est un beau bazar dans ma tête parfois).Tenir un journal scolaire.
        Bref, je pourrais écrire toute la nuit mais ma petite voix me dit maintenant stop.
        Bravo et merci, encore et encore, de penser aux autres.

        1. Mes premières années, je n’avais aucune voix qui me disait de m’arrêter. J’ai dû la créer je crois, puis la nourrir. Plus tard, avec la grossesse puis un enfant, cette voix a gagné du coffre en quelque sorte ! Elle se serait imposée à moi de toute façon. La fatigue est beaucoup plus importante, le besoin d’être à ce qu’on fait aussi, de profiter du moment présent (on en a si peu pour soi 😛 ).

          Merci pour ton retour en tout cas. Merci d’avoir écrit tout cela !

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